L’exercice agricole 2020-2021 s’annonce d’ores et déjà difficile, particulièrement pour la céréaliculture. Il est prédit 25% de baisse de rendement par rapport à la moyenne des cinq dernières années pour les blés. Une situation que l’agroéconomiste, le Pr Ali Daoudi, incombe à la variabilité climatique. Il suggère à cet effet, la mise en place d’outils nécessaires pour concevoir des politiques efficaces dans ce domaine.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) -
La production céréalière nationale connaîtra probablement cette année, un recul par rapport à la moyenne des années précédentes. C’est ce que suppose le professeur Ali Daoudi, enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure d’agronomie d’El Harrach à Alger, qui explique cette baisse par la sécheresse qui a caractérisé l’année 2020-2021.
«L’année a été difficile en raison du déficit pluviométrique enregistré entre la fin de l’hiver et le début de printemps, une période où le cycle végétatif des céréales a plus besoin d’eau», dit-il hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3.
En l’absence de chiffres officiels de récoltes, il se réfère aux pronostics des organisations internationales telles que l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui prédisent une baisse de la production de l’ordre de 25% pour les blés et encore plus pour les autres céréales.
«Nous serions sur un déficit par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Comparant à l’année dernière, l’écart sera un peu plus important», note-t-il.
L’agroéconomiste souligne à cet effet, la spécificité de la céréaliculture en Algérie.
«La plupart de nos superficies céréalières sont conduites en pluvial et sont donc très vulnérables à la variabilité des précipitations. Chaque année, nous savons combien emblaver, mais nous ignorons combien nous allons récolter en termes de superficies et en termes de quantités. C’est la grande inconnue jusqu’au dernier moment», regrette-t-il.
Pour lui, cette dépendance aux précipitations fragilise notre système céréalier.
«L’ensemble des modèles climatiques prédisent pour la région encore plus d’aridité et plus de variabilité des précipitations. Aujourd’hui, la question des précipitations se pose en volume et en répartition dans l’année. Si nous avons le même volume et mal réparti, il y aura les mêmes conséquences sur les rendements», dit-il.
L’invité de l’émission exclue en outre, que le système d’agriculture adopté sur le terrain ait un impact direct sur la baisse de la production de cette année. La preuve dit-il, «le même système traditionnel de l’année dernière qui a produit l’équivalent de 40 millions de quintaux qui risque de produire 25% de moins cette année».
Néanmoins, il reconnaît que l’actuel système de production est moins efficace et moins performant.
«L’Algérie qui reste un pays où les rendements moyens sur les cinq dernières années sont autour de 16 quintaux à l’hectare, figure parmi les taux de rendement les plus faibles de toute la région méditerranéenne», fait-il remarquer.
- Pour l’augmentation des superficies irriguées
Rappelant le défi que notre pays s’est mis à relever pour atteindre entre 60 à 70 quintaux à l’hectare, le Pr Ali Daoudi estime que même si cette performance ne peut être réalisée que dans les terres irriguées, les rendements moyens dans les superficies irriguées actuellement n’atteignent pourtant pas ce seuil.
Selon lui, sécuriser l’approvisionnement du marché en céréales est tributaire de l’augmentation des superficies irriguées.
«Certes, la stratégie est aujourd’hui d’aller vers l’irrigation d’appoint, son extension et son développement, mais cela ne suffit pas. Il faut être plus ambitieux et envisager d’avoir chaque année au moins 200 000 d’hectares emblavés en irrigué de céréales avec des niveaux de rendement élevés qui oscillent entre 50, 60 et 65 quintaux à l’hectare en moyenne, pour pouvoir stabiliser quelque 20 millions de quintaux de garanties. Le reste serait apporté par les autres parties du territoire national qui produisent les céréales en régime pluvial», préconise-t-il.
Il insiste également sur la mise en place d’outils nécessaires.
«Nous ne pouvons pas concevoir des politiques efficaces et efficientes qui atteignent les objectifs si nous n’avons pas les outils», dit-il.
Parmi ces outils, il évoque la collecte d’informations suffisantes sur les potentialités des terres et les conditions climatiques par région et par micro-région afin de doter chaque zone d’un système de production adapté.
«Malheureusement, nous ne faisons pas suffisamment d’investissements pour produire ces données nécessaires pour la mise en place de politiques territorialisées et adaptées», déplore-t-il.
Ry. N.
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Posté Le : 06/08/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Rym Nasri
Source : lesoirdalgerie.com du jeudi 5 août 2021