L'Association des
Banques et Etablissements Financiers (ABEF) a diffusé le 16 octobre 2011 une
note aux responsables des organisations patronales présentant dans le détail le
«mécanisme de retraitement de l'endettement des entreprises en difficulté». La
note détaille le mode d'emploi d'un dispositif à caractère subventionnel, sans
bureaucratie, qui apporte une réelle bouffée d'oxygène aux entreprises sans
contreparties draconiennes.
C'est une
description précise du mode opératoire par les banques des rééchelonnements de
crédits dont le principe avait été arrêté et développé par les «Tripartites» du
28 mai et du 29 septembre 2011. La procédure, très généralement formalisée, se
caractérise par une relative flexibilité, offrant aux banques une grande
latitude dans la prise en charge des entreprises en proie à des difficultés de
remboursement de leurs crédits. Le spectre d'activité des opérateurs éligibles
au rééchelonnement soutenu par le Trésor public est large, seules sont exclues
de cette opération les entreprises de commerce spécialisées dans la revente en
l'état de marchandises. Les préalables à l'étude du dossier présenté par
l'entreprise sont de bon sens et n'impliquent pas une bureaucratisation de
l'approche. Il s'agit en effet pour le demandeur d'envoyer un courrier à sa
banque appuyée par un plan de redressement. De son côté, la banque doit
produire une étude de viabilité de l'entreprise, évaluer son potentiel
d'évolution et les perspectives du marché sur lequel elle intervient. Les
crédits non performants des banques constituent l'assiette du rééchelonnement
susceptible d'être accordé à l'entreprise demanderesse. Ces crédits sont ceux
classés en catégories C1, C2 et C3. Il s'agit en l'espèce de créances douteuses
ou pré-litigieuses, les créances contentieuses –
«définitivement compromises» dans le jargon en vigueur - quant à elles sont
exclues de l'assiette potentielle de restructuration. Le régulateur précise
toutefois que les créances de type C1, celles qui présentent un risque
potentiel de défaut, ne sont intégrées au dispositif que si elles sont
composées d'au moins 50% de crédit d'investissement.
BOUFFEE D'OXYGENE AUX
ENTREPRISES DEFAILLANTES
D'une manière
générale, la note d'application de l'ABEF, qui
signale que les conventions-types de rééchelonnements ont été modélisées par
les banques, confirme les caractéristiques des rééchelonnements. La durée
maximale du nouveau crédit est de dix ans assortie d'une période de grâce
maximale de cinq ans durant laquelle les intérêts courants seront pris en
charge par le Trésor. Cet aspect «subventionnel» représente une très généreuse
bouffée d'oxygène consentie à des entreprises défaillantes. Les intérêts et
autres commissions non perçues par les banques du fait de la défaillance des
entreprises bénéficiaires du nouveau dispositif sont regroupés dans un compte appelés «Agios réservés». Ces agios en souffrance seront
effacés et intégralement pris en charge par le Trésor public sauf pour les
entreprises ayant déjà signé des accords de restructuration avec leurs banques
avant la promulgation du dispositif de rééchelonnement avec soutien de l'Etat. En
échange de l'effort consenti par les pouvoirs publics, les entreprises doivent
seulement – et c'est bien le moins que l'on puisse attendre – se dispenser de
distribuer des dividendes pendant la période de rééchelonnement. Elles doivent
domicilier l'intégralité de leurs opérations bancaires auprès de la banque qui
a mis en place l'opération et n'envisager de nouveaux investissements qu'après
accord de leur banquier.
DIFFICULTES
FINANCIERES ET LACUNES MANAGERIALES
Ces engagements
sont loin de constituer une contrepartie draconienne à un soutien très
significatif de la part de l'Administration. Dans les faits, outre
l'allongement de la période de remboursement, le dispositif de rééchelonnement
offre la possibilité aux entreprises en difficulté de retrouver des équilibres
et d'améliorer leurs performances durant une période de cinq ans au cours de
laquelle le fardeau de leur endettement est entièrement supporté par le
contribuable. Sur le papier, la démarche semble intéressante. A la condition
que tous les acteurs jouent le jeu et que les banques, au cœur du dispositif, acceptent
de soutenir de manière proactive des entreprises dont les difficultés
financières sont le plus souvent la traduction de criantes lacunes managériales.
La dynamisation et la modernisation du secteur des PME sont à ce prix.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Said Mekki
Source : www.lequotidien-oran.com