Comment éviter une dégradation massive des aulnaies? Des chercheurs algériens tentent de trouver des solutions à travers des études afin de protéger les aulnaies dans la forêt algérienne.
- Quelle est la place des aulnaies dans le patrimoine naturel de l’Algérie?
Les aulnaies s’étendent sur le vaste éco-complexe humide de la Numidie algérienne (Nord-Est algérien) qui s’étend de la région d’El Kala (Tarf) à celle de Guerbes-Senhadja (Skikda). C’est un point chaud reconnu de biodiversité nommé Kabylie-Numidie-Kroumirie qui est un carrefour biogéographique majeur, car il réunit des éléments méditerranéens, tropicaux et euro- sibériens, ce qui leur confère une importance particulière en terme de conservation de la diversité génétique des espèces considérées. Ce sont des écosystèmes présentant une très grande richesse spécifique avec plus de 400 espèces, dont 25% d’espèces rares et espèces endémiques. Ce qui leur confère un intérêt patrimonial indéniable.
- Quelle est leur place dans la forêt algérienne et dans le Maghreb?
On estime à 2.500 ha l’étendue de l’ensemble des aulnaies en Algérie. Cette valeur est approximative, car à notre connaissance, et il faut le déplorer, aucune étude approfondie forestière ou universitaire n’a tenté d’établir un état de la situation. En dépit de leur importance pour la conservation de la biodiversité, elles n’ont été que très peu étudiées et le peu d’intérêt qu’elles suscitent est lié à celle des oiseaux d’eau qu’elles abritent.
- Dans quel état se trouvent-elles aujourd’hui?
Nos travaux ont montré que toutes les aulnaies prospectées sont dégradées. Elles subissent des défrichements illicites, des incendies volontaires, des pollutions d’origine diverses et des assèchements consécutifs aux pompages excessifs réalisés dans les nappes phréatiques et les cours d’eau dont elles dépendent étroitement. De ce fait et sans bénéficier de mesures spéciales de conservation, leur statut est extrêmement précaire et leur déclin rapide sous l’influence de ces perturbations anthropiques et des changements climatiques avec la diminution de la pluviométrie et l’augmentation de la température. Ces écosystèmes particuliers du bassin méditerranéen doivent rapidement faire l’objet de mesures de protection pour garantir la pérennité des cortèges floristiques exceptionnels qui les constituent, véritable réservoir de biodiversité. Leur protection nécessite de gérer les problèmes immédiats et d’enrayer, à court terme, leur régression en les plaçant sous le statut de Réserve intégrale qui y interdit l’accès et à plus forte raison l’exploitation de ses ressources hydriques et végétales.
Slim Sadki
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Posté Le : 14/04/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Slim Sadki
Source : El Watan.com du vendredi 4 avril 2014