Algérie

Algérie - Akli Moussouni, expert agronome: Réduire ces calamités par l’exploitation économique des espaces forestiers



Algérie - Akli Moussouni, expert agronome: Réduire ces calamités par l’exploitation économique des espaces forestiers


Introduction

Le contexte de la biodiversité en kabylie se caractérise par une litière diversifiée, hétérogène et sèche, qui attise le feu, d’une part. La nature du couvert très diversifié, allant de l’olivier au chêne-liège en passant par le buisson de plusieurs essences, fait qu’il y a continuité entre les espaces «agricoles», les maquis et les massifs forestiers.

D’autre part, l’aspect très accidentel du relief, le manque de réserves d’eau à exploiter dans l’immédiat et des accès carrossables pour les véhicules de la Protection civile compliquent les actions d’intervention. De ce fait, une fois déclarés, ces incendies sont particulièrement difficiles à maîtriser.

Ce qui a engendré un processus de dégradation, visible sur certains monticules, dans bien des cas irréversibles. La succession des incendies de forêt à Tizi Ouzou et dans le reste du pays ont fait perdre au pays un patrimoine capable de s’impliquer dans la diversification de l’économie à raison de 3 milliards de dollars environ d’exportations en produits du sous-bois et des essences forestières.

En effet, l’Algérie a été auparavant parmi les 5 premiers exportateurs de liège, et au lieu d’exporter des essences forestières dont les propriétés sont très prisées, on en importe chaque année pour près de 100 millions de dollars de produits semi-naturels pour son l’industrie des cosmétiques. Pire que cela, le budget faramineux attribué chaque année pour les services forestiers par rapport aux travaux sylvicoles et les 12. 000 PPDRI engagés dans le cadre du programme du «renouveau rural» sans aucun résultat n’ont pas empêché la disparition de près de la moitié du couvert forestier arboricole national sur 23 wilayas, faisant que des zones entières du nord du pays sont gagnées par la désertification.

Par ailleurs, aucune plantation de bois péri-urbains irrigués avec les eaux usées des agglomérations n’a été envisagée pour réduire l’importation du bois de coffrage dont on dépend totalement.

Revenons aux incendies de forêt qui se sont accentués ces dernières années sur les 8 causes éventuelles de départs de feu: 7 d’entre elles sont d’origine humaine. De ce fait, nous considérons que la meilleure façon de réduire ces calamités consiste à les prévenir pour les contenir à travers la légalisation des pratiques clandestines dans l’espace de la biodiversité pour les transformer en vecteur d’alerte et d’exploitation économique et scientifique. Devant les difficultés imposantes naturelles de contenir les incendies de forêt, nous préconisons la prévention comme unique solution pour réduire les conséquences dramatiques de cette calamité.

Solutions envisageables

Dans l’impossibilité de mettre à la disposition de la Protection civile les moyens humains et matériels pour circonscrire avec efficacité les incendies de forêt, dans tous les cas de figure et dans toutes les conditions, une fois déclarés, il serait logique et d’une nécessité impérieuse de réglementer, former et redéployer la présence humaine dans la forêt autour de 2 axes particuliers, exploitation économique et technologique des espaces forestiers:

L’exploitation économique: elle s’inscrit en toute logique dans la diversification de l’économie hors hydrocarbures. Elle concerne les secteurs suivants:

- L’industrie des cosmétiques et pharmaceutiques par la récupération des huiles essentiellement que la nature leur a données (avec celles de la Corne de l’Afrique) les meilleurs propriétés sur le marché mondial, donc une valeur marchande potentielle alors que l’Algérie importe chaque année pour l’équivalent de 100 millions de dollars de produits similaires de seconde catégorie.

- L’industrie du liège, dont l’Algérie a été par le passé récent (avant les années 1980), parmi les 7 premiers exportateurs du monde. Elle a perdu totalement sa place sur le marché mondial au moment où rien qu’un bouchon extrait d’un liège de 5 ans coûte pas moins d’un euro.

L’absence de recyclage des déchets ménagers où agricoles qui fragilisent la nature pose un véritable problème de manque à gagner véritable en termes d’alimentation animale et de compost.

L’aberration réside en particulier dans l’exploitation d’un procédé d’extraction d’huile d’olive abandonné ailleurs pour avoir généré des résidus très nocifs aux ressources hydriques.

Ce sont autant d’éléments qui font qu’il y a urgence à reprendre en main la protection de la biodiversité pour le bien-être des populations et de l’économie du pays.


A. M.


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