Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le Pr Idir Bitam exprime sa crainte d’une deuxième vague d’épidémie plus virulente, parle des taux assez élevés de guérison, des possibles manipulations du Covid-19 dans des laboratoires, et surtout de l’acquisition de laboratoires de troisième sécurité, voire même de quatrième.
– Que pensez-vous de la levée du confinement sur plusieurs activités commerciales?
Le confinement est obligatoire. Le Covid-19 est un virus aérien et aérosol. Il est donc doublement dangereux. Un virus aérien est très instable, mute rapidement et contamine facilement. Le fait qu’il soit aérosol, il contamine beaucoup de surfaces. Par exemple, la levée de confinement sur les magasins, notamment de vêtements, est très dangereux.
Les gens qui viennent acheter vont essayer le produit. Inévitablement, ces petites gouttelettes de salive qu’ils émettent vont s’y déposer. Selon le degré de contamination, il peut y avoir des milliards de virus qui restent au niveau du tissu. La deuxième personne qui passe pour l’essayer sera contaminée. C’est très dangereux. Il aurait peut-être fallu encourager le commerce en ligne. Pas seulement pour les vêtements, mais aussi pour les fruits et légumes.
– A quoi faut-il s’attendre?
S’il y aura une deuxième épidémie, et j’espère qu’elle n’aura pas lieu, elle sera virulente et impardonnable. Le virus est encore en circulation. Ce déconfinement partiel va susciter une sorte d’aisance chez la population.
Celle-ci va se sentir en sécurité loin du danger et de ce fait reprendra ses anciennes habitudes comme les embrassades, les accolades, se serrer la main, etc, alors que tout cela est absolument à abolir. Pour moi, il faut au moins deux ans pour reprendre nos habitudes. Il y a des récidives qui font très peur.
Ce virus a muté quatre fois. La première mutation a eu lieu en Chine, la seconde en Corée, la troisième en Iran. Il est fortement mutant et il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres mutations en Algérie.
– Voulez-vous parler d’une nouvelle contamination des malades guéris?
Exactement. Surtout chez les malades qui ont le virus et qui ont été traités, PCR négatif, sérologie positive. Il y a eu beaucoup de cas en Chine mais aussi en Corée du Sud, où 20% des malades ont récidivé. Le virus était en fait caché. Raison pour laquelle le professeur Didier Raoult a préconisé le traitement par l’antibiotique l’Azithromycine, associé à l’hydroxychloroquine.
– Pourquoi un antibiotique, alors que nous sommes face à un virus?
En réalité, nous sommes face à des bactéries probiotiques, plus exactement la prevotella, qui se trouve dans l’intestin et qui est provoquée par la malbouffe. Lorsqu’on respire les virus, la quasi-totalité arrive à l’intestin. C’est pour cela que lorsqu’on cherche les virus au niveau des poumons d’un malade qui a des complications, on ne trouve rien. Les complications qu’il subit sont dues aux bactéries pneumoniques.
Revenons au virus probiotique, plus exactement à la prevotella provoquée par la malbouffe, il fait savoir qu’elle n’existe pas chez les bébés, parce qu’ils ne l’ont pas encore développée, et de ce fait ils ne sont pas contaminés. Par contre, les personnes obèses qui mangent beaucoup ont de fortes quantités de cette bactérie au niveau de leur intestin et sont les plus exposées. Lorsqu’elles sont contaminées, elles vont produire de manière excessive des anticorps.
A leur tour, ces derniers vont secréter des cellules tueuses, les cytokines, qui vont inonder toute la circulation sanguine, déséquilibrer le système immunitaire pour toucher tous les organes du corps, à commencer par les poumons. Raison pour laquelle il faut un antibiotique pour accompagner l’hydroxychloroquine.
Mais il y a d’autres pistes de recherche. A ce titre, je tiens à remercier le professeur Daoudi, neurologue et recteur de l’université de Tizi Ouzou, avec lequel nous sommes en train de faire de la plasmaphérèse. Une technique qui consiste à prendre à l’aide d’un appareil le sang d’un malade guéri, puis extraire uniquement le plasma et l’injecter au malade sous respiration artificielle. Ce plasma va fluidifier les cytokines et permettre au système immunitaire du malade de redémarrer et aux anticorps aussi.
D’autre part, il faut savoir qu’au niveau de l’IHU de Marseille en France, dont je fais partie, et que dirige le professeur Didier Raoult, mon directeur de thèse auquel je rends hommage, il y a un laboratoire de type P3, le plus grand en Europe, construit sur 1.700 m2. Cette aisance technique de plateforme lui a permis non seulement d’être le premier laboratoire à avoir isolé le virus, mais aussi de faire des essais in vitro sur bon nombres de molécules.
Bien sûr, les premières molécules ont été testées durant les années 40′ en Chine. Mais, c’est un des élèves de Didier Raoult qui a testé la molécule de la quinine, sur proposition des Chinois avec lesquels il était en contact. L’expérience n’a pas donné les résultats escomptés. Il a donc axé ses recherches sur la présence du virus dans les selles des malades. Nous avons des milliards et des milliards de bactéries dans nos intestins qui contribuent au bon fonctionnement du système immunitaire.
