Les résultats
financiers du secteur des assurances ont connu une progression forte mais
inégalement répartie des bénéfices en 2010. La concurrence explique-t-elle les
fortunes diverses des compagnies ? Certains, en off, en doutent et mettent en
exergue une incohérence des chiffres. Pour eux, c'est justement la concurrence
qui fait le plus défaut avec le développement des pratiques déloyales et du
dumping. Bref, il y a du rififi, encore silencieux, dans l'air.
Les compagnies
d'assurance algériennes affichent en 2010 des résultats financiers fortement
bénéficiaires bien qu'en ordre dispersé. Le dernier rapport de la direction des
assurances du ministère des Finances relève globalement une rentabilité en
forte hausse avec des bénéfices qui atteignent au total 7,8 milliards de dinars
en 2010 contre 5,1 milliards en 2009 soit une augmentation supérieure à 50%. Toutes
les compagnies ne sont cependant pas logées à la même enseigne. Les marges les
plus importantes sont réalisées par la
SAA qui annonce plus de 3 milliards de dinars de bénéfice
loin devant ses consoeurs du secteur public, la CAAT et la CAAR dont les résultats atteignent néanmoins le
niveau respectable de 1,4 et 1,08 milliard de dinars.
Les compagnies
privées ne sont pas en reste. La
GAM annonce 370 millions de dinars de bénéfice talonnée par la
CIAR avec 360 millions et Alliance qui affiche un résultat de
198 millions de dinars. Dans ce palmarès, les progressions les plus
spectaculaires sont à inscrire à l'actif de Salama
Assurances dont le bénéfice progresse de plus de 350% mais aussi de la GAM, de Cardif
et de la SAA, poids
lourd du secteur dont le bénéfice a plus que doublé en 2010. Les raisons de
cette bonne santé financière d'ensemble se trouvent essentiellement dans la
progression de la marge d'assurance. La production globale du secteur, c'est-à-dire
en gros les primes encaissées, est en hausse de 6% à
un peu plus de 81 milliards de dinars tandis que les indemnisations
enregistrent de leur côté une diminution très légère (-1%) avec 35,6 milliards
de dinars versés par les compagnies à leurs clients.
LA LOYAUTE DE LA CONCURRENCE EN
QUESTION
Tout irait donc
pour le mieux dans le meilleur des petits mondes de l'assurance algérienne si
différents acteurs ne signalaient la persistance, voire même le développement
dans la période récente, des déséquilibres et des pratiques plus ou moins
déloyales qui ont caractérisé le secteur au cours des dernières années. C'est
d'abord la branche automobile qui est l'objet de toutes les attentions. Et pour
cause, elle est plus que jamais la locomotive du secteur et réalise depuis
l'année dernière plus de la moitié de son chiffre d'affaires. Le problème c'est
qu'elle absorbe dans le même temps la plus grande part des indemnisations. En 2010
près des ¾ des indemnisations versées aux clients étaient destinés aux
automobilistes. A l'origine de ce déséquilibre, certaines compagnies n'hésitent
pas à évoquer une guerre des tarifs faitent de
remises multiples et de pratiques de dumping qui les font parler d' «une
concurrence sauvage qui fait perdre au secteur de 5 à 10 milliards de dinars de
chiffre d'affaires». La situation de la branche se complique encore du fait de
pratiques disparates en matière d'indemnisation. Un cadre supérieur au sein
d'une compagnie privée s'interroge : «Par quel miracle, certaines compagnies, publiques
en particulier, peuvent-elles annoncer des indemnisations en baisse en 2010
alors que tout augmente fortement, aussi bien le nombre d' accidents, que le
prix de la pièce détachée ou les frais de personnel ?». Conclusion de notre
interlocuteur : «il serait temps que les autorités de régulation du secteur
commencent à se pencher sérieusement sur des pratiques qui faussent
complètement le jeu de la concurrence»
PERCEE CONTRARIEE POUR
LES COMPAGNIES PRIVEES
La branche
automobile n'est d'ailleurs pas seule en cause. On sait déjà que les compagnies
privées, à l'exception notable de la
CIAR, n'ont pas pu, faute de fonds propres, accompagner pour
le moment le mouvement de filialisation de l'assurance de personnes et les
augmentations sensibles du seuil du capital minimum qui lui sont associées. Les
inquiétudes exprimées par certains assureurs privés concernent désormais leur
possible marginalisation dans l'assurance des entreprises. Alors que les
risques industriels au sens large représentent près du tiers du chiffre
d'affaires du secteur, certaines sources ne craignent pas de parler ici aussi
de pratiques contraires à la concurrence en évoquant «la demande, formulée par
certaines banques publiques notamment, de voir leurs clients dans le corporate s'assurer auprès d'une compagnie publique dans le
sillage des rapprochements qui sont en cours dans la bancassurance». Exclues
des assurances de personnes, tenues à l'écart dans l'assurance des entreprises,
les compagnies privées ne sont-elles pas alors poussées de facto vers une
branche automobile qui représente déjà en moyenne plus de 60% de leur activité
et où règne la concurrence la plus sévère ? Le but étant, selon certains
d'entre eux, d'endiguer la percée qu'elles sont parvenues à réaliser au cours
des dernières années et qui leur a permis de réaliser près de 30% du chiffre
d'affaires du secteur.
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Posté Le : 17/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Taleb
Source : www.lequotidien-oran.com