Algérie

Algérie - Amar Adjili: «Je veux rencontrer la ministre de l’environnement»



Algérie - Amar Adjili: «Je veux rencontrer la ministre de l’environnement»




«J’ai calculé qu’au rythme de deux bouteilles ramassées par seconde, nous en sommes à peu près à pas loin d’un million de bouteilles collectées», maugrée Amar Adjili.

Il est visiblement fatigué par ces deux jours passés à ramasser des ordures, mais la fatigue n’atténue en rien la colère qui couve en lui.

«Je me suis rendu compte que l’Algérie est extrêmement polluée. Il faut donc des actions comme celle-là pour convaincre le gouvernement de trouver des solutions. Parce que là, des APC qui balancent des ordures dans la nature, non, ce n’est plus possible!» fulmine Amar.

«Je ne sais pas s’il y a des CET dans la région, mais là, on voit qu’il y a beaucoup de déchets dans la nature. On ne peut pas continuer comme ça. C’est inadmissible! Il faut des incinérateurs pour tous ces déchets. Il faut trouver des solutions en urgence. Il faut déjà commencer par interdire la plastique. Le plastique n’a plus rien à faire dans ce pays. Dans un parc comme celui-là, il faut qu’il y ait une police de l’environnement pour veiller à tout cela.»

Amar rêve d’une police de l’environnement nationale pour sévir contre ces pollueurs invétérés qui sont en train de transformer l’Algérie en poubelle géante, en décharge à ciel ouvert.

«Il faut des sanctions contre ceux qui polluent. J’ai remarqué que dans le parc de Yakouren, il y a un nouveau chantier avec une piste qui s’est ouverte au milieu de la forêt, ça permet à tous les véhicules, éventuellement des entrepreneurs, qui en profitent pour larguer tous leurs déchets là-bas. Notamment des gravats jetés dans les ruisseaux et les rivières. Cela veut dire que même les sources sont polluées», se désole Amar.

Amar est de ceux qui agissent. C’est en 2016 qu’il a commencé à nettoyer tout seul les plages de Tipasa où il habite.

«Au départ, je le faisais de manière anonyme, mais je me suis rendu compte que si on continuait à le faire de manière anonyme, personne n’en entendait parler.»

Amar a donc décidé de publier ses actions de nettoyage sur les réseaux sociaux et les résultats ne se sont pas fait attendre.

«Cela a permis de créer une dynamique. Il y a de plus en plus de monde, puis de plus en plus d’actions. Les gens ont commencé à se joindre aux actions et cela a permis aussi de sensibiliser autour du problème de la pollution», dit-il.

Aujourd’hui, beaucoup d’associations lui font appel pour des actions communes de nettoyage de sites naturels ou d’endroits publics.

«J’ai demandé à rencontrer la ministre de l’Environnement pour parler de la pollution industrielle, des déchets ménagers. J’ai également demandé à rencontrer la ministre de l’Education nationale. Il faudrait que la sensibilisation à la protection de l’environnement et de la nature commence dès l’école.»

Nul ne sait si les vœux de Amar Adjili seront exaucés, mais, à coup sûr, s’il y avait une centaine de personnes comme lui, nul doute que l’Algérie ne serait pas cette décharge publique qu’elle est devenue aujourd’hui.

Djamel Alilat



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