Algérie (A/S des incendies) - ALORS QUE LE BILAN DES DÉCÈS S’EST ÉLEVÉ À AU MOINS 69, DONT 28 MILITAIRES: La piste criminelle confirmée

Les feux ont continué hier à constituer une véritable menace dans de nombreuses wilayas. Le bilan des victimes s’est malheureusement alourdi. La simultanéité des départs de feu, leur nombre élevé mais également leur localisation plaident pour la piste criminelle. Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur mais également les conservateurs des forêts des wilayas impactées sont unanimes à pointer du doigt un acte criminel prémédité visant à mettre à feu et à sang des régions entières. À Médéa, deux individus ont été arrêtés, l’un d’entre eux est passé aux aveux. Cinq dans la région de Tichy et un autre a été arrêté à Annaba.

Nawal Imès - Alger (Le Soir) -

Au lendemain des gigantesques feux de forêt qui ont embrasé plusieurs wilayas et endeuillé tout le pays, l’urgence était encore de maîtriser des incendies toujours aussi menaçants. Si aucune piste n’est à écarter quant à l’origine des départs de feu, toutes les thèses convergent vers la piste criminelle qui semble la plus probable. Le timing choisi et le nombre des foyers d’incendie privilégient en effet cette thèse. Et pour cause, les incendies ont tous démarré au lendemain de l’annonce d’un BMS faisant état de températures caniculaires. Si les conditions climatiques exceptionnelles favorisent en effet les départs de feu, c’est leur nombre, anormalement élevé, qui fait penser à l’intervention humaine. À cela s’ajoute la nature des sites touchés qui, selon de nombreux conservateurs de forêt, ne laissaient aucune chance pour une intervention rapide et laissaient présager des dégâts énormes.

Avant même que les enquêtes ne soient diligentées, c’est cette piste qui est privilégiée par les responsables des Conservations des forêts des deux wilayas fortement impactées, à savoir Béjaïa et Tizi Ouzou.

Pour le chargé de communication de la Conservation des forêts de Béjaïa, les premiers éléments démontrent qu’«il y a certains incendies dont la cause est volontaire tandis que d'autres sont la conséquence de négligences couplées à la présence d'objets incandescents et aux conditions climatiques, chaleur excessive et vent, favorables», ajoutant que «quand cinq à six départs d'incendie sont déclarés au même moment et à des endroits bien précis, cela ne peut être que volontaire».

Pour la seule wilaya de Béjaïa, la Protection civile avait fait état d’un total de 45 départs de feu.

À Tizi Ouzou, le conservateur des forêts va dans le même sens, assurant que «le déclenchement simultané d'une trentaine de feux, dont dix importants, dans différentes communes de la wilaya le jour même où un bulletin météorologique spécial lance une alerte canicule, ne peut avoir une origine naturelle. De par notre expérience, il est impossible que l'origine de ces départs de feu soit naturelle, il s'agit d'incendies criminels».

En déplacement à Tizi Ouzou, le ministre de l’Intérieur avait fait la même lecture avant que le Premier ministre n’abonde dans ce sens en affirmant que «les premiers indices laissent penser qu'il s'agit d'incendies à caractère criminel», expliquant qu’«en dépit du fait que les conditions naturelles difficiles aient facilité la propagation des feux, les analyses préliminaires au niveau de Tizi Ouzou font ressortir que les départs de feu avaient été minutieusement choisis de façon à causer le plus de dégâts possible, d'autant que les feux ont pris dans des reliefs difficilement accessibles pour les secours».

Aïmene Benabderrahmane affirmait que «l’État sévira contre ces criminels qui seront poursuivis par la force de la loi car ils sont les ennemis de la nature et de la patrie», rappelant que «les services de sécurité avaient capturé deux criminels à Médéa dont un a reconnu être l'auteur de cet acte criminel». Même chose à Annaba où les services de la gendarmerie ont pu appréhender un suspect. Les enquêtes détermineront alors les véritables motivations des criminels et des commanditaires dont les actes ont causé de véritables drames avec un bilan qui s’est alourdi hier pour atteindre les 69 morts au niveau national, soit 41 civils et 28 militaires sans compter les nombreux blessés souffrant de brûlures et pris en charge au niveau des hôpitaux.

À cela s’ajoute le drame des centaines de familles qui se sont retrouvées, du jour au lendemain, sans abri et celles qui ne peuvent toujours pas rejoindre leurs maisons en raison de la persistance des risques. Les conditions climatiques sont malheureusement peu favorables avec la persistance de la canicule avec des températures dépassant les 44 degrés Celsius et atteignant localement les 47 degrés, selon l'Office national de la météorologie qui a émis un bulletin météorologique spécial.

N. I.