Algérie

Algérie, dialogue entre Christianisme et Islam - Mémoires et notes 1900 à 1974 de Jeanne Scelles-Millie (Mémoires) - Éditions L'Harmattan, Paris 2003



Algérie, dialogue entre Christianisme et Islam - Mémoires et notes 1900 à 1974 de Jeanne Scelles-Millie (Mémoires) - Éditions L'Harmattan, Paris 2003
A contre-courant de l'idée d'un choc de civilisations

Le livre "Mémoires et notes, 1900 à 1914", de Jeanne Scelles-Milie, édité à l'occasion de "Djazaïr, une Année de l'Algérie en France", se place à contre-courant de l'idée largement véhiculée sur un présumé choc de civilisations, estiment des critiques littéraires parisiens.

Jeannes Scelles, issue d'une famille de pieds-noirs, d'origine alsacienne, a, en compagnie de son mari Jean, mené un long combat pour rapprocher les communautés musulmane et chrétienne de l'époque coloniale.
Après avoir été la la première femme française diplômée d'architecture, puis verser dans le journalisme engagé entre 1924 et 1957, Jean Scelles fonda, avec son mari, le quotidien La presse libre, pour donner une voix à la communauté musulmane et contribuera à la promotion du journal La voix des humbles, fondé par un instituteur, Saïd Faci, et dans lequel collaborèrent Ahmed Boumendjel et Jean Amrouche.
Dans son édition de septembre 2003, le mensuel "France-pays arabes, Eurabia", rapporte que Jeanne Scelles a joué un rôle actif dans "l'ouverture d'écoles confessionnelles musulmanes, les "chabiba", avec des oulémas algériens" et que des recherches sur le folklore méditerranéen lui ont permis de "montrer l'origine commune de contes des rives nord et sud de cette mer que les Arabes comme les Romains, appellent la mer du milieu.
L'intense activité de proximité que mena Jeanne Scelles auprès de la communauté musulmane l'amena à suivre les réunions du "Cerle du progrès" avec cheikh Tayeb El-Okbi, "qu'on appela, un temps, le Bossuet de l'Islam".
Selon "Eurabia" dans un article intitulée "Algérie : dialogue entre christianisme et islam" de C.L, avec cheikh, Okbi que le couple Scelles fonda "l'Union des croyants monothéistes et les Scouts musulmans dont "les uniformes étaient fabriqués par une école des filles de la "Kheiriya", association caritatitive destinée à scolariser les filles".
En plus de son activité de journalisme, notamment, en collaborant avec des journaux algériens édités en langue nationale, dont "El-Difaâ", du Dr Lamine Lamoudi, "El-Adl" du Dr Ben Houra, "El-Islam" de cheikh El-Okbi et "El-Maghreb El-Arabi" du cheikh Tahiri, Jeanne Scelles écrivait de nombreux contes "montrant ce que le folklore français a emprunté au sud et à l'est de la Méditerranée".
La critique littéraire relève par exemple, le cas des contes "d'Aucassion et Micolette" "qui ne sont en fait que la transcription des contes "d'Aboulqassis".
Parmi les contes de Jeanne Scelles, on relève "Contes sahariens du Souf" (1964), "Contes arabes du Maghreb" (1970), "l'Arbre de vie dans le folklore maghrébin" (1970), "Contes mystérieux d'Afrique du Nord" (1972), "Traditions algériennes" (1979), et "Paraboles et contes d'Afrique du Nord" (1982). "Les Mémoires" de Jeanne Scelles, qui fournissent, en annexe, la bibliographie de ses ouvrages, indiquent qu'elle a également publié diverses études sur le monde musulman dont "Les grands textes œcuméniques dans le Coran", "Marie et l'Islam", et "Pierres d'attente entre christianisme et islam".
Maîtrisant parfaitement la langue arabe, Jeanne Scelles est une disciple du professeur Louis Massignon avec lequel elle contribuera à développer "le pèlerinage des Sept dormants d'Ephèse, en Bretagne, dans la région de Saint Brieuc. Il s'agit d'un dolmen inclus dans l'église du vieux marché. Dans la crypte, étaient vénérés ces sept saints qui sont reconnus dans le Coran et aussi dans la tradition chrétienne".
C.L d'Eurabia rapporte que, "le quatrième dimanche de juillet, un rassemblement de musulmans, venus de Rennes, et de chrétiens célèbres cet événement miraculeux, d'abord par une messe en langue arabe, puis par la lecture de la sourate coranique des Sept dormants près d'une source dans laquelle on découvre une pierre plate ayant sept trous".
Un autre article, paru dans le même mensuel de septembre 2003, rappelle que le Coran (sourate El-Kahf (La Grotte), verset 8 et 25 donne des précisions sur les dormants sans en mentionner le nombre.
Cette sourate, dans la tradition musulmane est lue lors de chaque prière du vendredi. Selon le même article, c'est cette sourate qui a fait que "tout le Proche-Orient chrétien, puis islamisé, célébra le culte de ces courageux jeunes gens" qui, persécutés, furent sauvés par la Grâce divine en dormant plus de deux siècles avant de réveiller, sains et saufs, dans une autre époque.
"Les relations anciennes entre la Bretagne et la Méditerranée orientale conduisirent certaines églises en France, à les adopter comme saints tutélaires", précise le même article.
C'est la dimension universelle de cette coutume, inspirée du Coran de Louis Massignon, un homme d'église catholique qui fut "influencé par ses amis musulmans qui le sauvèrent en Irak d'une condamnation par les autorités turques d'alors", et sa disciple Jeanne Scelles ont tenté de vulgariser pour rapprocher les deux communautés.
"Jeune Scelles, et son mari nous manquent aujourd'hui pour évaluer de manière profonde, plus culturelle, ce que d'autres appellent un choc de civilisations", écrit le critique littéraire d'Eurabia en estimant que "Djazaïr, une Année de l'Algérie en France", donne l'occasion de souligner les rapports de fraternité, de dialogue, de compréhension entre deux communautés.
Le livre de Jeanne Scelles le montre particulièrement, et à une période où on ne l'attendait pas".


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