Parmi ces bactéries, il a trouvé une très forte densité de la population prevotella qui était infectée par le virus. En fait, la complication pulmonaire n’est pas virale mais bactérienne. Je suis en contact permanent avec les infectiologues algériens, ils sont tous hypercontents des résultats du traitement parce qu’ils ont constaté une baisse des complications.
C’est-à-dire qu’il n’y a plus de malades compliqués, sauf, et c’est normal, des cas minimes de patients qui ont eu beaucoup de complications en dehors du Covid-19, c’est-à-dire cardiaques, diabétiques ou autres.
Lorsque ces lourdes pathologies sont traitables, les malades peuvent être récupérés avec l’Azithromycine et l’hydroxychloroquine. Cependant, lorsqu’il y a un choc viral qui déstabilise le diabète, le rythme cardiaque et d’autres lourdes pathologies, le malade n’est plus récupérable. Il faut préciser néanmoins que l’hydroxychloroquine et l’Azithromycine sont réservés uniquement aux malades hospitalisés.
– Pourquoi y a-t-il autant d’oppositions contre ce protocole et son concepteur, le professeur Didier Raoult, notamment en France?
Le problème, c’est qu’on focalise sur les résultats sur les cas qui n’ont pas de formes cliniques, alors que le traitement est administré aux malades hospitalisés qui ont des complications et qui ont guéri. Il y a eu, malheureusement, des cas où le traitement a été donné à des malades qui commençaient à avoir des symptômes comme la toux sèche, des étouffements, la perte de goût, etc.
A ce stade, ce protocole ne doit pas être administré. Le principe actif n’a pas fait son travail. Il devient donc toxique pour la personne, surtout qu’il est prescrit pour dix jours. C’est ce type de cas qui suscitent des critiques contre le protocole du professeur Didier Raoult…
– Certains accusent les lobbys des vaccins d’être derrière la campagne contre ce traitement. Qu’en pensez-vous?
Oui et non. Je dirais qu’au stade actuel de la pandémie, il faut plutôt penser au traitement des malades pour les sauver. Pour moi, faire le vaccin et oublier le traitement est un meurtre.
La priorité est de sauver d’abord le malade avec les molécules nécessaires, moins toxiques et plus efficaces. Six ou sept molécules sont actuellement en phase d’essai au laboratoire de Didier Raoult.
– Certains experts affirment que le Covid-19 est le fruit d’une manipulation au laboratoire de Wuhan, en Chine, et accusent même la France de complicité dans cette affaire. Qu’en pensez-vous?
Je sais que le virus complet a été séquencé par le CDC, Chine, 3 jours après la déclaration du premier cas. Une vitesse incroyable, surtout du point de vue technologique. Le mérite est à féliciter.
C’est très important. Une fois que la séquence est obtenue, on peut tout connaître du virus. C’est comme un livre de cuisine. Une fois que vous l’avez, vous pouvez choisir le plat que vous voulez manger, prendre la recette et le cuisiner. C’est la même chose pour le génome. A l’intérieur, il y a des milliers de gènes, et chacun d’eux a une fonction. Aujourd’hui, ces fonctions sont toutes connues.
Il y a les gènes de la chauve-souris et du pangolin, les deux animaux sur lesquels ce virus a été isolé à partir des malades. Donc, c’est un virus qui vient de la nature. C’est un fait avéré. Cependant, au niveau du laboratoire, des choses pourraient avoir lieu. Il se peut qu’à la sortie du génome du Covid-19, il y a eu manipulation.
Le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine, avait déclaré que le génome du Covid-19 comportait le gène du virus du Sida, le HIV. Cela reste hypothétique parce qu’il n’y a pas eu d’articles sur le sujet. Mais la déclaration vient d’un prix Nobel très respecté dans le domaine. Je ne pense pas qu’il puisse avancer des affirmations d’une telle importance sans preuves. C’est là que nous pouvons parler de lobbys pharmaceutiques. Mais je préfère ne pas entrer dans ce genre de considérations.
Ce que je peux dire par contre, et de manière affirmative, c’est qu’il s’agit d’un virus naturel qui aurait pu être manipulé, une fois séquencé, par d’autres instances, pharmaceutiques ou autres, pour une éventuelle guerre bactériologique. Dans tous les cas, ce qui est certain, c’est qu’à tout moment il faut s’attendre à une guerre bactériologique. Aujourd’hui, les guerres ne se font plus par les armes, mais par des particules. Il faut profiter de ce virus, parce qu’il a changé complètement nos comportements.
– Certains disent que les laboratoire P3 et P4 coûtent excessivement cher et nécessitent une technologie très avancée difficile à avoir. Est-ce le cas?
Pour ce qui est de l’argent, ils coûteront ce qu’ils coûteront, nous sommes dans l’obligation de les avoir. En matière de technologie, il est faux de dire qu’on ne peut pas l’avoir.
