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Algérie - Agriculture: La truffe menacée de disparition



Algérie -  Agriculture: La truffe menacée de disparition




Trop cher pour les petites et moyennes bourses, la truffe suscite pourtant d’énormes convoitises.

Si vous empruntez, ces jours-ci, la RN 22, entre El Aricha et son intersection avec la RN 6 menant vers Naâma, vous ne manquerez pas de remarquer au loin l’étrange manège d’hommes, seuls ou en groupe, déambulant à travers les grands espaces, certains courbés mais tous le regard scrutant le sol.

Ce sont des chasseurs de terfess, un champignon à la base d’un plat de la gastronomie algérienne. C’est l’aspect le plus sympathique de cette activité. Il est cependant un autre qui est en train d’exterminer un patrimoine floristique national.

Au marché hebdomadaire de Béchar, six étals seulement proposent de la terfess blanche, la moins cotée chez les gourmets. Les prix varient entre 400 et 500 DA et, suprême concession, le vendeur permet au client de choisir une à une ses truffes.

On ne se bouscule pas pour en acheter. Trop cher pour les petites et moyennes bourses. Un vendeur explique que sa marchandise a été cueillie à 200 km de là, la partie saharienne de la wilaya voisine d’El Bayadh. Mais qui peut assurer que la marchandise n’a pas été récoltée un peu plus au sud, à Oued Namouss, là où les Français faisaient des expériences bactériologiques jusque dans les années 1970?

En effet, ceux qui savent ne consomment pas la truffe de cette région de peur des tripatouillages chimiques qui l’ont affectée.

A Oran, dans la rue des Aurès, parfois, il se vend un ou deux cageots de truffes entre 900 et 1.200 DA, certaines sont minuscules au point qu’on ne peut tirer qu’à peine 300 à 400 g d’un kilo après pelage et nettoyage. Pis, humidité oblige, elles portent la marque de moisissures, ce qui constitue un danger pour la santé.

Par contre, tout le long de la RN 6, entre Béchar et Naâma, on a meilleure qualité ces jours-ci, la truffe est à un prix relativement raisonnable, soit 700 DA pour le premier choix et autour de 250 pour le reste.

Pillage

C’est qu’actuellement, c’est sa période la plus prolifique. Durant la première qui va de décembre à janvier, le prix du kilo atteignait jusqu’à 3.000 DA. Mais que ce soit le prix actuel ou celui du début, il y a eu un renchérissement en raison d’un pillage qui s’exerce sur ce champignon saharien.

En effet, il a trouvé d’autres débouchés que le Sahara, de plus en plus d’Algériens du Nord du pays en consomment, la demande devenant supérieure à l’offre. Mais la raison qui cause le plus de tort, c’est la cueillette organisée au profit des pays du Golfe comme pour les émirs qui s’adonnent à la chasse à l’outarde.

Quelques-uns viennent à peine de quitter la Zouzfana, au nord de Béchar, après un séjour de plus de deux mois, une région giboyeuse où le terfess est apparu à profusion. Les quantités enlevées par avion cargo sont industrielles.

Cependant, là où le bât blesse, c’est le fait que l’informel se soit accaparé de ce marché. Pour l’alimenter, les cueilleurs, et ceux qui le recrutent, ne s’embarrassent pas de la régénérescence. D’une part, ils cueillent tout jusqu’à la truffe de taille non marchande et non encore mature puisque le client achète. Et même lorsqu’elle est de taille respectable, ils ne soucient pas de soustraire le bulbe collé à la truffe et le rejeter dans le sol pour assurer la reproduction pour l’année suivante.

La question se pose alors de savoir s’il existe un contrôle. A la Conservation forestière, on décline sa responsabilité parce que ses missions se limitent aux arbres et arbustes.

A celle de la protection de l’environnement, il n’y a aucun texte qui protège le terfess.

Quant à la direction du commerce, tout ce qui relève de l’informel lui échappe.

Alors, faudra-t-il attendre que la truffe du Sahara disparaisse pour crier ensuite à la catastrophe?

Mohamed Kali



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