Algérie

Algérie - Cacophonie sur la tolérance ou non à l'égard du marché noir de la devise



Algérie - Cacophonie sur la tolérance ou non à l'égard du marché noir de la devise
Le ministre de l'intérieur algérien a trouvé une certaine utilité au marché noir de la devise car les citoyens y « trouvent leur compte ». Réactions rapides à l'APN et au ministère des finances : pas question de concéder une tolérance officielle au marché parallèle. Cela ne dissuadera pas les Algériens de continuer à y recourir.
Le vol est à 12.00 sur Paris et le temps presse pour Krimo, qui veut faire un peu de change avant de partir pour quelques jours en France. Mais, au Square Port Said, l'activité du marché noir des devises est au ralenti. Le traditionnel ''Sarf, sarf'' (change) que répèrent à longueur de journée les spécialistes du change parallèle, se fait rare. ''Comment je vais faire maintenant pour échanger quelques centaines d'euros''' se lamente Krimo. Au second jour de l'Aïd Al Adha, la plus célèbre place du marché noir des devises de la capitale est déserte. ''C'est normal'', lui lance un riverain, ''ils sont partis passer l'Aïd chez eux''. Près du Square Port Saïd, à la Rue de la Liberté et sur l'Avenue Abane Ramdane, qui abriter le Tribunal d'Alger avec sa section économique, l'activité du marché noir des devises est presque nulle en ce second jour de l'Aid Al Adha. Il n'y a que l'odeur de méchoui, les cris des enfants et les volutes de fumées qui meublent l'ambiance de ces ruelles humides et commerçantes du centre d'Alger. ''Peut-être qu'à partir de midi ils seront là'', lance incertain un habitant du quartier, avant de s'engouffrer dans un des cafés, qui servent de comptoirs pour les revendeurs de devises. D'habitude, des dizaines de personnes, des liasses de billets de banques entre les mains, des euros, des dollars et des dinars, mais aussi des livres sterlings et des rials saoudiens font tourner à plein régime le marché du change au noir. ''Si au moins on avait ici en Algérie des GAB (guichets automatiques de banque) qui servent des devises'', laisse tomber Krimo avant de se diriger vers la station de bus du Terminal pour rallier l'aéroport.
Polémique en haut lieu
La semaine dernière, un charivari officiel avait remis à l'ordre du jour la question de l'interdiction ou pas des marchés parallèles des devises, sans pour autant qu'elle ne soit tranchée. Le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, a émis des propos rassurants pour les tenants de ce marché au noir des devises et ceux qui l'alimentent. Et, en l'absence de la mise en place des bureaux de changes officiels annoncée depuis des années et pas encore appliquée, le ministre de l'intérieur affirme que ses services ne lèveront pas le petit doigt pour interdire le marché noir des devises. Pour lui, le marché parallèle du change ne doit pas être interdit car les « citoyens y trouvent leur compte''. Il avait noté aussi que les services de sécurité connaissaient '' très bien les personnes qui alimentent'' ce marché. Ce propos a suscité une réaction rapide de Mahi Khelil, président de la Commission des finances et du budget de l'Assemblée nationale. Dans une déclaration à la radio algérienne, il a souligné que ''tout ce qui n'est pas légal doit être interdit''. Mahi Khelil a laissé entendre que le gouverneur de la banque d'Algérie serait interpellé sur cette question lors de la présentation de son rapport annuel, prévu avant la fin de l'année, devant l'APN. ''Un arsenal juridique existe pour lutter contre le blanchiment d'argent. Aux services concernés d'appliquer ces textes'', a-t-il encore relevé.
Pas de "laisser-faire"'
Le ministre des finances, Karim Djoudi, a rejeté toute idée de « laisser-faire » défendue par le ministre de l'intérieur. ''Le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise'', a-t-il affirmé mardi 23 octobre en marge de la présentation au Sénat du projet de loi de finances 2013. ''Dans l'économie, il existe un marché officiel. Il n'y a pas de place pour le marché noir''. Dans la réalité, les algériens ont recours massivement au marché parallèle. L''Etat accorde à chaque citoyen une fois par an un droit au change officiel pour l'équivalent de 140 euros. Le change au noir se pratique à une très large échelle en Algérie. Simples citoyens, hommes d'affaires et les patrons de PME, s'alimentent directement après du marché noir pour voyager, faire tourner leurs affaires... Le marché noir des devises est ''une sorte de soupape de sécurité pour tout le monde, autant ceux dont l'orbite est proche du pouvoir et qui font de grosses affaires, que ceux qui font tourner l'économie nationale en important leurs matières premières, que le simple citoyen'', estime Saddek, patron d'une PME.
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