Amira Bouraoui est désormais porte-parole du tout nouveau mouvement citoyen Barakat. Devenue “malgré elle” l’icône qui marque le déclenchement de la colère qui s’élève dans la rue contre un 4e mandat du président Bouteflika.
Voici son portrait.
En visite au siège de Liberté, la jeune femme qui se présente à l’accueil est très réservée. N’est prête à sortir de sa carapace qu’au moment de répondre aux questions.
“Mon idéal est de retrouver mon chez moi, dans mon petit confort, en train de zapper sur les chaînes de télévision et pouvoir choisir celui à qui je donnerai ma voix”, dit-elle, presque désolée.
Il est très difficile de sortir de son anonymat et de se retrouver du jour au lendemain sous les feux des projecteurs. C’est le cas d’Amira Bouraoui, 38 ans, médecin gynécologue, mère de deux enfants, et dont les images de ses arrestations, lors des dernières manifestations qui ont eu lieu à Alger la semaine passée, ont fait l’objet d’une large médiatisation.
Via les médias lourds, les journaux et les publications, et surtout les réseaux sociaux, Amira Bouraoui est devenue la figure emblématique d’une génération, celle d’une “Algérie fatiguée de Bouteflika” et “d’un système révolu”.
La jeune femme n’a pas hésité à déclarer publiquement son mécontentement quant à la candidature du Président-sortant pour un 4e mandat, par la voie de la rue, en sortant une pancarte dans les mains, et se diriger vers la faculté de Bouzaréah le 22 février pour dire “Non”.
“Il n’y a pas que le Président qui est malade, le médecin, que je suis, trouve que la politique algérienne est vraiment malade. Je ne vois pas comment le président Bouteflika, même s'il était en bonne santé, peut bénéficier indéfiniment d’un mandat à vie, suite au viol de la Constitution. Son état de santé n'est qu'un facteur aggravant, d'autant plus que ses 15 ans de bilan ne volent pas très haut! On a assez fait l'autopsie des échecs successifs, un 4e mandat ne redonne pas de l’espoir”, a-t-elle estimé.
La femme récidive le 1er mars devant la fac centrale afin de dire “Non au 4e mandat de Bouteflika”.
La foule qui a gagné la rue n’a fait que confirmer le sentiment de colère qui marque l’opinion publique.
“Un mouvement est né de cette contestation qui n'est pas la mienne uniquement, car plusieurs voix se sont élevées contre le 4e mandat de Bouteflika, contre cette gabegie, la corruption, le chômage, un système de santé pourri, une justice malade, contre une dépendance au pétrole alors qu'on sait qu'il viendra le jour où il y en aura. Parce qu’aussi, on sait qu’on va vers un avenir incertain, alors on n'a pas besoin d'un 4e mandat”, a-t-elle insisté.
Aujourd’hui à la tête de ce mouvement citoyen qui se veut représentatif de la société civile, Amira affiche une détermination quant à la réhabilitation de celle-ci comme “un arbitre garant” du jeu démocratique dont “toutes les parties devraient jouer leur rôle dans les droits qui leur sont garantis”.
Tel est l’enjeu actuel pour le mouvement dont les membres n’hésitent pas à s’autoproclamer héritiers légitimes de la Révolution de Novembre.
Consciente de ces défis, Amira affirme croire en un possible changement pacifique.
“Barakat marquera une nouvelle ère (…) On n’a pas envie de déstabiliser notre pays. J’estime personnellement que l’Algérie a payé le prix fort et elle a besoin qu'on lui serve ce qu'elle a payé, sans avoir à verser une seule goutte de sang.”
Farida Baroudi
Lire l’entretien : Amira Bouraoui, porte parole du mouvement “Barakat” : «On n’a pas envie de déstabiliser notre pays» (Vidéo)
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Posté Le : 12/03/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: Liberté ; texte: Farida Baroudi
Source : liberte-algerie.com du mardi 11 mars 2014