Le quotidien des habitants de la commune montagneuse d'Erraguene-Souici est de plus en plus difficile. En effet, le patelin est dépourvu des conditions les plus élémentaires de la vie: moyens de transport, habitat, gaz et couverture sanitaire.
Nichée sur le mont Babor limitrophe à la wilaya de Sétif, ladite commune à l'instar de nombreux hameaux montagneux de la wilaya a été fortement touchée par l'exode des années 90: des écoles et des salles de soins fermées , maisons désertes et localités fantômes.
Rencontré devant la stèle érigée en hommage au commandant Hussein Rouibeh tombé au champ d'honneur le 11 novembre 1960 au lieudit Aïn Lebna, en compagnie de neuf de ses compagnons, un groupe d'habitants des localités de Mersaa et Aïn Lebna ont exprimé leur ras-le-bol quant à leur quotidien de plus en plus difficile en ces temps réputés pour leur froid glacial.
«Notre souci est l'enclavement quasi total de nos mechtas. Nous n'avons pas les réseaux téléphoniques de tous les opérateurs. On est coupé du monde extérieur», a pesté Omar.
La quarantaine entamée. Lui emboîtant le pas, Mohamed, jeune agriculteur habitant la localité de Aïn Lebna, nous a confié que, «l'achèvement de la 2e tranche des travaux de réhabilitation du chemin de wilaya reliant Mersaa relevant de la commune d'Erraguene à El Mechaki dans la commune de Texenna, en passant par la localité Hebelle sur une distance de 4 kilomètres, et ceux de la route reliant Erraguene à Aïn Sebt dans la wilaya de Sétif en passant par le hameau de Kerarta, et Erraguene à Babor en passant par les monts de Sidi Salah, constituent les préoccupations majeures de la population locale de cette région enclavée, dont une partie de ses habitants s'entassent toujours dans des gourbis, 60 ans après l'indépendance.
La misère est fortement ressentie ici, comparativement à d'autres localités de la partie Est de la wilaya, selon notre confrère de la radio locale Redouane Bouchenine.
Lors de notre virée à cette commune abritant le grand barrage destiné à la production électrique, nous avons constaté que la misère est maîtresse des lieux. Rencontré à la maison de jeunes Boureak Boudjemaâ, un jeune fonctionnaire communal nous a confié que la nature forestière du foncier au chef-lieu de la commune constitue une contrainte majeure qui empêche les citoyens de bénéficier des aides à l'habitat rural à cause de l'impossibilité d'avoir le certificat de jouissance, et d'inscrire des programmes de logements faute de terrain.
Une requête qui a été d’ailleurs soulevée par le président de l'Assemblée populaire communale au secrétaire général de la wilaya.
Notre interlocuteur a soulevé également le problème du gaz naturel et le déficit en moyens de transport en commun vers Jijel ou Ziama Mansouriah et El Aouana. Il y a seulement trois bus qui assurent le transport vers Jijel, l'un passe par Ziama Mansouriah, le deuxième par El Aouana, alors que le troisième transite par Selma et Texenna. Ce qui demeure insuffisant, de l'avis de nos interlocuteurs.
«Pour aller à Ziama pour régler des papiers ou vaquer à nos occupations administratives, on est contraint de se rabattre sur des taxis clandestins en payant 1.400 dinars la course», a affirmé Ammar Khellafi, interpellant le représentant du wali avec un langage franc et des propos sincères: «On a besoin d'un hôpital, il faut l'ouverture de la route reliant la région de Babor dans la wilaya de Sétif à Ziama pour revitaliser notre région. Je vous prie de transmettre mon message à qui de droit en haut lieu.»
Un message fort de ce paysan de la localité de Alaouacha qui nous a confié qu'il n'a jamais mis les pieds dans une école.
«Nous sommes en train de souffrir... chouffou fina», a-t-il conclu sur un ton d'impuissance.
Le cri de détresse de ce paysan résume, à lui seul, le quotidien des gens d’une région hors champ…
Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration: Le barrage d'Erraguene
Bouhali Mohammed Cherif
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Posté Le : 24/11/2023
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Bouhali Mohammed Cherif
Source : lesoirdalgerie.com du 15 Nov 2023