La nouvelle politique prônée par le sélectionneur national, Djamel Belmadi, se dirige vers la rupture avec l'option du tout professionnel qui remonte au temps de l'ancien président de la FAF, Mohamed Raouraoua.
Belmadi, qui a été international vers la fin des années 1990 et au début des années 2000, a connu l'époque de l'équipe nationale qui était un amalgame équilibré composé de joueurs locaux et professionnels. La sélection nationale était composée essentiellement de joueurs du cru, renforcée par des joueurs algériens qui évoluaient à l'étranger. Depuis quelques années, c'est le contraire qui se produit avec la présence excessive au sein des Verts de ceux qui sont généralement appelés les «binationaux». Il s'agit d'une stratégie bien planifiée par Mohamed Raouraoua à la faveur de ce qui est appelé la loi des Bahamas.
Raouraoua avait usé de toute son influence au sein de la CAF et surtout de la FIFA, lors du congrès de la FIFA tenu en 2009 aux Bahamas, afin de permettre à des jeunes joueurs (U21) ayant la double nationalité et ayant déjà été sélectionnés dans des jeunes catégories de leur pays d'adoption, de changer de nationalité sportive et d'opter pour la sélection de leur pays d'origine. Une option qui a permis à plusieurs jeunes joueurs africains évoluant en Europe et surtout en France de changer de nationalité sportive.
Cette loi a permis aussi à plusieurs pays africains de bénéficier des fruits de la politique de formation menée en France où plusieurs Maghrébins et joueurs de l'Afrique noire ont été formés et sélectionnés en jeunes catégories, sans qu'ils puissent être retenus par la suite au sein de l'équipe A (seniors) en raison de la forte concurrence et d'un grand choix de joueurs.
Grâce à la loi des Bahamas, les joueurs recalés ont pu changer de nationalité sportive. Raouraoua et l'Algérie ont profité et continuent de profiter de cette loi pour sélectionner de manière massive les «binationaux» qui avaient ainsi changé de nationalité. Il arrivait à l'équipe nationale d'évoluer avec 11 joueurs issus des championnats étrangers. Les joueurs locaux étaient dénigrés et stigmatisés, pour ne pas dire méprisés et accusés de ne pas fournir assez d'efforts. Il était aussi reproché aux clubs de ne pas former des joueurs d'où le niveau technique faible du championnat.
Il est vrai que les joueurs locaux manquent d'encadrement, mais cela ne pouvait pas justifier la politique du tout professionnel, qui avait profité à certains joueurs «binationaux» qualifiés de «mercenaires» pour avoir exigé une prime de signature à la FAF avant d'opter pour l'équipe nationale. Cette situation avait fait réagir Belmadi quand il avait déclaré qu'il ne sélectionnera jamais un joueur qui hésite à opter pour l'Algérie. Il avait aussi rappelé que lui-même n'avait pas hésité un seul instant à choisir l'équipe de ses parents et de son pays d'origine. Ce discours s'adressait en fait aux joueurs ayant marchandé, au temps de l'ancienne FAF, leur choix pour l'Algérie.
Aujourd'hui, Belmadi veut remettre les choses à leur place, ce qui explique aussi sa déclaration concernant l'acte de naissance, quand il avait dit que tout joueur disposant d'un S-12 sera sélectionné, sans prendre en considération le pays ou le club où il évolue. Cet état d'esprit devrait mener Belmadi de faire la rupture avec la politique du tout professionnel et de donner la chance aux joueurs locaux, comme l'avait fait le Bosnien Vahid Halilhodzic qui avait lancé Slimani et Djabou notamment, avant que son successeur, le Français Christian Gourcuff, ne démolisse tout ce qui a été entrepris dans ce sens.
Rabah Madjer avait essayé de réhabiliter le joueur local, mais ses choix étaient contestés dans la mesure où il avait fait appel à des joueurs en fin de carrière, ce qui n'est pas le cas de Belmadi qui assiste aux matches de championnat local et supervise lui-même les joueurs auxquels il fait appel. C'est lui-même qui établit la liste des joueurs et ne sélectionne aucun joueur qui lui est recommandé avant de le superviser.
Le résultat de la politique prônée par Belmadi est en train de donner ses fruits puisqu'il a créé cette dynamique chez les joueurs locaux qui se sentent concernés par la sélection nationale, ce qui les motive à s'affirmer et à fournir davantage d'efforts dans le championnat. Cette politique secouera aussi les professionnels qui se considéraient des titulaires indiscutables. Une situation qui profite en somme à l'équipe nationale.
Kamel Mohamed
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Posté Le : 30/12/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Kamel Mohamed
Source : Le Quotidien d'Oran du dimanche 30 décembre 2018