De nombreux sites, vestiges et monuments patrimoniaux ont bénéficié d’opérations de restauration à travers le pays. Mais il y a restauration et restauration.
On avait commencé au début des années 1980, dans la foulée de la promulgation de la loi 98-04 sur la protection du patrimoine, par faire appel à des entreprises étrangères pour restaurer quelques sites. L’Algérie ne comptait pas de spécialistes en restauration. Mais bien vite on se rendra compte qu’«étranger» ne veut pas forcément dire «professionnel». Le Bastion 23 est un exemple de ces restaurations qui n’en sont pas.
Une véritable arnaque. D’autres existent à travers le territoire.
Le ministère de la Culture sera par la suite plus regardant et rigoureux sur le choix des partenaires étrangers. Pour certains chantiers, on privilégiera les nationaux.
Là encore, on se fera posséder. Les entreprises qui avaient pris en charge l’opération délicate de restauration, exigeant une maîtrise avérée de techniques et procédés particuliers, n’étaient en fait que des entreprises de bâtiment qui utiliseront ciment et plâtre là où les liants et enduits originels devaient être analysés et, dans la mesure du possible, reproduits à l’identique.
La restauration devenait du rafistolage. Les experts du ministère de la Culture ont d’ailleurs déjà eu à intervenir pour arrêter le massacre sur des chantiers tels que Santa Cruz à Oran ou le tombeau de Massinissa à Constantine.
Dès lors, la nécessité de former des spécialistes s’impose, en même temps que celle de continuer à recourir aux compétences étrangères, en attendant que…
Aussitôt dit, aussitôt fait. Des techniciens bénéficieront de stages, ici et à l’étranger, sur les techniques de restauration de différents matériaux, métaux et autres supports.
Des architectes et des bureaux d’études spécialisés seront également agréés par le ministère de la Culture. Mais l’ampleur de la tâche -des sites et des vestiges sont en attente de restauration dans tout le pays- et le manque de maîtrise rendent le concours des étrangers incontournable.
«La délicatesse de ce genre de missions exige une main-d’œuvre qualifiée à l’expérience avérée. Ce n’est pas une tare que de solliciter des restaurateurs étrangers pour réhabiliter notre patrimoine. Au contraire, c’est le souci de la bonne préservation qui doit primer dans cette optique», reconnaîtra un architecte.
«Le plus important est que les chantiers démarrent et qu’ils soient menés par de vrais professionnels pour sauvegarder sans dégâts le site», expliquera-t-il.
La ministre de la Culture, Khalida Toumi, partage cet avis. Tout en souhaitant l’implication de l’ensemble des acteurs nationaux pour la sauvegarde de notre immense patrimoine, elle garde, comme solution à moyen terme, le recours à des experts étrangers pour des interventions ponctuelles et ciblées.
Si la ministre a limité l’appel aux étrangers dans le temps et dans l’espace, c’est pour signifier que l’Algérie entend se doter de compétences nationales qui, à terme, devraient prendre en charge les richesses patrimoniales algériennes, tant pour leur restauration, si nécessaire, que pour leur mise en valeur.
La formation est déjà amorcée et se renforce. A Oran, l’école-chantier qu’a ouvert en 2003 l’association «Santé Sidi-El-Houari» (SDH) a quelques 200 jeunes artisans formés pour la réhabilitation du vieux bâti. Ces jeunes constituent aujourd’hui un réservoir de main-d’œuvre spécialisée pour les chantiers de restauration.
L’école-chantier, qui est agréée par l’Etat, a déjà formé dix promotions totalisant plus de 300 jeunes qui ont acquis un métier dans diverses spécialités, telles la maçonnerie traditionnelle, la taille de la pierre, la forge et ferronnerie, la menuiserie et charpente ou la couture traditionnelle.
L’expérience de la SDH, qui est à saluer et à encourager, peut, et doit être rééditée. Car, il y a tant et tant de sites et objets patrimoniaux qui sont menacés de disparition si on ne s’en occupe pas urgemment.
Des casbahs et autres cités romaines aux nombreuses fresques et statues, en passant par les toiles, les manuscrits et les objets entreposés dans les musées, il y a de quoi occuper et faire travailler toute une armée de restaurateurs, le tout est de l’avoir, avec les équipements et les moyens nécessaires, ainsi que la volonté politique, sans laquelle les plus gros budgets, les plans les mieux ficelés et les SOS les plus pressants ne serviraient à rien.
Hassan Gherab
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Posté Le : 25/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: S. Zoheir ; texte: Hassan Gherab du mercredi 24 avril 2013
Source : latribune-online.com