Lorsque Zouaoui Bendjellit a créé avec son épouse sa petite PME, spécialisée dans les services maritimes, il voyait grand. Il n'était pas question pour lui d'être un gagne-petit.
Après que l'Etat eut levé le monopole sur certaines activités liées au transport maritime, il a tout de suite eu le bon flair et a décidé de se lancer dans ce qu'il appelle «une aventure». Une aventure qui l'a mené bien loin. Cet ancien cadre de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) a raconté son expérience aux étudiants de l'Ecole supérieure algérienne des affaires (ESAA) venus nombreux afin de s'imprégner de la culture de l'entreprenariat. Cette rencontre entre le chef d'une entreprise au parcours exemplaire et de potentiels futurs entrepreneurs a été organisée à l'initiative de la Chambre algéro-allemande du commerce et de l'industrie. «Nous avons été le premier privé à se lancer dans cette activité en 1998», dit-il d'emblée non sans fierté.
Sa petite entreprise baptisée Algerian Maritime Services (AMS) est devenue un grand groupe composé de neuf filiales opérant dans différents domaines. La rigueur et la persévérance sont, selon lui, les clés de la réussite. «Ce n'est pas en faisant la grasse matinée qu'on va connaître le succès», s'exclame-t-il. Le professionnalisme et le sérieux, soutient-il, ont permis à AMS d'avancer dans un climat des affaires très décrié. «Chacun dans son secteur a des griefs. L'Algérie est un pays en constante mutation. C'est normal qu'il y ait des difficultés. Mais notre force réside dans notre capacité à trouver des solutions. Il y aura toujours des difficultés. Ça fait partie de la vie courante. L'Algérie est un pays novice dans le commerce. Il y a des pays qui sont dans le domaine depuis 200 ans», fera remarquer M. Bendjellit.
Pourtant, l'entreprise évolue dans un environnement où les opérateurs notamment étrangers se livrent une rude concurrence. Afin d'élargir sa gamme de services et être à jour par rapport à ses concurrents, AMS a conclu de nombreux partenariats avec des entreprises françaises, allemandes et tunisiennes. Les actions d'intelligence économique sont tout aussi importantes afin de rester dans la course et ne pas perdre des parts de marché. «Nous sommes en constante recherche et analyse de notre environnement», relève-t-il. Le choix des membres du personnel est, selon lui, tout aussi essentiel. Il avait mis un point d'honneur à ne pas recruter des amis ou des proches.
Exit le copinage
Point de copinage donc si l'on veut réussir dans le monde impitoyable des affaires. «Le choix du personnel est important. On se demande toujours si tel ou tel profil va s'intégrer dans le groupe. Chaque personne est recrutée selon sa valeur et ses compétences», affirme-t-il à ce propos. Dans le même sillage, il estime que le passage par une période d'apprentissage serait d'une grande aide pour acquérir un métier. «A mon avis, tous les gens doivent passer par un stage pratique. Il faut passer par une phase d'apprentissage du métier. Ce n'est qu'après quatre ou cinq ans qu'on peut dire qu'on est expert et qu'on a acquis un savoir-faire. Les diplômes, ça ne suffit pas», souligne-t-il.
Il regrette par ailleurs qu'il y ait un décalage entre les programmes enseignés dans les universités et le monde du travail. «Il faut revoir les programmes dans les universités pour les mettre au diapason avec le monde de l'entreprise et la réalité algérienne. Il ne faut pas hésiter à faire appel aux managers pour partager leurs expériences dans les universités. C'est eux qui feront le lien entre le business et les universités», indique-t-il. Une entreprise ne doit pas rester figée et doit être à l'affût des innovations, a-t-il signifié en outre aux étudiants de l'ESAA.
La mise à niveau n'est pas un luxe pour une entreprise qui, à travers la formation, peut toujours se hisser dans la cour des grands leaders, a-t-il laissé entendre. «La formation est essentielle et fondamentale. Il n'y a pas d'entreprenariat sans formation. Quand on a un projet, la formation est constante, car il faut toujours se mettre à jour. Et tout le monde doit être formé. Que ce soit le technicien, l'ingénieur, le comptable. L'entreprise est un tout, et nous devons tous évoluer ensemble. Sinon il y aura des cassures dans l'entreprise», explique le directeur général de AMS. D'après lui, c'est la combinaison de tous ces facteurs qui peuvent mener à la réussite d'une entreprise naissante. «Il faut toujours un leader et le travail d'équipe, c'est essentiel. Il faut partager les objectifs avec l'équipe. Sinon ça va aller dans tous les sens. Nous avons commencé à deux et maintenant on est 130», a-t-il conclu.
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Posté Le : 19/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nora Boudedja
Source : www.elwatan.com