Algérie

Algérie - Concentré de tomate: L'importation, un mal nécessaire



Algérie - Concentré de tomate: L'importation, un mal nécessaire
Bien que la récolte de la campagne 2011 en tomate fraîche, destinée en majorité à la production du double concentré de tomates, ait enregistré une production de quelque 1 000 000 quintaux, les conserveurs de l’est du pays l’estiment toujours insuffisante.

Laïd Benamor, le président-directeur général de la Conserverie Amor Benamor (CAB) en est un. Pour lui, ses chaînes tournent au ralenti par manque de matière première. «Avec 7000 tonnes / jour les équipements de la CAB tournent à 30 ou 40 % de leur capacité de production.

Au terme de la campagne, qui dure au plus 45 jours, nous aurons une part du marché en double concentré de tomate de 60%, environ, alors que les besoins nationaux sont estimés en 2011 à 120 000 tonnes», affirme-t-il.

Que faut-il faire alors pour combler le déficit ? Faut-il avoir recours aux appoints ?

L’interrogation est inéluctable, d’autant plus que la majorité des conserveries, au nombre de six, assistées financièrement par les fonds de l’Etat sont encore fermées.

Actuellement, il y a sept conserveries en activité sur les 23 qui tournaient jusqu’à l’année 2006, la quasi-totalité d’entre elles sont implantées dans la région Est du pays, particulièrement à Annaba, Guelma, El Tarf et Skikda.

L’annonce de l’autorisation d’importation de 13 000 tonnes de concentré de tomate accordée par le ministère de l’Agriculture s’est avérée, après vérification, sans fondement. Pourquoi ?

Selon la Direction des services agricoles (DSA) de Annaba, «le ministère de l’Agriculture n’est pas habilité à accorder des autorisations pour l’importation de double ou triple concentré de tomates. Son rôle, entre autres, est de promouvoir la filière, réguler le marché, assister les conserveurs comme il vient de le faire en rééchelonnant leurs dettes (suite à la décision du gouvernement) et assurer des subventions aux agriculteurs».

Selon un cadre supérieur de banque, «tout conserveur de tomate peut à tout moment ouvrir un crédit documentaire pour importer le double ou triple concentré de tomate industrielle. En Algérie il y a eu de tout temps des opérations d’importation de concentré de tomate.

Pourquoi aujourd’hui on veut en faire un scandale qui n’en est pas un ?».

Importer, Laïd Benamor l’a envisagé. «Le déficit enregistré sur le marché national en double concentré de tomate doit être comblé, soit en production locale soit par l’importation. En ce qui me concerne, j’envisage d’importer mais pas du produit fini. C’est le triple concentré de tomate qui sera transformé dans nos conserveries en double concentré.

Bien que les taxes douanières et fiscales demeurent très élevées, le prix du produit fini dont la matière première a été importée sera aligné sur celui appliqué sur la production locale. Notre client ne paye pas un sou de plus», rassure le manager général du groupe Benamor.

Mais cette situation ne pourra pas, à moyen terme, influer sur le processus mis en marche par ce dernier, qui compte dans cinq ans passer à l’exportation du double concentré de tomate «made in Algeria». L’ambition est plausible, affirme-t-on.

L’acquisition, le 25 juillet dernier, d’une nouvelle unité de production de double concentré de tomates d’une capacité de 2200 tonnes/jour à Boumaïza, dans la wilaya de Skikda, en est un signal fort.

Mieux encore, sa capacité de production atteindra, à en croire son propriétaire, à la prochaine campagne, 5000 tonnes/jour.

«J’ai investi plus de 1,2 milliard de dinars pour encourager les agriculteurs à produire. Cet effort financier œuvre pour la promotion de la filière et cela devra s’inscrire dans le temps jusqu’à arriver au stade de l’exportation», étaye Laïd Benamor.

Parallèlement, les pouvoirs publics ont misé gros sur la remise en service des conserveries fermées, en leur accordant finalement le rééchelonnement de leurs dettes.

Cette opération a été validée par les banques nationales créancières. Quant à l’Etat, il a pris en charge le cumul des intérêts induits par la dévaluation du dinar. Une opération qui lui a coûté près de 4 milliards de dinars entre rééchelonnement et effacement des dettes, sachant que ces unités sont stratégiques pour les agriculteurs spécialisés dans la production de la tomate industrielle.

Contactée, l’Association des conserveurs de tomate (Actom) n’a pas daigné nous répondre sur les questions qui leur ont été soumises.

Ce qui est certain, c’est que les conserveurs repêchés par l’Etat algérien sont contre l’importation. Pour ses membres, elle ouvre grande la porte à la spéculation sur la qualité.

Or, lorsque la CAB importe le triple concentré de tomate, son label assure la qualité, rassure Laïd Benamor.

Gaidi Mohamed Faouzi


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