Des échantillons de plusieurs boissons et jus algériens ont été soumis à des analyses dans un laboratoire étranger. Les résultats viennent d’être remis au ministère du Commerce. Sans surprise, nous consommons du poison…
«Présence de résidus de pesticides, variation des taux de sucre et un pourcentage de sodium élevé», ce sont les premières conclusions de l’enquête menée par l’Association de protection du consommateur de la wilaya d’Alger (Apoce) sur près d’une dizaine de marques de boissons algériennes.
L’Apoce a envoyé des échantillons de plusieurs marques de jus de fruits et boissons gazeuses pour analyse dans un laboratoire international qui possède une filiale en Tunisie. Mustapha Zebdi, président de l’Association raconte: «C’est en début d’année que l’on s’est penché sur la question des additifs alimentaires chimiques.
Etant donné que tout le monde sait que les boissons sont les plus concentrées en additifs alimentaires, nous avons décidé de les analyser.»
Cette analyse portait sur la recherche d’aspartame, de résidus de pesticides et d’additifs alimentaires.
«Il nous a été difficile de faire une analyse des résultats, car nous n’avons pas réussi à avoir un avis tranché et unanime sur certains», confie M. Zebdi.
Alors que selon une récente étude publiée dans la revue américaine Circulation les sodas et autres boissons sucrées provoqueraient jusqu’à 184.000 morts par an dans le monde, les spécialistes algériens trouvent ce chiffre «logique», à l’image du nutritionniste Tewfik Loucif qui affirme que «ces boissons sont à l’origine de nombreuses maladies telles que le cancer, des maladies cardio-vasculaires».
Le spécialiste pointe d’ailleurs du doigt les ingrédients de ces jus et boissons gazeuses qui contiennent notamment de l’acide phosphorique, de l’acide citrique et un taux élevé de sucre.
Ce dernier va encore plus loin en affirmant que ces boissons sont à l’origine «des troubles de reproduction dans les familles algériennes».
Autre problème de ces boissons: les bouteilles en plastique.
Selon M. Zebdi, «si les bouteilles sont en matière première non recyclée et si leur transport et stockage se font dans les normes, elles peuvent être utilisées. Mais, malheureusement, cela n’est pas respecté et peut engendrer de multiples maladies».
En effet, à voir le mode de transport de ces boissons qui se fait généralement en période de grandes chaleurs dans des camions qui ne sont pas munis de protection, cela favorise la dégradation des bouteilles.
Explication: cette surexposition à la chaleur va induire une certaine décomposition des polymères et monomères et provoquera le mélange de ces composants avec la boisson.
Le consommateur va ainsi boire une substance chimique dont le cumul provoquera une toxi-infection alimentaire chronique et favorisera l’apparition de maladies cancéreuses.
Le nutritionniste partage cette opinion et affirme: «Ces bouteilles en plastique contiennent du pysthenol, une matière toxique et chimique qui constitue un facteur de risque sur la santé des individus.»
Toujours selon notre interlocuteur, «les sachets en plastique contiennent eux également cette matière chimique, voire plus que dans les bouteilles.»
Le médecin conseille d’ailleurs de ne pas acheter ces produits qui «ne sont pas conservés au frais et qui sont vendus en plein air».
Un des produits phares du mois sacré, la cherbet, est souvent vendu dans des sachets plastique exposés en plein air. Ce produit de grande consommation n’a pas que des partisans. En effet, ses détracteurs sont nombreux, souvent il s’agit de citoyens lambda.
Mohamed de Boufarik met en garde: «Je suis de Boufarik et je vous déconseille la cherbet, car elle constitue un danger pour la santé.»
Meriem le soutient et affirme: «Premièrement, l’eau n’est pas distillée, et les sacs en plastique sont dangereux et provoquent de nombreuses maladies, donc il faut éviter d’en boire.»
Hakim, un Algérois de 27 ans va plus loin et témoigne: «Ce poison est préparé dans des baignoires pour obtenir de grandes quantités. A vos risques et périls !»
Belkacem, un autre Algérois de 35 ans confie: «Pour moi, les gens qui consomment ce produit se font du mal ainsi qu’à leurs familles. C’est facile de le préparer, il suffit d’acheter une bouteille de sirop arôme citron, ainsi qu’un kilogramme de citron et l’eau.»
Pour sa part, l’ Apoce met en garde: «La cherbet est tout aussi nocive pour la santé que les autres boissons. Elle est composée d’eau, beaucoup de sucre, d’acide citrique, de colorant, une tranche de citron pour faire croire que c’est du jus de citron, et surtout il est préparé dans des conditions sanitaires douteuses.»
Par ailleurs, les résultats émanant du laboratoire tunisien sont aujourd’hui entre les mains du ministère du Commerce, «qui devra prendre les mesures nécessaires en cas de non-conformité. L’Association de protection du consommateur de la wilaya d’Alger fait confiance aux autorités pour corriger tout problème qui peut nuire à la santé du consommateur», conclut Mustapha Zebdi.
Sofia Ouahib et Ryma Maria Benyakoub
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Posté Le : 11/07/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Sofia Ouahib et Ryma Maria Benyakoub
Source : elwatan.com du vendredi 10 juillet 2015