La vente du charbon de bois est de retour sur la voie publique au vu et au su de tout le monde. Un produit qui suscite des controverses, surtout en cette période où les feux de forêt ont atteint des seuils alarmants. Aucune région du pays n’a été épargnée par les brasiers qui ont consumé des milliers d’hectares de nos plus belles forêts.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) -
À quelques jours de l’Aïd el-Adha, les vendeurs de charbon de bois envahissent la voie publique. Sur les trottoirs, aux alentours des marchés de fruits et légumes et sur les abords des routes nationales, des sacs en jute, en plastique ou en papier, pleins de charbon, sont exposés à la vente.
Il n’est pas d’ailleurs rare de trouver aussi les vendeurs de ce produit à proximité des lieux de vente des moutons et du foin. Utilisé pour les grillades, le charbon de bois est généralement proposé à la vente par des jeunes et des adolescents. La plupart de ces vendeurs à la sauvette investissent ce créneau à chaque fête de l’Aïd du sacrifice du mouton. Cette année, un sac en jute de 2,5 kg est cédé à 250 dinars.
Dénonçant cette pratique informelle, l’association El-Aman de protection des consommateurs déplore le silence des forces de l’ordre.
«Le charbon de bois est vendu sur la voie publique en toute impunité. Je me demande s’il s’agit d’un manque de moyens de la police et de la gendarmerie, ou bien si c’est un simple laxisme de leur part», regrette son président, Hacène Menouar.
Il estime d’ailleurs que toute personne qui vend du charbon de bois devrait normalement être interrogée sur la provenance de sa marchandise.
«Il est question de décourager toute mauvaise volonté d’abîmer une forêt pour produire du charbon», dit-il.
Le président de l’association El-Aman de protection des consommateurs rappelle que l’activité commerciale est régie par des lois, et que tout ce qui se vend hors le cadre commercial est interdit.
«Ce sont des personnes qui n’ont ni registre de commerce, ni ne sont autorisées à vendre sur la voie publique. Ce sont juste des vendeurs à la sauvette», fait-il remarquer.
L’Association des oulémas musulmans algériens a justement décrété une fatwa qui interdit l’acquisition du charbon destiné aux barbecues durant la fête de l’Aïd el-Adha. Cet avis juridique religieux stipule que «l’achat de charbon est actuellement illicite, car il est lié aux incendies volontaires qui consument le couvert végétal dans plusieurs régions du pays».
Il est clair que la fatwa de l’Association des oulémas musulmans algériens vise justement à barrer la route aux groupes de personnes qui n’hésitent pas à brûler des forêts entières pour pouvoir collecter et vendre du charbon à l’occasion de l’Aïd el-Adha.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hamdani, avait affirmé, pour sa part, que les incendies qui ont dévasté depuis le début de juillet près de 8.500 hectares de forêt, dont une majorité dans la wilaya de Khenchela, sont pour la plupart d'origine «criminelle», sous-entendu que quelque part, une mafia du charbon active.
Ry. N.
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Posté Le : 20/07/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Rym Nasri
Source : lesoirdalgerie.com du dimanche 18 juillet 2021