Algérie - Entretien avec le boxeur Mohamed Flissi (52 kg): «Je suis pour le report des JO-2020 de Tokyo»

Le boxeur international, Mohamed Flissi (catégorie 52 kg) qui a assuré sa qualification aux JO pour la troisième fois consécutive, est en passe de réaliser le meilleur parcours des pugilistes algériens. Vice-champion du monde à Kazakhstan, 3e mondial à Doha et 5e aux JO de Rio en 2016, Flissi, qui a fêté récemment ses 30 ans, reste l’une des valeurs sûres du noble art algérien. Dans cet entretien, il parle de la pandémie de coronavirus, ses répercussions sur le déroulement des JO-2020 et la préparation des athlètes.

- Tu es qualifié pour la 3e fois consécutive aux Olympiades, comment se déroule actuellement ta préparation pour les JO de Tokyo 2020?

Comme tous les sportifs algériens qualifiés pour Tokyo, la préparation n’est pas au top. A vrai dire, on fait presque de l’entretien sportif, en raison de la crise du coronavirus qui a touché plusieurs nations. Pour l’heure, la préparation est individuelle: chacun se débrouille à sa manière pour s’entraîner près de chez soi. De mon côté, j’axe mon travail sur l’aspect physique. Il faut dire que le cœur n’y est pas, vu que le coronavirus ne cesse d’allonger la liste des victimes algériennes. C’est triste. Le moral est au plus bas. On doit respecter le confinement comme tout le monde. La santé passe avant les Jeux olympiques.

- A quatre mois des Jeux olympiques, on peut dire que toi et tes coéquipiers qualifiés pour Tokyo êtes presque à l’arrêt. Pour cela n’est-il pas nécessaire de «confiner» également les sportifs dans un centre pour qu’ils poursuivent la préparation préolympique en présence d’un staff médical?

C’est vrai. La situation est embarrassante et difficile, non seulement pour les boxeurs, mais pour tous les sportifs qui vont participer aux Jeux olympiques du Japon. Le regroupement est une excellente idée, mais il faut offrir aux qualifiés pour Tokyo toutes des conditions, notamment les contrôles médicaux plus rigoureux. Une chose est sûre, il y aura des conséquences à tous points de vue. Certes, comme on dit les Jeux olympiques se préparent quatre années à l’avance. Mais cette période compétitive est importante, car les boxeurs ont besoin des tournois internationaux pour évaluer leur niveau avec les éventuels adversaires lors des Jeux. Au-delà de ces tournois, on a besoin de véritables sparring-partners.

- Dans ces conditions sans précédent, êtes-vous pour le report des Jeux olympiques, comme réclamé par plusieurs sportifs de renom?

Tout à fait. Je suis pour le report, car, je l’ai affirmé au début de l’entretien, il n y a pas de moral pour les Jeux. On est plus préoccupé par ce qui se passe actuellement chez nous, sachant que nul n’est à l’abri. C’est dire que la tension est énorme. Outre le fléau coronavirus, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Bernaoui, a tout fait pour briser ma carrière. Tout ça à cause de mes relations avec Mustapha Berraf et les membres du COA qui étaient dans le viseur de Bernaoui. Au point que ce ministre a déchiré mon diplôme d’entraîneur de 3e degré que je devais récupérer. Alors que certains n’ayant pas mon niveau ont obtenu ce même diplôme de la part de Bernaoui. C’est la triste réalité qui restera gravée à jamais dans ma mémoire.

- A quand la retraite sportive?

Inch’Allah, si tout va bien, je mettrais fin à ma carrière après les Jeux méditerranéens de 2021 qu’abritera la ville d’Oran. Je vais tout faire pour honorer l’Algérie devant le public oranais en lui offrant une médaille d’or. Je ne veux pas rater cette édition, surtout que j’étais absent aux précédents JM de Tarragone en 2018, en raison de blessures. Je vous avoue que si l’ex-ministre Bernaoui était en poste, je n’aurai pas pris part aux JM 2021.


Entretien réalisé par Nabil H.