Le recours aux eaux usées pour l’irrigation des cultures maraîchères est en passe de devenir la solution consacrée au sein de la corporation des agriculteurs afin de pallier la contrainte de l’aridité du climat et du sol algériens.
Le phénomène se généralise de plus en plus et cible d’innombrables contrées du pays.
Avides du gain facile et surtout rapide, certains fellahs indélicats utilisent ce moyen inapproprié, voire indigne et souvent dangereux, pour tenter de maintenir élevés leurs rendements à l’hectare et faire prospérer ainsi leur business.
Ils font fi de la santé du consommateur qui ignore évidement à quelle sauce il sera… mangé une fois qu’il a consommé ces produits agricoles frais. Des milliers de cas sont déplorés dans diverses régions du pays.
Il y a quelques jours, les gendarmes ont pris en flagrant délit et en plein jour trois individus qu’ils ont présentés au parquet à Drean (El-Tarf). Le tribunal correctionnel a condamné, jeudi dernier, les trois présumés à des peines de 4 et 2 ans de prison ferme, assorties d’une forte amende pour irrigation, avec des eaux usées, de plusieurs hectares de melons.
De nombreuses personnes, louant des terres agricoles, s’adonnent à la culture du melon et du cantaloup qu’ils irriguent, cependant, la nuit, avec les eaux usées.
Pis encore, à titre d’illustration, 33 affaires liées à l’irrigation des cultures agricoles par les eaux usées dans 10 wilayas ont été traitées durant le premier semestre 2012 par les unités de la Gendarmerie nationale.
Cet exemple édifiant renseigne clairement sur l’ampleur prise par le fléau. Les autorités locales ont eu à intervenir pour la destruction de plusieurs dizaines d’hectares de cultures, ce type d’irrigation de produits maraîchers tels que la pastèque, le melon… étant préjudiciable pour la santé du consommateur.
Confronté à son climat aride et semi-aride, l’Algérie a opté, entre autres mesures, pour la valorisation des eaux usées domestiques, afin de préserver ses ressources conventionnelles et répondre aux besoins du secteur agricole qui pompe 65% des volumes disponibles.
Actuellement, près de 800 millions de mètres cubes d’eau épurée sont produits annuellement par les 165 stations d’épuration à l’échelle nationale, un volume qui devrait passer à un milliard de mètres cubes d’ici à cinq ans.
Le gouvernement compte porter, également, la superficie des terres agricoles irriguées d’un million d’hectares actuellement à deux millions d’ici à cinq ans.
L’utilisation des eaux usées épurées aux fins d’irrigation des terrains agricoles constitue l’une des solutions au problème de déficit pluviométrique.
Divers projets ont été lancés dans ce sens. Ils touchent plusieurs régions du pays. Le ministère des Ressources en eau multiplie les partenariats avec les étrangers pour maîtriser au mieux ces différents procédés.
C’est le cas du projet Wawaria, qui a pour objet la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation en Algérie, lancé en 2013 dans le cadre de la coopération algéro-néerlandaise.
L’objectif principal recherché est d’assurer un traitement plus poussé des eaux épurées de la station d’épuration et de les mettre à la disposition des agriculteurs.
Badreddine Khris
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Posté Le : 01/07/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: Badreddine Khris
Source : liberte-algerie.com du mardi 30 juin 2015