Acteurs actifs de la vie politique et sociale en Algérie, Abderrahmane Semmar et Younès Sabeur Chérif, fondateurs du site d’information citoyenne Nessnews.com, militent pour un cyber-journalisme responsable. El Watan Week-end s’est rapproché de l’un des agitateurs de la Toile algérienne.
- Le site est la continuité de la page facebook ESA «Envoyés spéciaux algériens). Une page d’informations très «controversée» selon certains. Qu’en pensez-vous?
Controversée! C’est un qualificatif que seuls nos détracteurs emploient. Je crois que c’est à eux de répondre à cette accusation qu’ils portent contre nous. Quant à moi, je sais que lorsque mon ami et partenaire Younès Sabeur Chérif a créé cette page, il l’a fait dans le seul but d’offrir aux internautes un espace d’expression libéré des préjugés, des interdits et des tabous. Pas une fois depuis l’existence de la page, nous avons fait dans la manipulation ou le mensonge éhonté. Nous sommes de simples jeunes qui ne roulent pour aucun cercle ni pour aucun lobby. Notre objectif est de contribuer à développer le journalisme citoyen dans notre pays pour que les sans-voix aient enfin une voix.
- Comment expliquez-vous le succès de votre site?
C’est le fruit d’un travail que nous avons entamé Younès et moi depuis plus d’une année. Mais c’est aussi et surtout grâce aux efforts que fournissent des milliers de nos fans qui, chaque jour, prennent la peine de témoigner de l’actualité de leurs villes et régions pour nous transmettre leurs contributions.
- Il y a des années, vous disiez que votre objectif était de «faire connaître des jeunes actifs». Est-ce encore le cas?
Naturellement. Et c’est cela le sens de mon engagement dans le projet NessNews à travers lequel nous avons voulu offrir une tribune aux jeunes Algériens afin qu’ils puissent s’exprimer librement et proposer une alternative à la situation que vit notre pays. Nous ambitionnons d’être un acteur qui contribue à l’émergence d’une nouvelle élite.
- Economiquement, comment survivez-vous?
Le site n’est pas du tout financé. Nous l’avons créé grâce au concours et soutien de quelques-uns de nos amis et nous ne gagnons absolument rien avec notre site. Pour survivre et répondre aux besoins de ma famille, j’exerce une activité parallèle.
- Comment faites-vous pour rester indépendants?
L’attachement à nos valeurs préserve notre indépendance. Nous sommes fidèles à un idéal et notre ligne de conduite n’a jamais changé et ne changera jamais. Nous voulons contribuer à libérer la parole du citoyen algérien et à élargir au plus grand nombre notre espace d’expression libre qui permet un échange d’idées et de projets dans un respect mutuel.
- Journaliste, auteur… vous avez également butiné dans plusieurs rédactions. Comment expliquez-vous cette instabilité professionnelle?
La précarité sociale du journaliste algérien nous impose à subir une instabilité professionnelle. Les salaires des journalistes sont tellement bas qu’il faut à chaque fois chercher ailleurs pour pouvoir prendre en charge convenablement sa petite famille. La liberté d’expression est, malheureusement, un mythe dans notre pays et je n’ai pas voulu être un instrument entre les mains des clans du régime. Je suis journaliste et je suis jaloux de mon indépendance. En Algérie, cela gêne, énerve, choque et provoque la colère de certains.
- Vous qui êtes aux avant-postes de l’information de proximité, que sentez-vous venir prochainement?
Je suis sûr que le changement est inéluctable. Je suis certain aussi que la scène médiatique va être bouleversée par un ordre nouveau. Un nouveau paysage se dessine et nous, les jeunes et cyber-journalistes, le temps est venu pour nous de jouer les premiers rôles pour que la liberté d’expression prenne enfin sens dans notre pays.
Faten Hayed
hfaten@elwatan.com
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Posté Le : 13/06/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Faten Hayed hfaten@elwatan.com
Source : El Watan.com du vendredi 11 mai 2012