Algérie

Algérie (Boumerdès) - CATASTROPHE AGRICOLE: La canicule «grille» à 80% la récolte du raisin de table



Algérie (Boumerdès) - CATASTROPHE AGRICOLE: La canicule «grille» à 80% la récolte du raisin de table


Récolter plus de 4 millions de quintaux de raisin de table et alimenter plus de 45% de la demande nationale. Cette ambition est devenue un cauchemar pour de nombreux fellahs de Boumerdès.

Si les feux de forêt ont laissé des drames humains et la terre dénudée, une autre catastrophe, sournoise celle-là, se déroule sous les yeux des milliers de fellahs impuissants. Il s’agit des pertes des récoltes, particulièrement le raisin de table presque arrivé à maturité. Cette catastrophe est causée non pas par le feu, mais par la canicule qui sévit toujours.

La wilaya de Boumerdès, qui a massivement investi ces vingt dernières années dans la production du raisin, subit de plein fouet cette grave crise. Les vignerons de Boumerdès sont les champions de la culture du Sabene (ou Dabouki) et le Red Glob, auxquels se greffe une dizaine d’autres variétés.

Petite rétrospective: lors de la saison 2021-2022, la wilaya numéro 35 avait vendangé presque 3,9 millions de quintaux sur une superficie en production de 15.987 hectares (superficie plantée 18.492 ha). Les variétés Sabene et Red Glob sont les plus cultivées dans la région. Elles permettent de grandes récoltes en quantité et en qualité. Ce résultat a reçu l’éloge présidentiel.

En effet, lors de sa venue, il y a quelques semaines, à cap Djinet pour poser la première pierre d’une station de dessalement d’eau de mer, le président de la République n’a pas tari d’éloges sur ces vignerons qui alimentent, selon le Président, «le marché national avec des produits de haute qualité». Cette année, on s’attendait à ce que les vignerons de la région récoltent plus de 4 millions de quintaux pour alimenter le marché national à presque 50%. Ces vignerons ne cachaient plus leur ambition de dépasser, dans 3 ou 4 ans, les 5 millions de quintaux comme vendanges et d’exporter. Malheureusement, cette campagne sera l’année de disette en ce qui concerne le raisin. Les pertes financières seront lourdes.

- 50 à 80% de pertes

Nous avons fait le tour de la wilaya pour questionner plusieurs fellahs sur ce que le président de la Chambre d’agriculture de Boumerdès, Sadek Boumediéne, qualifie de calamité.

«C’est une véritable catastrophe. C’est la région ouest de la wilaya de Boumerdès qui a subi plus de pertes. En effet, on a relevé à l’aéroport d’Alger limitrophe de la région ouest de Boumerdès plus de 50°C.»

«Dans la région de Baghlia, Sidi-Daoud, Laâziv, les pertes se situent entre 50 et 80%. Personnellement, je pense que j’ai perdu 70% de la récolte», nous a dit Ladada, fellah à Baghlia.

De son côté, Dahmane Flici, vigneron à Corso qui est le premier utilisateur des eaux épurées dans l’agriculture, la culture du raisin irrigué notamment, nous a affirmé que le vignoble irrigué subit des pertes sur la qualité et le vignoble qui n’est pas irrigué subit des pertes sur les quantités et la qualité. Et d’ajouter: «Ce n’est pas la chaleur naturelle qui cause ces pertes mais le vent chaud qui grille les grappes.»

Et le rôle des assurances pour faire face à ce sinistre?

À notre question, un fellah explose: «Les assurances ne font rien. Elles se contentent d’amasser des milliards de cotisations. Lorsqu’un sinistre survient, elles cherchent toujours des subterfuges pour ne rien rembourser.»

Nous avons tenté de joindre le directeur régional de la CRMA de Boudouaou sur son téléphone. Sans résultat. Mais avec Bouisri, le directeur des services agricoles de Boumerdès (DSA), nous avions insisté pour avoir son éclairage sur le plus grand problème que subissent de nombreux fellahs de la région dont il a la charge. Ce directeur a refusé de répondre à nos questions afin d’éclairer l’opinion publique et de rassurer les fellahs.

Manque-t-il d’arguments pour le faire?


Abachi L.


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