Algérie

Algérie - Colonel Farouk Achour. Directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile: «Les accidents liés au monoxyde de carbone sont facilement évitables»



Algérie - Colonel Farouk Achour. Directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile: «Les accidents liés au monoxyde de carbone sont facilement évitables»


- Les asphyxies au monoxyde de carbone sont toujours récurrentes. Quel est le dernier bilan?

En 2018, nous sommes intervenus 2.400 fois. Nous avons réussi à sauver 2.643 personnes in extremis. Malheureusement, nous déplorons le décès de 128 autres. La tendance globale des chiffres est à la baisse par rapport à l’année 2017. Une année meurtrière où nous avons recensé 2.600 interventions, 134 décès et 2.928 personnes incommodées. Malgré cette baisse, le phénomène reste inquiétant. Le début de cette année a été dramatique. Dans le bilan arrêté aujourd’hui (mardi), nous déplorons 19 personnes décédées et 72 personnes incommodées sauvées. La journée la plus macabre est celle de dimanche 6 janvier, où 11 personnes ont péri intoxiquées au monoxyde de carbone dans 3 wilayas différentes. Il s’agit de Batna, Tlemcen et Alger. Malgré cette baisse, les bilans restent lourds pour des accidents mortels facilement évitables.

- Quelles sont les causes de cette recrudescence?

Les causes sont multiples, mais avec un peu d’attention, les accidents peuvent être évités. La première cause est l’absence de canaux d’aération et de ventilation, qui permettent non seulement d’éviter les asphyxies mais aussi les risques d’explosion en cas de fuite de gaz. J’entends par le terme ventilation, une simple ouverture dans la partie basse de l’appartement et une autre dans la partie haute. Chose qui va générer une circulation naturelle de l’air. Le deuxième souci est lié aux appareils qui peuvent être défectueux.

C’est la raison pour laquelle nous informons à chaque fois les citoyens qu’il est impératif d’acheter des appareils qui présentent des certificats de garantie liés à la conformité aux normes de sécurité. Nous recommandons également de faire appel à des spécialistes dans l’installation de ces appareils. Ils sont habilités à vérifier la conformité de l’appareil, à fournir les conseils quant à son emplacement et surtout utiliser les raccordements conformes dans l’installation. Le problème est que les asphyxies ne sont pas seulement liées à l’utilisation des chauffages, mais aussi à d’autres appareils tels que la «tabouna».

Il y a aujourd’hui un phénomène lié à la mauvaise utilisation de ces appareils qui apparaît. Nous avons remarqué que dans certaines familles, on débranche carrément ces appareils et les range jusqu’au prochain hiver. A leur installation, aucune vérification du système d’étanchéité n’est faite. Dans les nouvelles cités, il y a un autre problème. C’est celui des travaux d’aménagement des maisons qui portent atteinte à l’ingénierie liée au système de sécurité mis en place lors de la construction. Aucune vérification n’est faite à la fin des travaux.

- Chaque année, vous lancez des campagnes de sensibilisation. Qu’en est-il pour 2018/2019?

Nous avons lancé cette année la campagne d’information et de sensibilisation assez tôt. Nous l’avons entamée la 2e semaine du mois d’octobre à travers tout le territoire national. Pour que le message arrive à tous les concitoyens, nous avons usé de tous les moyens de communication possibles, à savoir les médias audiovisuels et écrits, les sms, les réseaux sociaux et même le porte-à-porte.

Cette dernière méthode a été utilisée pour les villages nouvellement raccordés au gaz de ville. Généralement, dans ces bourgades assez éloignées, le froid est assez rude et les concitoyens n’ont pas assez d’informations sur les dangers liés à la mauvaise combustion du gaz ainsi que l’entretien essentiel aux appareils. Suite à l’accident de Relizane, nous avons relancé encore une fois la campagne de sensibilisation.

- Y a-t-il un travail fait en commun entre la Protection civile et les autres secteurs?

Oui certainement. Ce travail de collaboration a été entamé il y a de cela 5 ans déjà. La Protection civile a été aux côtés du groupe Sonelgaz, des Douanes et des services du ministère du Commerce afin de veiller sur la conformité des appareils de chauffage importés. Ce travail intersectoriel n’a jamais cessé depuis son lancement. D’ailleurs, selon un chiffre communiqué dernièrement par le ministère du Commerce, 44.000 appareils de chauffage ont été refoulés pour non-conformité aux normes de sécurité.


Entretien par Asma Bersali


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