Un P3 ou un P4, ce sont des salles blanches, propres, avec des protections très renforcées et dotées d’aspirateurs de particules en suspension dans l’air. La différence entre le 3 et le 4 réside dans la vitesse d’absorption de ces particules. Pour les P4 par exemple, les personnes sont vêtues de tenues de cosmonautes, parce que ces aspirateurs vont pomper y compris l’oxygène. Cela relève du domaine du possible. Il faut juste respecter certaines conditions.
– Certains experts affirment que le Covid-19 n’attaque pas le poumon, mais les globules rouges qui lui assurent l’oxygénation. Quel est votre avis?
Il faut savoir que l’oxygène est fourni par le récepteur de la ferritine, donc le fer. C’est-à-dire que c’est ce fer qui va libérer l’oxygène. En fait, tout vient de notre système nerveux central. Il est le maître de notre corps. Lorsqu’il y a une déstabilisation du système immunitaire automatiquement, le système nerveux central se dérègle.
Il y a des signaux qui partent vers les récepteurs contenus dans les globules rouges, les étouffent et provoquent l’arrêt de leur fonctionnement. Ils ne peuvent plus produire d’oxygène. C’est une conséquence de la présence du virus.
– Dans une telle situation faut-il adopter le traitement hydroxychloroquine, ou faut-il privilégier d’autres pistes?
En fait, c’est une des pistes. La plasmaphérèse n’est pas utilisée dans ce cas. Il faut plutôt l’injection du sang total pour régénérer les globules rouges afin qu’ils puissent d’avoir des récepteurs et de la ferritine en bonne état et contribuer ainsi à la production de l’oxygène. Pour cela, il faut un donneur de sang. Lorsqu’on régule le système immunitaire en enlevant ou en diluant les cytokines, le système nerveux central va reprendre son activité normale. En fait, il va activer le signal pour une reprise d’un bon fonctionnement.
– Quelle interprétation faites-vous du nombre de décès au Covid-19 assez élevé par rapport à certains pays?
Si l’on compare les statiques algériennes à celles des Etats unis, des pays asiatiques ou européens, il faut prendre en compte la densité de la population. Quand on parle de 126 cas de décès par exemple, pour 1.500 cas, de contaminés, c’est le même taux qu’en Algérie. Donc, les statistiques ne sont pas aussi choquantes qu’on le croit.
Ce qui est par contre important à relever, c’est ce nombre de plus en plus important de contaminations. Pour moi, cela veut dire que la prise en charge du diagnostic commence à donner des résultats. Au début il y avait une diminution de la volonté de prélèvement.
Avec la plateforme technologique pour le diagnostic qui est très proche du service infectieux, il n’y a plus d’hésitation à faire des prélèvements y compris pour les cas contact. Lorsqu’il y a un malade positif, le service épidémiologie entame une enquête pour tester toutes les personnes qui étaient en contact avec lui. Raison pour laquelle, il y a de nombreux cas positifs.
– Faut-il s’attendre donc à un nombre de contaminés beaucoup plus important?
Exactement. On va avoir un nombre de contaminés de plus en plus important. Mais, il faut savoir que près de 400 personnes guérissent par jour. Ce qui est énorme. Nous ne pouvons plus les considérer comme positives.
– Pensez-vous que le dépistage systématique peut être une mesure efficace contre le covid-19?
Sans confinement, le dépistage massif devient une obligation. Mais quel type de dépistage? Il y en a deux. Le premier est de voir le statut immunitaire de la personne. Lorsqu’elle a des anticorps de type M, l’hospitalisation est rapide et si elle a des anticorps de type G, elle passe par un test PCR. Dans le cas où le résultat est négatif, cela veut dire que la personne a déjà été en contact avec le virus.
Elle a eu quelques symptômes et elle s’est rétablie. Elle s’est auto-vacciné. C’est la vaccination naturelle que les pays européens ont fait pour 25 % de la population.
– Peut-on dire que le Covid-19 nous a ouvert de nouveaux horizons en matière de prévention contre les attaques virale?
Nous pouvons dire que nous sommes prêts parce que nous avons doté de laboratoires non seulement les hôpitaux mais aussi les centres de recherches. Nous avons aussi 14 universités dotées de plateforme de biologie moléculaire et de laboratoire de deuxième sécurité et une quinzaine d’hôpitaux qui remplissent les conditions nécessaires pour faire le diagnostic et la prise en charge des malades atteints de tous types de pathologie.
– Certains experts parlent d’un cycle de vie du Covid-19, qui prend fin dans les mois à venir. Est-ce le cas?
Le virus a une faiblesse par rapport au soleil. A cette époque, nous sommes au degrés 6 et le maximum, c’est le degrés 10, qu’on aura à partir du 21 juin. La puissance de l’ensoleillement va détruire tous les pathogènes. Raison pour laquelle, on a rarement de cas de grippes durant cette période, mais plutôt des symptômes pseudo-grippaux.
Entretien par Salima Tlemçani
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Posté Le : 03/05/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : elwatan.com du samedi 2 mai 2020