Par : OMAR BELHOUCHET
Je garde de Me Ali Yahia Abdenour cette image d’un homme simple, courtois, mais terriblement direct… Il était d’une sincérité absolue avec des convictions inébranlables dans son combat pour les droits de l’Homme.
Ses relations avec El Watan n’ont pas été des plus simples. Les lecteurs de Liberté peuvent deviner aisément que pendant la décennie noire, le regard qu’il portait sur le contenu éditorial du journal n’était pas pour nous plaire, mais indépendamment de cette relation heurtée, tendue, ce fut un point d’honneur que de publier l’ensemble de ses déclarations en tant que président de la principale Ligue des droits de l’Homme, avec de longues interviews qu’il nous accordait.
Il était aberrant, voire même inenvisageable, malgré le lourd contexte de l’époque, chargé de violence, de censurer Me Ali Yahia Abdenour, au motif qu’il était l’avocat des responsables du FIS. le métier a ses règles. Bien sûr, il y a eu de l’incompréhension, de l’animosité, voire même de l’agressivité… l’interdiction de la publicité publique à l’encontre d’El Watan ne date pas d’aujourd’hui, elle a été décrétée en septembre 1993!
Il fallait faire avec, à l’époque déjà… Avec le temps, et l’évolution politique du pays, Me Ali Yahia Abdenour, au grand désappointement de nos amis “concurrents” de la presse, a fait le choix de réserver l’ensemble de ses réflexions, contributions, aux lecteurs d’El Watan. Il en a fait, avec le temps, son journal de référence.
N’a-t-il pas souligné, le 8 octobre 2015, dans le numéro spécial consacré au 25e anniversaire du quotidien: “Le journal El Watan fut et restera l’un des plus brillants chaînons du journalisme (…) Dès sa création, El Watan s’est orienté vers la démocratie.” Quel hommage de la part d’un homme qui a consacré toute son existence à défendre les droits de l’Homme. À travers ses régulières tribunes, d’une densité politique exceptionnelle, Me Ali Yahia Abdenour a été sans concession avec le pouvoir, ne ménageant ni les civils, ni les militaires, ni les services de sécurité. Ses analyses étaient une bouffée d’oxygène, au moment où le despote Bouteflika et ses alliés dans l’appareil d’État s’échinaient à verrouiller le champ politique et médiatique, jetant en prison des journalistes, exerçant les pressions les plus dures et les plus intolérables à l’égard des titres qui ne respectent pas les consignes. N’a-t-il pas contribué, en d’autres termes, à l’émergence de l’éveil national qui traverse le pays depuis le 22 février 2019. Il a été incontestablement un des précurseurs du Hirak.
Photo: Me Ali Yahia Abdenour © Archives Liberté
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Posté Le : 27/04/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par : OMAR BELHOUCHET
Source : liberte-algerie.com du lundi 26 avril 2021