Algérie

Algérie (Boumerdès) - Le 21 mai 2003, la terre a tremblé



Algérie (Boumerdès) - Le 21 mai 2003, la terre a tremblé


Il y a 18 ans, la terre avait violemment tremblé à 7 kilomètres au nord du port de Zemmouri-el-Bahri, à l’est de la wilaya de Boumerdès. Ce séisme a été mesuré par certains d’une magnitude 7,2 sur l’échelle de Richter qui en compte 9.

Il était 19 heures 44 minutes, heure algérienne, le 23 mai 2003. La nuit n’allait pas tarder à tomber, lorsque la terre a commencé à tanguer follement. Les immeubles vacillaient, les meubles tombaient à l’intérieur des maisons comme des chiffons, le bitume se fissurait, des fonds des puits on entendait de terribles grondements, la mer a pris du recul. Puis un terrible silence interminable. Vinrent les hurlements de la douleur. Des immeubles de plusieurs paliers sont devenus en quelques instants des tas de décombres avec des centaines de personnes ensevelies entre les dalles. Il ne restait à la maman de Lakhal Zaki et Louiza enfouis sous les gravats dans un immeuble, le numéro 44, de la cité 1.200 logements actuellement Ibn Khaldoun de la ville de Boumerdès, que ses yeux pour pleurer ses deux beaux enfants. Dans cette cité, plus de 600 personnes sont mortes.

À Dellys, 80 personnes y ont laissé leur vie dans un seul bâtiment. Elles assistaient à la célébration d’un mariage qui a tourné au drame. C’est justement, à partir de l’est de Dellys que la faille a entrepris sa course pour arriver à proximité d’Alger. Dans son sinistre parcours, traçant une courbe, elle a durement frappé Dellys, Sidi-Daoud, Zemmouri, Bordj-Menaïel, Thénia, Boumerdès et Reghaïa. Dans toutes les localités de Boumerdès, de l’ouest de la Haute-Kabylie et l’est d’Alger, plusieurs morts ont été déplorés et des destructions importantes ont été enregistrées. Durant les quelques instants qui ont suivi le tremblement, on a vu des comportements héroïques, des jeunes surtout, la désorganisation des organes de l’État, le manque de moyens des sauveteurs et le grand scandale des graves défauts de construction qui a été la cause de centaines de morts et de milliers de blessés à Boumerdès et à l’est d’Alger. On a dénombré, selon le bilan officiel, 1.391 morts pour la seule wilaya de Boumerdès auxquels il y a lieu d’inclure les décès de la wilaya d’Alger pour arriver à plus de 2.400 morts en tout. Plus de 10.000 blessés ont été recensés dans la seule wilaya de Boumerdès.

Le gouvernement de l’époque avait évalué le coût des destructions à 5 milliards de dollars.

La grande partie des pertes humaines et les dégâts matériels sont imputés aux humains et à des comportements criminels antérieurs d’entrepreneurs, de gestionnaires de bureaux d’études, de responsables d’organismes publics et agents de l’État. L’opinion publique découvre avec effroi les trafics. Absence d’études de sol avant la construction de bâtiments de plusieurs étages, constructions sur des sols marécageux ou sablonneux et sans permis de construire, trafics sur les documents d’urbanisme, fraudes sur la qualité du ciment, du fer… 38 personnes parmi des P-dg d’entreprises de construction, d’offices de l’habitat, du CTC, de gérants de bureaux d’études, de chefs de chantier, de promoteurs immobiliers, d’ingénieurs, de revendeurs de matériaux de construction… ont été inculpés par la justice pour homicide involontaire, diverses falsifications de documents urbanistiques. La responsabilité de l’État en tant que puissance publique garante de l’application des lois existantes sur l’urbanisme et la construction et l’instauration d’autres lois en cas de nécessité personne n’en a parlé.

À l’issue d’un double procès en première instance et en appel, les 38 personnes sont priées de rentrer chez elles. Cela avait par ailleurs permis à quelques individus bien placés d’acquérir au dinar symbolique des appartements. Il faut croire que la leçon n’a pas été retenue. Présentement, la situation s’est aggravée. Les trafics prospèrent.

À Boumerdès-Ville, tout le monde sait que les documents de l’urbanisme (permis de construire, certificats de l’urbanisme, certificats de conformité) se monnayent. On construit un immeuble de 50 appartements sur un lit d’oued avec un permis de construire douteux, délivré avant la disponibilité des instruments de l’urbanisme (POS) pour une construction familiale. La liste des méfaits de la mafia du foncier et de la construction est longue.




Abachi L.


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