La phoéniciculture relevant du patrimoine national et plus spécialement du territoire sud-est, où la deglet nour, par sa prédominance, constitue le poids économique de l’activité datte à l’échelle régionale.
Connaissant ses débuts sur des palmeraies avec les acheteurs sur pied et se propageant entre souks locaux, manufactures domestiques et transactions régionales plus larges, la filière historique et actuelle, tant du point de vue structure que des préoccupations (mercantiles), se caractérise par un certain rapprochement et mise en place de coopération d’acteurs communautaires de filière produit directe.
- Production (agro-système) => produit brut.
- Négoce/récolte : acheteur sur pied => produit brut et intermédiaire.
- Entrepositaire : mandataire marché local => produit semi-fini.
- Transporteur-livreur : transfert interzone et région => produit tri et agrégation.
- Conditionneur => produit élaboré et fini destiné à l’ export.
- Collecteur-stockeur sous froid => produit destiné au Ramadhan.
La spécificité dictée par la notoriété de la datte en tant que produit frais «condition nature» connaît une exceptionnelle apparition de «village industrie», où une multitude de petits ateliers d’agrégation font surface et procurent du travail, durant la campagne, à une main-d’œuvre désœuvrée le reste de l’année.
L’activité datte par la proximité, les marchés et l’insertion de la filière à l’échelle régionale de production, répond, malgré les critères de diversité liés aux caractéristiques des intervenants, à une synergie entre activités de service diverses et enchaînement de processus. La dynamique des intervenants dans les zones de production, la proximité des centres de collecte et de distribution où s’activent et s’entremêlent la plupart des fonctions productives des marchés de la filière, sur lesquelles s’articule l’ensemble des actions économiques, commerciales et financières pour créer une synergie entre acheteurs, qui pour le même produit, la même activité et la même région semble révéler la notion de dynamique, à valeur ajoutée.
Une qualité indéniable
La datte deglet nour est un produit typique, dont la qualité et le caractère sont essentiellement et exclusivement dus au milieu géographique (agro-pédologique) derrière lequel se cache «la reconnaissance et la présence d’un système industriel territorialisé, à avantage compétitif sur les marchés internationaux» par l’élaboration finale du produit.
La tradition existe par culture ancestrale du palmier, sa transmission de génération en génération, le savoir-faire y est local et représente une dimension non négligeable (territoire et variétés), pour lesquels les contraintes sont contournées, dépassées pour les retombées socio-économiques qu’elles procurent, et y sont exercées par complémentarité entre formel, informel et structuré dans une vision de démultiplication propre au Sud et à sa structuration sociologique.
Ce qui fait défaut, ce sont les méthodes d’identification et de transfert des meilleures pratiques industrielles, qui résident dans la contribution intelligente des technologies existantes à incorporer dans la chaîne produit pour répondre aux besoins de nouveaux clients. Pour cela, il faut introduire des méthodes qui assureraient le pilotage intégré des activités de production et assurer le service (cycle de vie du produit) par l’ingénierie et la logistique. La datte est une activité qui ne nécessite pas de haute technologie et encore moins attendre un transfert de celle-ci.
L’avantage de la production dattière algérienne réside dans la business-organisation qui se résume comme suit : triptyque: produit/production/organisation. Garder la maîtrise des connaissances de production. Créer des conditions de maîtrise de connaissances nouvelles en innovant (pour être plus compétitifs). Mettre en synergie les acteurs agissant dans la filière pour une meilleure plus-value en Algérie. L’atout que possède le pays, c’est à travers les cultivars deglet nour et leur prédisposition aux traitements industriels.
Si Tolga dispose d’un produit noble, la branchette, ce produit extra n’existe en réalité que sur deux micro-zones (Sidi Gubelsi et Gharbia), cette dernière quantitativement limitée n’intéresse l’export que pour les fêtes chrétiennes et le Ramadhan et son prix sur le local est plus attractif qu’à l’international. Par contre, les plus importants en tonnage se trouvent être localisés dans les zones de oued Righ à El-Oued et Ouargla, auxquels s’ajoutent d’autres variétés qui peuvent être traitées (par réhydratation) tafezouine, ghars, dans la zone et H’mira provenant du Touat (Timimoune, Adrar), faisant intervenir technologies innovantes, produit et marché, logique de connaissance, savoir-faire et positionnement «un cheval de bataille pouvant être présent toute l’année». Innover est un critère de vente, se positionner et perdurer en est un autre. L’analyse de proximité nous amène à l’innovation et la recherche développement et l’intégration du tissu local de ces institutions scientifiques, dont la proximité géographique permettrait aux réseaux locaux industriels de bénéficier de réseaux de connaissances qui par la relation directe facilitatrice (colloques/rencontres) constituerait le support de coordination, organisation et formation.
