En plus d’être une menace pour la santé publique, les décharges sauvages sont en passe de devenir une véritable catastrophe écologique, notamment celles sur le lit des oueds.
La problématique des décharges sauvages se pose toujours avec acuité dans la wilaya de Béjaïa. Un tour aux quatre coins de la wilaya confirme en effet que les collectivités locales, indépendamment des budgets dont elles disposent, peinent à s’en débarrasser. C’est pour cette raison que les associations sociales et écologiques, comme c’est le cas dans la région du Sahel, à l’est de Béjaïa, préfèrent commencer par la sensibilisation des plus jeunes au niveau des écoles mais aussi des aires de loisirs et de détente, fréquentées par les familles en quête de repos et d’air frais.
Le hic, explique Khaled Fodil, le président de l’association Oxy-Jeunes de Darguina, les “décharges sauvages sont aussi publiques”.
Et la plus dangereuse est celle située à l’embouchure de l’oued Aguerioune, dans la daïra de Souk El-Tenine. Et pour cause: elle reçoit quotidiennement des tonnes de déchets ménagers de sept communes dont celles de Souk El-Tenine, de Melbou et d’Aït Smaïl, pour ne citer que les plus importantes. C’est donc une menace sérieuse qui pèse sur les habitants de la dizaine de villages environnants.
Et paradoxalement, poursuit-il, la question environnementale reste à la marge alors que les communes sont devenues invivables en raison des fumées qui se dégagent de la décharge publique de l’oued Aguerioune. En plus d’être une menace pour la santé publique, la décharge est en passe de devenir une “véritable catastrophe écologique”.
Et pour cause: elle est érigée à ciel ouvert sur le lit de la rivière, tout près de l'embouchure de l'oued Aguerioune, connu pour sa faune et sa flore dans la région est de Béjaïa.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, plusieurs décharges sauvages sont venues s’ajouter à celle existant tout le long de l'oued Aguerioune dans les communes de Kherrata, de Taskrioute et de Darguina. Et quand il y a des crues, les déchets sont charriés jusqu’à la mer. Puis avec les courants, ils sont rejetés sur les plages.
Dans la commune de Kherrata, devant l’absence de site susceptible de recevoir la décharge publique, elle a été improvisée en 2009 dans les gorges de Kherrata, a déploré Saïd, enseignant de français. Des défenseurs de l’environnement n’ont cessé depuis de tirer la sonnette d’alarme quant à la détérioration de l’environnement dans cette zone, confirme Khaled Fodil.
Plus encore, ils ont prédit que les répercussions sur la flore et la faune de cet endroit seraient catastrophiques. Un endroit pourtant considéré comme une zone historique, archéologique, touristique et une réserve naturelle, car le singe magot en a fait sa demeure, a enchaîné le président de l’association Oxy-Jeunes.
La solution préconisée est de faire dans la sensibilisation des plus jeunes depuis l’école mais aussi en allant à leur rencontre au niveau des aires de loisirs et de détente. Pour lui, les responsables des collectivités locales ne semblent pas mesurer le danger: un désastre écologique.
“Nous préférons tabler sur les enfants en les initiant au tri des déchets ménagers. C’est le premier pas. Quant à ceux qui plaident pour la fermeture de la décharge publique, qu’ils sachent que ce n’est pas une solution. Dans les ordures, poursuit-il, il y a de ‘l'or qui dure’. C’est de l’économie circulaire avec ses métiers verts donc, au contraire, un créneau à investir”.
Sur la côte ouest de Béjaïa, tout au long de la RN 24 reliant Béjaïa à Tizi Ouzou via Azeffoun, depuis Branchement sur les hauteurs du chef-lieu de wilaya jusqu’à la plage d’Oued Dess dans la commune de Toudja, les accotements et les chaussées sont assaillis de détritus et de déchets en tous genres. Ils sont devenus le réceptacle de bouteilles en plastique, de cannettes et de bouteilles de bière vides.
Avec le pressing continu exercé par une association sociale et écologique de Tirdem et d’Oued Dess, l’exécutif communal a fini par mettre à la disposition de la population locale des engins et des camions. Celle-ci a ensuite procédé au ramassage des ordures ménagères jetées sur la chaussée, a confirmé Smaïl, qui s’y rend tous les week-ends.
Mohamed, un autre habitué des lieux, explique, quant à lui, que depuis les limites territoriales avec la commune de Béjaïa, Saket plus précisément jusqu’à Tighremt et Tighzert, les chaussées sont pleines de détritus.
“Personne n’a bougé le petit doigt, dénonce-t-il, pour éradiquer cette décharge sauvage. Et ce n’est certainement pas l’APC dont les responsables se cachent derrière le manque de moyens”.
Une commune qui vit de la subvention d’équilibre.
“Pourtant, s’ils avaient dégagé ne serait-ce qu’une petite équipe et un camion, ils auraient déjà fait plusieurs kilomètres”, a regretté Mohamed.
Photo: L’incinération des déchets ménagers est jugée en partie responsable de la détérioration de l’environnement. © D.R
M. OUYOUGOUTE
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Posté Le : 18/10/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : M. OUYOUGOUTE
Source : liberte-algerie.com du dimanche 17 octobre 2021