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Algérie - Architectes, urbanistes, sociologues et économistes unanimes: Une ville mal pensée consacre et maintient le sous-développement



Algérie - Architectes, urbanistes, sociologues et économistes unanimes:  Une ville mal pensée consacre et maintient le sous-développement




Le bilan des Objectifs du Millénaire pour le développement 15 ans après: réduction de la pauvreté et/ou montée des inégalités?», c’est autour de ce thème que devraient être réunis des universitaires-chercheurs, issus des deux rives de la Méditerranée, dans le cadre des XXXIes Journées sur le développement de l’Association Tiers-Monde (ATM).

A ce regroupement scientifique, prévu du 3 au 6 juin 2015, à l’Université de Rouen (France), devrait y prendre part le professeur Nadji Khaoua. Ce maître de recherche de la faculté des sciences économiques de Annaba entend y expliquer à ses collègues d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord comment la littoralisation des populations et des activités économiques dans notre pays a figé toutes possibilités objectives de réaliser des avancées à la mesure des attentes et des possibilités mobilisables. Son analyse, il l’étayera par plus d’un indicateur sur le rapport d’extension des villes, celles littorales en particulier, et la croissance économique.

Et le plus significatif est le PIB qui n’arrive pas à tirer profit de l’expansion fulgurante de l’espace urbain dans nos cités.

«Depuis des décennies, en Europe et chez nos voisins les plus proches, la croissance urbaine et l’extension des villes ont de tout temps impliqué une croissance du PIB par habitant. Car l’histoire aura retenu qu’après l’agriculture et l’industrie, c’est la ville qui s’est révélée le cœur de l’économie», s’accordent à dire le sociologue Abderrezak Djilali et l’économiste Nadji Khaoua, professeurs-chercheurs à l’Université de Annaba.

Qu’en est-il chez nous ?

Le pôle urbain de Annaba se présente comme l’un des meilleurs modèles à même d’illustrer l’impact, plus qu’insignifiant, de son attractivité éco-sociale sur la croissance économique. Le grand Annaba comptait 520.000 habitants en 2006, pour passer actuellement à 700.000 habitants.

Ce bond de 34% s’explique, selon le Pr Nadji Khaoua, par deux facteurs: «l’augmentation démographique d’une population jeune (70% ont moins de 35 ans), l’attractivité exercée sur les populations de l’intérieur qui s’étend jusqu’aux limites septentrionales du désert du Sahara».

Or, notera-t-il, cette attractivité est loin de se refléter dans le taux de croissance de l’économie régionale: se situant bien en deçà du taux d’augmentation des populations, estimé à plus de 7% depuis 2005, ce taux demeure figé.

A cela une raison: l’inertie des acteurs économiques et de la large prédominance des activités de commercialisation des produits importés. En revanche, les dommages environnementaux et les pertes de croissance dues aux pollutions, sous toutes ses formes, s’accroissent à des taux supérieurs à ceux de la croissance économique. Ainsi, les coûts des inefficiences environnementales pèsent environ 17,96% du PIB régional (PIBR).

Pis, «la pression en termes démographiques et d’activités économiques a généré des pertes considérables surtout en matière de santé/qualité de vie des populations et de capital naturel, les deux s’élevant respectivement à 6,84 et 6,63% du PIBR». Et la tendance est, selon nombre d’indicateurs, malheureusement à la hausse, constate le Pr Khaoua.

Pis encore, le PIBR du grand Annaba est relativement faible par rapport aux potentialités disponibles ainsi qu’au PIB du pays puisqu’il se classe au 12e rang à l’échelle des 14 régions littorales. Autant dire que «la croissance réelle atteinte, considérée dans une perspective dynamique, est franchement négative. Les atteintes à l’environnement dues au mode de croissance en cours détruisent beaucoup plus de valeurs que leur mobilisation n’en permet de créer chaque année».

Et l’universitaire d’espérer que la donne va changer pour inverser la tendance du PIBR avec la future ville Draâ Errich: «La ville, territoire où réside une population exerçant un ensemble d’activités, peut être considérée comme un système économique où des acteurs (marché), mettant en œuvre des moyens (capitaux, technologies, organisation) vient à réaliser des objectifs économiques (production de valeurs, croissance, profit)», soulignera le Pr Nadji Khaoua.

Sa vision du rapport ville/croissance économique, impératif dans toute politique de la ville, avait d’ailleurs longuement été débattue lors de la Conférence annuelle de l’Arab center of social studies (ACSS) qui s’est tenue à Beyrouth (Liban) en mars dernier.

Devant ses collègues universitaires et chercheurs des deux rives de la Méditerranée, réunis autour du thème «Inégalités et différences dans la région arabe», ce représentant de l’Algérie au Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (FEMISE), Marseille (France), avait décrypté la problématique des «Territoires et inégalités en Algérie».

Naima Benouaret



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