Algérie

Alger veut « fédérer » les anciennes colonies françaises



Le président Abdelaziz Bouteflika entend créer un front composé d'anciennes colonies françaises. Le but de cette nouvelle démarche n'est pas encore clair, mais il est évident que la finalité politique est de mettre mal à l'aise, l'ancienne puissance coloniale. L'initiateur du projet ne veut pas utiliser, pour l'heure, les relais de la diplomatie traditionnelle. Il a récemment fait appel à Abdelaziz Ziari, président de l'APN, pour expliquer la proposition aux dirigeants du Vietnam. Proposition accueillie froidement par Hanoi, selon le RCD. Le parti de Saïd Sadi a délégué un de ses députés parmi la mission parlementaire qui a séjourné au Vietnam du 18 au 22 janvier 2009. « Le président de l'APN a essuyé un échec cinglant à Hanoi. Les Vietnamiens n'ont accordé aucun intérêt à la proposition algérienne. Ils ont tout simplement fait l'impasse sur cette question à chaque fois que Ziari essayait de l'introduire dans les débats », a écrit le RCD sur son site.Réponse rapide de Abdelaziz Ziari qui, à travers l'agence officielle APS, a déclaré, lors d'une rencontre du bureau de l'APN le 26 janvier, que sa visite au Vietnam a démontré « la nécessité pressante pour les deux pays de soutenir davantage les relations bilatérales », d'autant que ces relations « puisent leur force de la profonde amitié qui s'est tissée entre les deux pays dans un contexte historique marqué par la lutte commune contre le colonialisme ». Et comme pour appuyer la démarche présidentielle, le bureau de l'APN a, dans la même réunion, examiné une proposition de loi relative à l'incrimination du colonialisme en Algérie. Une loi renvoyée à ses initiateurs pour réexamen « afin que le texte soit complet dans le fond et la forme ». Il est fort probable que ce texte, appuyé par 120 députés représentant le FLN, le RND et le FNA, soit adopté par le Parlement lors de la session de printemps. C'est la première fois depuis l'Indépendance de l'Algérie qu'une loi d'un tel type est proposée. L'idée, en fait, avait germé après l'adoption par l'Assemblée nationale française en 2005 de la fameuse loi du 23 février sur les « bienfaits de la colonisation », texte amendé depuis. La première proposition faite par le FLN en 2005 avait été rejetée par la même APN sans aucune explication. A l'époque, le président Abdelaziz Bouteflika avait demandé à la France de présenter ses excuses pour crimes coloniaux. Le président Nicolas Sarkozy avait certes qualifié le système colonial d'injuste, lors de sa visite à Alger en décembre 2007, mais a déclaré refuser l'idée de la repentance. La confusion sémantique autour de « la repentance » (terme d'essence religieuse), qui n'a été nullement demandé par l'Algérie, a complètement détourné le débat sur le colonialisme.La loi en gestation sera porteuse de l'obligation à la France de reconnaître les méfaits de la présence coloniale en Algérie. Pour illustrer ces méfaits, l'armée algérienne a annoncé, mercredi 27 janvier, avoir découvert et détruit 78 357 mines datant de la période coloniale durant l'année 2009. A Paris, les réactions ne se sont pas fait attendre. Hubert Falco, secrétaire d'Etat français à la Défense et aux Anciens combattants, a annoncé la création en juin 2010 d'une fondation pour « La mémoire de la guerre d'Algérie ». « Cette fondation était prévue par la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des rapatriés », a-t-il déclaré à l''hebdomadaire L'Express. Cette fondation, qui sera présidée par Claude Bébéar, ancien PDG d'Axa, aura un fonds de départ de 7,2 millions d'euros. « La fondation ne sera pas chargée d'écrire, encore moins de réécrire l'histoire de la guerre d'Algérie. (...) L'apaisement passe par la mémoire et la vérité, non pas par le silence ou l'oubli », a expliqué Hubert Falco. Pour sa part, le président Nicolas Sarkzoy, en visite au carré musulman du cimetière de Notre-Dame de Lorette, a salué, cité par l'AFP, le courage des soldats d'Afrique « qui, lors des Guerres Mondiales, d'Algérie ou d'Indochine, ont consenti le sacrifice ultime pour la France ».Au-delà des implications politiques de ces déclarations, au commencement d'un long débat préparatoire à la présidentielle de 2012 en France, la question de la mémoire rebondit au moment où le froid entre Alger et Paris a pris une nouvelle couche avec la décision de Paris de mettre l'Algérie dans la black list des pays à risque. Pierre Joxe était ces derniers jours à Alger. Visite non annoncée officiellement. Le président de l'Association France-Algérie a été reçu par Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, sans doute pour évoquer cette question de black list. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères français, sera à Alger en mars prochain pour aborder plusieurs dossiers dont les archives et l'indemnisation des victimes civiles des essais nucléaires. « La décision du Parlement français d'indemniser les victimes des essais nucléaires français du Sahara est avant tout un acte politique », a estimé mercredi Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine. Il a quelque peu critiqué l'obligation faite aux victimes de prouver qu'ils souffrent de pathologies liées aux essais atomiques des années 1960. Un colloque international consacré à cette question aura lieu courant février 2010 à Alger. Selon lui, l'Algérie continuera à réclamer l'ensemble des archives. « La bataille continue. La revendication par l'Algérie sera constante jusqu'à son aboutissement », a annoncé Mohamed Chérif Abbas, cité par l'APS. Paris refuse de restituer « les archives de souveraineté » liées à la présence coloniale en Algérie.


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