Accompagner le système productif local
Le caractère de la connaissance, rendue publique, permet sa transmission aisée au sein du système économique, polarisé et où la logique d’appartenance et de similitude s’exercerait. Créer la combinaison dans l’espace des entreprises et des centres, formation, unité de recherches autour d’un métier «la datte» pour accompagner le système productif local dans l’optique logique de complémentarité et d’ entrepreneuriat pour atteindre la compétitivité internationale et satisfaire le local. Ancrer la spécialisation poussée autour d’un métier pour le produit «datte», la maîtrise, l’apprentissage et l’adaptation pour une attitude constructive, progressiste en encourageant les projets innovants et les mener à bien, ciblant et orientant les thèmes de recherche à vulgariser, mettant en réseau les acteurs locaux, détectant le savoir-faire (détenteurs de champs d’application).
Mutualisant les moyens et savoir-faire, étudiant le marché et mettant en place la logistique adéquate. L’Etat doit soutenir le développement des systèmes locaux par la création des conditions d’attrait et d’intégration des connaissances de production et de comportement coopératif et d’alliance (Etat/privé), une dynamique basée sur un intérêt commun. Pourquoi ne pas rechercher l’intégration géographique protégée construite par les acteurs avec leurs compétences dans une cohésion territoriale et une optique relationnelle en vue d’une plus-value locale?
L’ouverture à l’international, par démarches innovantes, adaptées où l’auto-contrôle doit exister et maintenu pour s’adapter et accompagner la demande et la croissance à travers lesquels le marché consommateur joue un rôle crucial et mérite suivi. Il n’y a rien à inventer pour la datte, seule la normalisation par des cahiers de charges où l’Etat doit jouer un grand rôle pour l’encadrement de l’entrepreneuriat par l’ingénierie de qualité dans un cadre régi par l’organisation et le cadre législatif. Equiper des entreprises de services, publiques ou privées, en permettant financement et subvention pour des acquisitions des moyens à mettre en œuvre pour un suivi du marché (système de qualité, gérant les processus) et les assurant au regard de la santé publique et exigences normatives des marchés à l’export.
Au niveau de la production, le milieu est menacé par les excès d’irrigation qui ont été accentués par les eaux urbaines, et ou une plus grande attention doit être apportée à l’assainissement et à la gestion de l’irrigation. L’eau étant un facteur limitatif (en excès, en manque, ou trop chargée) pour la production et la productivité et la salinité des eaux affecte carrément la grosseur des fruits.
L’agriculture régionale, et à travers elle la datte, doit coexister comme gestionnaire de l’espace rural et devenir composante d’un réseau d’acteurs économiques fortement innovants dans la branche d’activité principale où la réciprocité et l’appartenance à un même milieu a créé, au fil des temps, une coopération entretenue par des contacts personnels, qu’il s’agirait de structurer pour permettre son évolution en tant que cadre institutionnel dans une dynamique entrepreneuriale, qui serait un levier pour la production et l’industrie (réseau humain) au standard de qualité, production et industrie. C’est ce que l’on appelle, de nos jours, la polarisation autour de la science, où les PME peuvent établir des liens privilégiés avec les institutions de recherche et deviennent des atouts majeurs de production, de connaissance et d’attrait, au regard du standard international.
C’est la collaboration locale des institutions universitaires, impliquées dans une synergie sur des territoires, où un entrepreneuriat dynamique et réformateur, qui peut assurer la durabilité croissance et une valeur ajoutée.
Le système marché/acteurs, étant directement confronté à l’offre et à la demande où informel, formel et structuré (Conseil national interprofessionnel de la datte) qui se disputent le leadership de la deglet nour, devient complexe, depuis quelques années, par l’activité «stockage au frigo» venu se greffer à l’interface collecteur de récoltes et commerçants grossistes, perturbant le marché en créant une raréfaction du produit «branchette» ne permettant plus aux exportateurs de se situer dans l’échelle de valeur de la filière datte et continuent à rechercher leur positionnement parmi les acteurs.
Contribution de Ammar Djennane : agronome
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Posté Le : 30/11/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: D . R. ; texte: Contribution de Ammar Djennane
Source : El Watan .com du mercredi 28 novembre 2012