La saison oléicole au niveau de la wilaya de Bouira promet une production assez conséquente pour cette campagne après une année précédente des plus chétives, qui n’a pas dépassé les deux millions de litres, alors que dans les années précédentes, celle-ci oscillait autour des 7-8 millions de litres d’huile d’olive. Aussi, et c’est parce que cette saison oléicole est jugée prometteuse en termes de production, le Conseil interprofessionnel de la filiale oléicole de la wilaya de Bouira tire la sonnette d’alarme afin que les responsables à l’échelle locale et nationale, prennent en charge les problèmes dans lesquels pataugent les oléiculteurs.
Ainsi, le Conseil interprofessionnel de la filiale oléicole de la wilaya de Bouira vient de lancer un ultime appel aux autorités concernées, à travers une plateforme de plusieurs points.
En premier lieu, les oléiculteurs de la région de M’Chedallah soulèvent le problème du périmètre irrigué qui abrite les meilleures oliveraies de la wilaya. Des oliviers séculaires qui ont toujours été irrigués et dont la variété existante dans cette région, «la surfine», ou «Achemlal» offre la meilleure qualité d’huile à l’échelle mondiale, d’où d’ailleurs les différentes médailles et autres distinctions arrachées par les oléiculteurs de la région dans les foires nationales et internationales ces dernières années.
Les responsables du Conseil soulèvent le problème d’irrigation de ce périmètre qui s'étend sur 1.300 hectares, dont les travaux d’installation de la canalisation qui devait irriguer le périmètre et qui a été réalisée en interconnexion avec le barrage de Tichy Haf de Béjaïa, ne sont pas achevés et traînent toujours, malgré les multiples correspondances envoyées aux responsables depuis plusieurs années déjà et les promesses qui ont été faites pour que l’entreprise réalisatrice termine les travaux.
Parallèlement à ce problème, les agriculteurs de la région détenteurs de superficies importantes d’oliveraies, et activant sous forme individuelle en EAI (exploitation agricole individuelle) mais d’une manière tacite tant les décrets de création de ces exploitations, sous forme d’EAC (exploitation agricole collective) depuis les années 1980, n’ont jamais été modifiés.
Ces exploitants, qui activent sous forme individuelle, ont maintes fois sollicité des autorisations de forage, mais à chaque fois, leurs demandes sont, soit rejetées en arguant que le périmètre est situé sur une nappe phréatique qui devait être protégée, soit conditionnées par des signatures de tous les membres de l’EAC. Or, selon ces agriculteurs qui ont toujours travaillé d’une manière individuelle au sein de ces EAC, essayer d’obtenir des signatures de tous les membres de l’EAC pour une autorisation de forage, relève de l’impossible.
Dans leur plateforme de revendications, les membres du Conseil évoquent même un deux poids-deux mesures des responsables, qui auraient octroyé une autorisation à l’un des agriculteurs, sans que celui-ci ait présenté une quelconque signature de ces partenaires au niveau de son EAC. Et ceux-ci d'expliquer cette attitude par du mépris envers les agriculteurs de la région.
L’autre problème soulevé dans cette plateforme par les agriculteurs est celui du transfert de la concession à leurs enfants. Selon eux, la modification de la loi 03-10 qui leur permettait ce transfert de concession aux enfants d’une manière gratuite, et pour une durée de 99 ans, a été modifiée en 2018 et depuis, la durée de concession est réduite à 40 ans, et son transfert est désormais payant, puisque les services des Domaines invitent les agriculteurs désireux de transférer leur concession à leurs enfants de s’acquitter de certaines sommes qui dépassent, selon eux, tout entendement, atteignant, parfois, un milliard de centimes.
Cette décision, selon les professionnels de l'agriculture, favorise les spéculateurs, c’est-à-dire les hommes d’affaires qui peuvent utiliser de l’argent dans la spéculation foncière au détriment du véritable agriculteur qui aura sacrifié sa vie au service de son pays dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire, et qui se voit interdit de léguer le fruit de son labeur à sa progéniture.
Enfin, l’autre problème qui revient chaque année est le prix de l’huile d’olive. Selon ces oléiculteurs, si les prix s’envolent chaque année en voyant l'huile d’olive proposée à des prix hors de portée du citoyen moyen, soit entre 600 et 800, voire 850 dinars le litre, c’est parce que l’huile d’olive est sujette chaque année à des spéculations. Et cela est dû au laxisme des pouvoirs publics qui laissent faire et agir des intermédiaires qui n’ont rien à voir avec l’agriculture, mais qui vendent au su et au vu de tout le monde de l’huile qui est souvent d'une qualité douteuse, au bord des routes nationales et même de l’autoroute, sans que personne leur réclame un registre de commerce ou tout au moins, une carte d’agriculteur et dans le cas présent, une carte avec le code qui prouve que le vendeur est un oléiculteur. Des intermédiaires et des spéculateurs que l’État est en train de combattre dans plusieurs domaines, mais cette lutte doit s'élargir au secteur de l’oléiculture, tant pour la vente anarchique de l’huile que de l’olive.
Par cet appel fait par voie de presse, les membres du Conseil interprofessionnel de la filiale oléicole de la wilaya de Bouira, espèrent voir les autorités de la wilaya et même nationales, réagir au plus vite pour sauver cette filière d’une mort certaine, surtout que, comme ils l’ont rappelé dès le début, l'olivier qui était jusque-là considéré comme un arbre rustique qui résiste aux chaleurs d’été mais avec un apport conséquent d’eau de pluie pendant des hivers prolongés d’antan, ne l’est plus aujourd'hui, avec ces changements climatiques et ces sécheresses prolongées. Des sécheresses qui rendent plus que nécessaire l’irrigation de l’olivier comme cela se fait au niveau de la vallée du Sahel, et particulièrement le périmètre irrigué de M'Chedallah — un périmètre irrigué depuis les années 1930 et le canal d'irrigation réalisé depuis la source «Aïnsar Averkane» en haute montagne, sur plusieurs kilomètres pour irriguer les oliveraies de la vallée de M'Chedallah appartenant toutes à l'époque, aux colons français, avant sa disparition dans les années 1980 —.
Une région qui a hissé le drapeau algérien dans plusieurs foires internationales, surtout ces dernières années où les oléiculteurs sont des professionnels instruits qui maîtrisent les itinéraires techniques avec l’introduction des nouvelles technologies dans cette filière qui se débarrasse progressivement des méthodes archaïques qui l’ont longtemps laissée à la traîne par rapport à nos voisins de l’Est et de l’Ouest, et même au niveau du pourtour méditerranéen.
Leur cri sera-t-il entendu?
Yazid Yahiaoui
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Posté Le : 21/10/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Yazid Yahiaoui
Source : lesoirdalgerie.com du mercredi 20 octobre 2021