Algérie - Elections présidentielles

Algérie - Candidature pour un 5e mandat d’un président malade et absent: La lourde responsabilité du Conseil constitutionnel devant l’histoire



Algérie - Candidature pour un 5e mandat d’un président malade et absent: La lourde responsabilité du Conseil constitutionnel devant l’histoire


Présidé par Tayeb Belaïz, le Conseil constitutionnel, haute instance chargée de veiller au respect de la Constitution, a une lourde responsabilité devant l’histoire. Durant dix jours, il a examiner un dossier de candidature à la présidentielle pas comme les autres.

Celui d’un Président sortant (auquel il a promis de lui être fidèle avant de l’être pour le pays), qui veut se succéder à lui-même, alors que dans la rue, la colère gronde contre ce mandat de trop. Au-delà de la contestation populaire, le Conseil est appelé à faire respecter la loi et uniquement la loi (Constitution et code électoral) et appliquer la procédure que son règlement intérieur prévoit en la matière. Ainsi, si l’on se réfère à l’article 28 de ce même règlement, rappelé à deux reprises par voie de communiqués par le Conseil constitutionnel, il y a une semaine, la candidature du Président sortant, par procuration (à Abdelkader Zaalane), ne pourrait être validée.

L’article en question stipule clairement: «Les déclarations de candidature à la présidence de la République sont déposées par le candidat dans les conditions, formes et délais prévus par la loi organique relative au régime électoral auprès du secrétariat général du Conseil constitutionnel. Il en est délivré accusé de réception.»

Le Président sortant est le seul parmi tous les candidats à la candidature à ne pas avoir respecté la procédure légale de dépôt. Malgré cela, le Conseil constitutionnel a réceptionné son dossier. C’est la première violation de la Constitution. La deuxième consiste à présenter un certificat de bonne santé, alors que l’état dans lequel le Président fait ses rares apparitions ne laisse aucun doute sur son incapacité de poursuivre sa mission et de surcroît de briguer un 5e mandat.

Mieux encore. Il y a plus d’une semaine, la Présidence a affirmé que le chef de l’Etat s’était envolé pour Genève afin d’effectuer «une courte visite de contrôle médical périodique», mais à ce jour, aucune information sur son retour au pays. Des sources sûres affirment qu’«il est toujours hospitalisé à Genève». Comment peut-il être hospitalisé à Genève et en même temps se faire délivrer un certificat de bonne santé?

A une chaîne de télévision privée, Abdelkader Zaalane, son directeur de campagne, affirme que le Président «est malade, mais m’a donné procuration pour venir déposer son dossier». Une déclaration surprenante qui a renforcé la conviction de beaucoup d’observateurs que le Président n’est pas encore rentré au pays.

L’autre aberration de Abdelkader Zaalane est la collecte de 5, 6 millions de signatures d’électeurs et de 19.700 autres d’élus. Comment peut-on collecter autant de signatures en trois semaines seulement, c’est-à-dire depuis le 10 février dernier?

Un simple calcul montre qu’il faut 238.095 signatures d’électeurs et 938 autres d’élus par jour pour atteindre le nombre annoncé par Abdelkader Zaalane. Une telle opération nécessite la mobilisation de toute la machine administrative des mairies. Cela relève de l’impossible, surtout lorsqu’on sait que le ministère de l’Intérieur ne délivre que le quota nécessaire de formulaires, à savoir 60.000 destinés aux électeurs, et 600 pour les élus.

D’où les autres formulaires ont-ils été obtenus? Peut-on croire que le Conseil constitutionnel a les capacités de contrôler chaque signature apposée sur les formulaires? Autant de questions qui s’imposent et qui lèvent le voile sur un coup de force institutionnel qui risque de mener le pays vers l’inconnu.

Le Conseil constitutionnel, garant du respect des lois, se trouve devant une lourde responsabilité face à l’histoire.


Photo: Siège du Conseil constitutionnel (photo : H. Lyes)

Salima Tlemçani


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