Algérie - Considéré comme une véritable menace: Le moustique tigre présent dans 4 wilayas

 

La présence du moustique tigre, une espèce introduite en Europe dans les années 1990, a été signalée depuis son apparition en Algérie en 2010 dans quatre wilayas. Il s'agit de Tizi Ouzou, Oran, Alger et Jijel, indiquent les services spécialisés de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA).

Le moustique tigre, réceptif au virus du chikungunya, de la dengue et du Zika, prolifère en zone urbaine, s'adapte facilement aux différents biotopes et ses œufs résistent longtemps à la dessiccation, c'est-à-dire l'action de dessécher le milieu dans lequel ils se trouvent. En Algérie, la présence fortuite du moustique tigre a été signalée pour la première fois, en juin 2010, à Larbaa-Nath-Iraten, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Un seul spécimen avait été capturé. Depuis, aucune activité de ce moustique n'a été signalée dans la région. En décembre 2015, suite à des plaintes des habitants d'une forte nuisance occasionnée par les moustiques, durant l'été, les entomologistes de l'IPA avaient confirmé l'introduction de cette espèce à Aïn El-Turck (Oran). Un cas similaire a été ensuite signalé en juillet 2016 dans le quartier Zonka, entre Birkhadem et Aïn Naadja (Alger). La prospection entomologique avait confirmé la présence de cette espèce dite «aedes albopictus» à tous les stades de son développement (œufs larves et adultes).

Les opérations de démoustication avaient été lancées par l'Epic Hurbal (relevant de la wilaya d'Alger), et se sont poursuivies jusqu'à la disparition du moustique, rappelle l'IPA. Un an plus tard, en août 2017, une enquête entomologique, lancée suite à des plaintes des habitants du quartier Vieux Kouba signalant des piqûres particulières de moustiques, avait permis d'identifier cette même espèce. Pendant plusieurs mois, les traitements insecticides par le produit Deltamethrine en fumigation avaient concerné toutes les habitations où les œufs et larves de moustique tigre avaient été constatés. Malgré tous les efforts déployés par les services de démoustication d'Hurbal, le moustique tigre s'était propagé vers d'autres localités de la capitale, à savoir Saoula, Khracia et Hussein Dey. A l'est du pays, une prolifération de cette espèce de moustique avait été confirmée à la même période à Jijel.

Une «menace réelle»

Concernant les mesures prises ou à entreprendre, les services spécialisés de l'IPA estiment que la propagation de l'insecte est une «menace réelle pour les wilayas du littoral algérien et les zones humides».

«Ses larves se développent essentiellement dans des gîtes larvaires produits par les habitants eux-mêmes (récipients, ustensiles, pneus usagés, etc. abandonnés et contenant de l'eau)», expliquent-ils, assurant, cependant, que «le contrôle de la densité de ce moustique est faisable» et qu'il suffit, pour cela, d'une «large sensibilisation de la population».

A cet effet, une campagne d'information et de sensibilisation des citoyens, à travers les différents médias, a été déjà lancée par l'équipe de l'IPA et se poursuivra les semaines qui viennent. D'autre part, la surveillance entomologique à l'aide de pièges pondoirs (pour détecter les œufs du moustique) sera poursuivie afin de «suivre les densités de ce moustique au niveau des zones colonisées et pour évaluer l'impact de la démoustication».

Selon les mêmes services, en cas de diagnostic positif du virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika, un traitement par thermo-nébulisation à l'aide de Deltamethrine doit être immédiatement réalisé. Les services de l'IPA préviennent, toutefois, que les traitements insecticides, dits «de confort», préconisés pour réduire la nuisance, «ne doivent pas être réalisés à long terme car ils peuvent causer une résistance aux insecticides utilisés».


R. N.