Il s’appelle Djamel Hadj Aïssa.
Il a longtemps exercé comme photographe de presse. Mais sa passion pour les animaux, les oiseaux en particulier, l’a poussé à revoir ses plans. Il amorce ainsi un virage important dans sa carrière en passant de photographe de presse à photographe animalier.
Zoom sur un parcours atypique.
«J’ai eu la chance de prendre en photo plus de 270 espèces d’oiseaux jusqu’à présent», affirme Djamel Hadj Aïssa, non sans fierté.
Après une longue carrière, qui a débuté dans les années 90’ comme reporter de presse, Djamel Hadj Aïssa décide de changer de cap. Désormais, c’est la nature qui le fait vibrer.
«Je dois avouer que la pression du travail quotidien m’a saturé. La foule des gradins, son agressivité, les exigences continuelles des rédactions ainsi que la pression du calendrier m’ont poussé à me réorienter», confie-t-il.
Ainsi, depuis 4 ans, Djamel Hadj Aïssa sillonne le pays pour exercer sa passion pour la photographie animalière. Cette passion a débuté à l’âge de 15 ans, lorsqu’un ami de son père, photographe professionnel belge, lui a offert un appareil photo.
«Il est venu de Belgique passer quelques jours chez nous à Ghardaïa. A son départ, il a bien voulu m’offrir son appareil photo à condition que j’en prenne soin et que je fasse de belles photos avec! C’est à ce moment précis que j’ai eu le déclic. J’ai su que la photo allait rythmer ma vie et que je serai sans doute photographe», se rappelle-t-il.
Pour ce qui est de la photographie animalière, Djamel Hadj Aïssa avoue que c’est sa rencontre avec un ornithologue qui l’a encouragé à s’aventurer dans ce monde, en particulier celui des oiseaux, jusque-là inconnu pour lui.
D’ailleurs, il n’hésite pas à échanger avec les chercheurs et spécialistes et assure apprendre de manière continue en partageant ses œuvres photographiques. Si des animaux comme le lynx, le porc-épic, le serval, le loup doré ou encore le chat du désert sont mythiques et font fantasmer beaucoup de passionnés de la nature, y compris Djamel Hadj Aïssa, la majorité d’entre eux sortent chasser la nuit. Les prendre en photo exige donc un investissement complet, ce qui n’est pas à l’ordre du jour pour le photographe.
«Si je ne cours pas après ces animaux, c’est surtout par manque de temps. Mais cela ne m’empêche pas de les croiser de temps à autre en plein jour, dans une belle lumière», explique-t-il.
Si le passionné estime que tous les animaux méritent d’être photographiés, il est plus facile d’avoir dans son objectif un rouge-gorge qu’un guépard dans les massifs du Tassili. Pris par sa nouvelle passion, Djamel Hadj Aïssa y consacre la majorité de son temps. Il parcourt le pays, muni de son appareil et ne cesse, 4 ans après, d’être émerveillé par cette nature époustouflante.
«Je reste admiratif devant les paysages et la biodiversité dont jouit notre pays. L’Algérie compte environ 107 espèces de mammifères dont 47 sont protégées et 30 menacées de disparition. On dénombre aussi plus de 400 oiseaux dont une centaine qui sont protégés. Et ce patrimoine mérite d’être protégé», affirme-t-il.
Afin de faciliter sa mission et d’être plus productif et mieux organisé, Djamel Hadj Aïssa confie avoir créé, avec d’autres photographes passionnés, un groupe sur Facebook intitulé: «Les oiseaux d’Algérie, le monde de la vie sauvage en Algérie, To save Wildlife in Algeria ».
«Dans ce dernier, on échange et s’entraide dans l’identification de différents oiseaux, mais cela nous permet également de mieux nous organiser pour nos sorties en groupe qui nous facilitent au passage de faire la rencontre d’autres photographes, connus ou pas, sur la Toile», explique-t-il.
Pour ce qui est du choix du site, Djamel Hadj Aïssa assure qu’il est souvent défini par rapport aux migrations des oiseaux ou à la découverte d’un animal ou d’un oiseau rare par un des photographes.
- Inventaire
Et c’est au parc national d’El Kala, le plus vaste parc naturel du nord de l’Algérie, que Djamel Hadj Aïssa assure avoir pris le plus de clichés. D’une superficie de 8.000 hectares, ce parc, refuge de milliers d’oiseaux migrateurs, constitue un «studio à ciel ouvert» parfait pour le photographe.
«Il y a aussi la région des Aurès et l’extrême-ouest du pays, qui sont un passage migratoire des oiseaux par excellence, ils ont été de parfaits spots pour moi», ajoute-t-il.
Si tous ces clichés sont beaux et jouissent d’une touche artistique propre au photographe, Djamel Hadj Aïssa assure néanmoins croiser quasiment à chacune de ses sorties des animaux blessés ou morts. Mais notre photographe à la fibre écolo a fait le choix de ne pas les exposer sur ses réseaux suivant une ligne éditoriale bien définie: n’exposer que la beauté qu’offre la nature de notre pays.
«Je prends, certes, des photos et vidéos de ces animaux, mais je ne les partage qu’en privé avec des chercheurs et étudiants», précise-t-il.
Question inventaire, Djamel Hadj Aïssa est assez fier du sien.
«L’inventaire fait partie intégrante de ma passion. Il instaure aussi une sorte de compétition amicale entre nous photographes. Je salue d’ailleurs mes confrère Khaled Ayache, Mourad Harzallah, Aimene Boulaoued et Salah Telailia qui ont dépassé la barre des 300 espèces d’oiseaux», explique-t-il.
En termes de difficultés auxquelles il fait face dans l’exercice de sa passion, Djamel Hadj Aïssa pointe du doigt les chasseurs amateurs, dépourvus de permis de chasse, qui représentent un réel danger pour eux.
«Il faut savoir que l’utilisation des jumelles est interdite chez nous. Ce qui complique quelque peu notre travail, car cela reste un outil très utile qui faciliterait l’observation des animaux», poursuit-il.
De sa passion, Djamel Hadj Aïssa n’arrive toujours pas à en faire son métier. Mais ce dernier ne se décourage pas pour autant et continue de s’investir pleinement, que ce soit en termes d’énergie fournie ou de moyens personnels engagés.
«A l’heure actuelle, je suis encore au stade d’enrichir davantage ma banque de photos et de vidéos en attendant de rencontrer des gens qui s’intéressent à mes clichés ou au moins nous sponsorisent, mes amis photographes et moi, dans nos différentes sorties et recherches», conclut-il.
Par Sofia Ouahib
souahib@elwatan.com
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Posté Le : 15/01/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Sofia Ouahib
Source : elwatan.com du jeudi 14 janvier 2021