Algérie - Contribution: L’environnement ou le maillon faible "Cas de la wilaya de Tizi Ouzou"

L’émergence de la société de consommation avec les nombreux déchets ménagers qu’elle génère se répercute négativement sur notre environnement de plus en plus sale où les déchets et les détritus de toutes sortes sont jetés.

Il n’existe pas, c’est malheureux de le dire, un endroit dans la wilaya de Tizi Ouzou (mis à part certains villages) épargné par ces rejets qui polluent notre «capital- vie» à savoir l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et la terre nourricière.

Mes déplacements à travers la wilaya m’ont permis de constater de visu que la beauté de la nature est de plus en plus menacée par l’homme de par son comportement irresponsable et indifférent face à l’environnement. Les espaces publics ou en commun sont considérés comme des espaces anonymes et lieux de rejet de tous les déchets, à l’inverse la propriété privée, bien protégée et entourée de soins. Toute personne revendique son droit de vivre dans un territoire sain et propre, mais elle oublie son devoir de le protéger et de ne pas le polluer.

La protection de l’environnement relève en premier lieu de la responsabilité des acteurs locaux qui doivent protéger leur territoire contre les dégradations et la pollution, c’est cela la citoyenneté. La prolifération de décharges «sauvages» dans la wilaya, ajoutée à un déficit en centres d’enfouissement technique (CET) sont les causes principales de l’insalubrité des lieux comme les accotements des routes, les forêts, les bordures du barrage de Taksebt… L’incivisme des citoyens a transformé tous les sites de la wilaya en dépotoirs à ciel ouvert.

Comment ose-t-on parler de tourisme de montagne quand on voit l’état d’insalubrité dans lequel se trouve la forêt de Yakouren alimentée par des déchets de toutes sortes? La plupart des déchets semés dans cette forêt ont une durée de décomposition de plusieurs siècles (s’ils ne sont pas pris en charge): quelle que soit la volonté des associations environnementales, des APC et des pouvoirs publics qui organisent des actions de volontariat, ce mal qui détériore notre milieu de vie ne peut être éradiqué que par le comportement responsable des citoyens, le traitement des déchets et l’installation des CET. La nature que l’on pollue quotidiennement devient de plus en plus fragilisée et ne peut plus contenir indéfiniment les déchets humains et les détritus de toutes sortes.

La nature est notre bien à tous que l’on doit protéger par l’évolution de nos comportements vis-à-vis d’elle. Arrêtons le massacre (le mot n’est pas très fort) car la terre nous dit: «Je suis malade, je ne peux plus supporter votre sauvagerie.» Sans commentaire. Actuellement, certains villages se sont engagés dans la préservation de leur environnement par la collecte et le tri des déchets ménagers qui sont valorisés, (de même que les grignons d’olive), grâce au compostage, en engrais naturels non polluants.

Ce système de compostage a fait que plus de 50% des déchets organiques ne sont pas jetés dans la nature. Les autres déchets, comme le verre, le plastique, le carton, le pneu… peuvent être recyclés dans des usines de recyclage qui commencent à prendre naissance dans la wilaya à l’exemple de la SARL Aluverplas qui se trouve dans la zone industrielle de Thala-Athman et l’usine «Deuxième vie d’une bouteille» implantée à Azazga.

Grâce au compostage et au recyclage, nous pouvons transformer le mal en bien par la préservation de notre environnement et la création de richesse et d’emplois. Les déchets non concernés par le compostage et le recyclage, dont la quantité est moindre, seront destinés aux Centres d’enfouissement technique (CET). Les villages récompensés pour leur propreté par le concours Aïssat Rabah doivent servir d’exemples pour améliorer notre cadre de vie.


Photo illustrative de la présente contribution ajoutée par Akar

Par Doufène Hocine Enseignant-chercheur à l’université de Tizi Ouzou.