Algérie

Algérie - Aïssa Moali*. ornithologue, consultant écologue, retraité de l’Université de Béjaïa: La création d’un Observatoire de la biodiversité pourrait aider à la sauvegarder



Algérie - Aïssa Moali*. ornithologue, consultant écologue, retraité de l’Université de Béjaïa: La création d’un Observatoire de la biodiversité pourrait aider à la sauvegarder


- Au moment où se tient le Congrès mondial de la nature de l’UICN, que peut-on dire de l’état de la biodiversité et des milieux naturels dans notre pays?

Très mauvais état. Depuis au moins 20 ans, le terme et le concept de biodiversité n’a pas vraiment progressé dans les programmes de développement et de sensibilisation. Dans les instances officielles en charge de la biodiversité, le ministère de l’Environnement et la Direction générale des Forêts, il y a du travail qui se fait sans visibilité ni lisibilité.

Pendant ce temps, les milieux naturels subissent dégradations et destructions, ce qui les fragmentent. A l’échelle des espèces, ce n’est guère mieux. Les rapports nationaux pour les Conventions internationales qui évaluent les efforts fournis pour la sauvegarde des espèces concernées présentent de longues listes d’action alors qu’en réalité, rien n’est fait pour les protéger.

- Les aires protégées sont par définition des espaces exclusivement consacrés à la conservation de la faune, de la flore et de leurs habitats. Depuis bientôt 40 ans qu’ils ont été chez nous officiellement créés et dotés de moyens, nos Parcs nationaux ont-ils pu assurer la mission pour laquelle ils ont été institués?

Les aires protégées d’Algérie, quelque soit leur statut (Parc national, Réserve naturelle, Parc culturel, Zone Humide Ramsar, etc.), représentent le socle sacré qui doit être renforcé. De nombreuses études ont été réalisées, des plans d’action, des plans de gestion et parfois même des schémas directeurs d’aménagements ont été élaborés mais force est de constater que l’exécution des actions préconisées n’a pas eu lieu. La lenteur caractérise le classement et la mise en place des outils de gestion. Ces études sont appelées à être révisées au vu des mutations socioéconomiques de la population. L’équilibre ne peut venir que d’une gestion intelligente de ces espaces en les valorisant pour le bien-être de l’humain et des innombrables espèces qui font la nature.

- Les scientifiques sont formels, les changements climatiques accentuent fortement l’érosion de la biodiversité causée par la disparition des milieux naturels et la pollution. Que peut-on envisager pour pouvoir sauver ce qui peut l’être encore?

Les changements climatiques sont un phénomène global. Notre pays et surtout sa frange méditerranéenne font partie du Spot de biodiversité. Les changements climatiques ne sont pas un événement ou une situation fatale! Tous les organismes vivants subissent les effets de ces changements en payant un prix fort (réduction de la taille des populations, émigration/immigration, bouleversements des migrations, adaptations, …).

L’être humain lui, s’est échappé du système naturel et constitue, actuellement, le plus grand danger pour la biodiversité avec ses activités et les conséquences de ces dernières. Pour sauver ce qui peut l’être, la création d’un Observatoire national pour la biodiversité servirait de cadre de synthèse de tous les efforts et il faudrait commencer par appliquer les actions préconisées dans les nombreux plans d’actions élaborés car ces derniers ont fait l’objet de réflexion très intense.



. Bio-express*

Il a contribué à l’élaboration de nombreuses études sur la biodiversité et la création d’aires protégées dans les écosystèmes de montagne, dans les zones humides et en milieu saharien.



Photo: Aïssa Moali. ornithologue, consultant écologue, retraité de l’Université de Béjaïa

Entretien par Slim Sadki


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