Algérie

Algérie - Abdelhak Lamiri prend à contre-pied le gouvernement et le patronat algériens



Algérie - Abdelhak Lamiri prend à contre-pied le gouvernement et le patronat algériens
Un discours à contre-courant de Abdelhak Lamiri (DR)L'économiste algérien Abdelhak Lamiri a appelé, jeudi, à inverser la démarche économique en vigueur pour faire de l'Algérie, à moyen terme, un pays émergent. Prenant le contre-pied du discours en vigueur, notamment celui du gouvernement et du patronat, M. Lamiri a déclaré au cours d'une émission de radio, que les questions les plus débattues depuis des années, comme celle du foncier, du financement et de la bureaucratie, sont des conséquences d'une démarche économique erronée, et non des problèmes de fond.
Pour M. Lamiri, l'Algérie a d'abord besoin répondre à des questions de fond. « On doit d'abord clarifier ce qu'on veut, fixer un cap », a-t-il dit, déplorant qu'il n'y ait « pas de vision sur le long terme ». Ensuite, l'Algérie a besoin d'un « plan Marshall de développement de la ressource humaine », qu'il considère comme « sous-qualifiée ». « La mise à niveau des ressources humaines passe avant la mise à niveau des entreprises », a ajouté M. Lamiri, qui appelle aussi à lancer un processus de modernisation de l'Etat et des institutions. Pour lui, « l'Algérie a besoin de passer d'une administration bureaucratique à une administration experte ».
S'attaquer aux causes du dysfonctionnement
A la veille de la réunion tripartite qui tient le 10 octobre, M. Lamiri tente ainsi d'inverser l'agenda proposé pour cette réunion, centré, comme d'habitude, sur certaines difficultés récurrentes de l'économie algérienne. « Les questions du financement, du foncier, des impôts, de la prédominance des importations, sont importantes, mais elles sont la conséquence d'une défaillance de la gestion, non les causes », a déclaré M. Lamiri. « Il faut aller vers les causes. Tout ceci disparaîtra de lui-même ».
Déplorant la régression de l'industrie algérienne, qui est retombée à moins de 5% du PIB après avoir atteint 20% au tournant des années 1990, M. Lamiri a également récusé une série d'idées reçues sur l'économie algérienne. Il a ainsi affirmé que le problème n'est pas dans la part des toutes petites entreprises (TPE), qui représentent 90% des entreprises algériennes. C'est une norme qu'on retrouve partout dans le monde, a-t-il dit. Par contre, le problème est dans le nombre d'entreprises, 600.00 en Algérie, alors qu'il en faudrait 1.5 millions. Dans les pays émergents, il y a cinq à six fois plus d'entreprises pour mille habitants qu'en Algérie, a-t-il dit. Le défi serait, pour lui, de créer plus d'entreprises, orientées vers l'économie du savoir, et utilisant un personnel mieux formé dans les nouvelles technologies.
Réorganiser l'Etat
Les études sur les entreprises algériennes, portant sur 120 paramètres, ont montré qu'elles ne sont compétitives que dans deux ou trois domaines. Pour le reste, elles sont toutes en position d'infériorité. Elles investissent dans le terrain au lieu de la ressource humaine et de l'outil de production, elles ont trop de stocks, les délais de création sont trop longs, la mortalité est plus importante, etc.
Comment trouver un équilibre entre les solutions urgentes et le long terme ' M. Lamiri admet qu'il « y a des solutions immédiates. Mais si on veut des solutions à long terme, il faut réorganiser l'Etat », pour que l'efficacité devienne la règle. Selon lui, l'Algérie a « les ressources qu'il faut pour devenir un pays émergent à moyen terme ».
Subvention des produits importés
Il serait également erroné de vouloir recopier certains modèles à succès, en allant vers des industries établies, comme la mécanique ou l'électronique. Pour M. Lamiri, il faut aller vers les industries du savoir, ce qui aura des répercussions sur tout le reste.Il a également critiqué l'importance accordée à la privatisation des entreprises publiques ou au partenariat interne. « L'appareil de production est petit, il faut l'accroître », plutôt que de focaliser sur les entreprises qui existent, a-t-il dit.
M. Lamiri a par ailleurs déploré l'incohérence du gouvernement, citant notamment les importations, qui ont atteint 36 milliards de dollars durant les huit premiers mois de l'année. « L'Etat décourage les importations d'une main, et les encourage de l'autre », a-t-il dit. Avec sa politique de taux de change, l'Etat favorise les importations, alors que le discours officiel affirme une volonté de promouvoir la production locale. Pour lui, le taux de change en vigueur a pour conséquence une « subvention des produits importés », comme les véhicules.


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