Algérie

Alger : un regain notable de mobilisation



Les manifestants ont crié haut et fort qu'ils continueront à déjouer "la stratégie de division" du pouvoir, avant de se donner rendez-vous pour le 31e acte de contestation avec la promesse d'une mobilisation encore plus importante.Les Algériens étaient, hier, plus nombreux que la semaine dernière à manifester dans les artères de la capitale pour réitérer leurs revendications liées au départ total du système, à l'occasion du 30e vendredi de contestation qui se veut une réaction forte et pacifique aux dernières "provocations" des tenants du pouvoir. Sous un ciel gris, présageant de nouvelles précipitations, ils ont massivement réaffirmé leur fidélité au serment prêté le 22 février dernier : "Yetnahaou gaâ" (Ils doivent tous partir).
Après une longue semaine ponctuée par des rebondissements politiques ainsi que des faits d'actualité liés à la crise que traverse le pays, les manifestants ont renouvelé leur opposition quant à l'organisation de la présidentielle par les résidus du système du président déchu : "Makanch l'vote maâ el-îssabate". Malgré le "jalonnement" des fourgons de police et des gros camions bleus de part et d'autre des deux artères du parcours de la contestation, le nouveau test de mobilisation aura été une réussite totale.
Toutes les processions de hirakistes venant de la place du 1er-Mai, via la rue Hassiba-Ben Bouali, et du boulevard Amirouche, celles qui ont démarré de Bab El-Oued et de la place des Martyrs, ou encore descendant du haut de Didouche-Mourad et du Télemly ont toutes convergé vers la place Audin et le jardin Mohamed-Khemisti pour "faire tomber" le régime politique et exiger la restitution du pouvoir au peuple.
Comme chaque vendredi, le chef d'état-major en a eu pour son grade. Les citoyens ont repris des slogans ayant trait au hirak et qui restent toujours d'actualité. "Asmaâ ya El-Gaïd, dawla madania machi âaskaria" (Ecoute-nous El-Gaïd, nous exigeons un Etat civil et non militaire), ou "Echaâb yourid iskat El-Gaïd (Le peuple veut la chute de Gaïd) ou encore "Adala betilifoune,
El-Gaïd ouela feraoun" (Avec la justice du téléphone, Gaïd est devenu un pharaon). Ce nouveau vendredi intervient également au lendemain de l'arrestation du président du parti de l'Union démocratique sociale (UDS), Karim Tabbou. Ce qui a suscité la solidarité et la sympathie des hirakistes.
Ils ont brandi, pour la circonstance, des pancartes qui condamnent l'emprisonnement du patron de l'UDS. "Nous sommes tous des Karim Tabbou. Soyons tous unis contre le mal du siècle que sont El-Gaïd et ses généraux mafieux." D'autres manifestants ont paradé avec le portrait du nouveau détenu politique, Tabbou, en scandant de nouveaux slogans : "Karim Tabbou echaâb yehabou, El-Gaïd yehbas kalbou" (Karim Tabbou est le bien-aimé du peuple, El-Gaïd fera un arrêt cardiaque).
Ce slogan, qui a fait son entrée hier dans le répertoire du hirak, a été repris en ch?ur par tous les carrés de manifestants formés notamment après la prière du vendredi. L'autre fait marquant qui mérite d'être relevé est le déploiement, pour la première fois, des portraits de tous les citoyens qui croupissent encore dans les prisons depuis le déclenchement de la révolution populaire pacifique.
Les photos des détenus Boudraâ Abderrahmane, Mohand Boudjemil, Benzine Khirddine, Ghimouz Akram et bien d'autres encore étaient placardés tout le long de la mythique muraille de la Fac centrale. la première fois aussi, le nouveau ministre de la Justice, qui occupe la scène politique notamment ces derniers jours par la présentation des deux projets de loi liés à l'organisation du scrutin présidentiel devant le Parlement, n'a pas été épargné.
Des manifestants ont déployé un écriteau décriant les dernières annonces faites par le garde des Sceaux. Signalons aussi que des policiers ont tenté d'embarquer un citoyen qui faisait des "selfies" non loin de l'entrée de la Fac centrale, mais la mobilisation citoyenne et l'intervention de la moudjahida Ighil Ahriz ont été payantes.
Les manifestants n'ont pas manqué enfin de crier haut et fort qu'ils continueront inlassablement à déjouer "la stratégie de division et de fitna" mise en route par les nouveaux tenants du pouvoir, avant de se donner rendez-vous pour le 31e acte de contestation avec une mobilisation encore plus importante.

Hanafi HATTOU


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)