- Quel est l’impact du changement climatique sur la céréaliculture dans la wilaya de Bouira?
Les contraintes climatiques sont, surtout, les périodes de sécheresse fréquentes qui touchent la wilaya d’une saison à l’autre, que ce soit en automne, en hiver ou au printemps. La sécheresse printanière est la contrainte majeure qui affecte la production céréalière dans la wilaya ces vingt dernières années. Généralement, elle coïncide avec les deux stades phénologiques, épiaison et remplissage du grain.
Arrivant en mars, avril ou mai, elle peut provoquer une chute de rendement de 50%. L’autre contrainte climatique qui peut se manifester durant le cycle de développement des céréales est le sirocco. Ces vents chauds en provenance du Sud sont à craindre au printemps, surtout au mois d’avril, car ils provoquent l’échaudage des grains.
Quatre jours de sirocco peuvent baisser considérablement les rendements. En outre, le froid ou les gelées printanières peuvent également avoir des incidences, mais leur présence est mitigée ces derniers années; toutefois, ils peuvent causer des dégâts importants sur la fertilité de l’épi, en conséquence, le rendement en grains. Ces différents types de contraintes, sans aucun doute, sont les conséquences du changement climatique à l’échelle nationale et de la wilaya de Bouira.
- Comment peut-on y faire face?
Plusieurs facteurs se chevauchent, donc une stratégie de développement est recommandée. Celle-ci repose sur plusieurs étapes. Elle est portée, en premier lieu, sur le choix de la culture et la pratique de l’assolement-rotation adéquat pour chaque région ou le zonage régional. L’assolement-rotation est une pratique culturale très importante pour chaque exploitation agricole. Elle permet d’exploiter efficacement le sol, lutter contre les maladies et les insectes nuisibles biologiquement et diversifier les cultures afin de varier le profit.
La wilaya de Bouira dispose d’une superficie irriguée importante, mais la culture de la pomme de terre domine ces périmètres durant presque toute l’année. A vrai dire, les périmètres irrigués doivent être réservés exclusivement à la production de semences de pré-base et de base des grandes cultures (blé dur, blé tendre, pois chiche, lentille, colza), ceci afin de sécuriser la production de semences par l’irrigation d’appoint, car un hectare en irrigué produit plus de 50 quintaux de semences, deux fois plus qu’un hectare en pluvial qui donne un rendement entre 20-25 q.
Nous avons aussi le choix de l’espèce selon ses exigences climatiques et édaphiques spécifiques, à travers un zonage déterminé. Au point de vue respect de l’itinéraire technique, la wilaya de Bouira est considérée comme modèle, car plus de 50% des exploitations agricoles l’appliquent. Toutefois, il y a des lacunes qu’il faut combler afin d’améliorer davantage la situation dans ce contexte du changement climatique.
Cette simple analyse doit être accompagnée par des études approfondies, utilisant les nouvelles techniques de géo-informatique et du Système d’information géographique (SIG) ainsi que l’élaboration d’un programme d’expérimentation par commune afin de tirer des résultats fiables et exploitables qui vont servir comme base pour chaque politique de développement agricole en général et les grandes cultures en particulier.
- Quelles sont les mesures à entreprendre afin de développer la céréaliculture?
Cela passera d’abord par la levée des contraintes organisationnelles. En parallèle, il faut réaliser et vulgariser un plan cultural et une rotation propre à chaque daïra en fonction du climat et du sol. La Coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) et la Ferme de démonstration et de production de semences doivent élaborer un programme de production de semences qui assure l’autonomie de la wilaya.
Ceci pour éviter les transferts qui, généralement, sont source de mélanges. Il faut aussi investir dans le conditionnement et le stockage par la CCLS ou réduire la gamme variétale. Cela passe aussi par l’intensification des plateformes de démonstration sur l’application de l’itinéraire technique et les réglages du matériel agricole.
Relance d’un programme de recherche en collaboration entre la station de l’ITGC, l’université et l’INRAA afin d’aborder des thèmes qui inquiètent les céréaliers, à savoir l’irrigation d’appoint des céréales, les variétés résistantes aux insectes et maladies, etc. Enfin, le développement du semis direct dans le sud de la wilaya, où les terres sont vulnérables.
Photo: Ali Abdelkrim, directeur de la station de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC) de Beni Slimane (Médéa)
Propos recueillis par Omar Arbane
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/04/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Propos recueillis par Omar Arbane
Source : elwatan.com du dimanche 4 avril 2021