Algérie

Alger, Traduction, Le Coran en tamazigh



La traduction du Coran dans la langue amazighe a fait l’objet d’une rencontre qui s’est tenue hier à la Bibliothèque nationale.

«La langue amazighe a longtemps accompagné le Coran, et cela depuis quinze siècles», a déclaré Amine Zaoui, directeur de la bibliothèque, déplorant cependant que la traduction du Coran en amazighe soit survenue tardivement, en dépit des tentatives qui ont eu lieu par le passé.
De son côté, Mme Abdenabi Soraya, universitaire, a souligné l’importance de cette tentative. «Cette traduction s’inscrit dans le souci de réhabiliter et d’enrichir la langue amazighe», a-t-elle dit. Et d’ajouter : «Une culture n'est vivace que quand elle compte en son sein de nombreuses et importantes traductions. Parler de traduction du Coran, c’est revisiter ce legs que nous ont laissé nos ancêtres, et y puiser des lexiques pour en tirer et trouver d’autres ».
Selon l’oratrice, la langue amazigh comporte un vocabulaire spécifique au texte sacré, et malheureusement une partie de ce lexique s’est perdue dans le temps, alors qu' une autre s’est mélangé et fusionnée avec la langue arabe.
El Hadj Mohamed Tayeb, traducteur du Coran, a parlé des raisons qui l’ont motivé pour s’adonner à un tel travail avant d’évoquer les difficultés rencontrées lors de la traduction. «Mon seul souci, c’était de faire passer la parole de Dieu dans la langue amazighe à ceux qui ne comprennent pas et ne parlent pas l’arabe», a-t-il expliqué ; c’était donc par un souci de rapprochement.
Ensuite, il a évoqué les obstacles rencontrés au moment de la traduction : «la plus grosse difficulté, c’était de trouver un équivalent en amazigh», sachant que la langue amzighe, et cela contrairement aux autres langues, est d’abord orale, et qu’elle est restée longtemps orale. Il est à souligner que le traducteur a opté, pour la traduction du texte sacré, les lettres arabes. «L’alphabet latin ne rend pas compte d’une manière fidèle et authentique et le mot, le sens et la sensibilité poétique du Coran », a-t-il expliqué, précisant que l’alphabet arabe, lui aussi, présente les mêmes symptômes que les lettres latines, mais à un degré moindre, puisque l’arabe et le tamazight se rapprochent et se confondent.
L’intervenant a, par ailleurs, indiqué qu’il avait envisagé de recourir à l’alphabet amazigh, c’est-à-dire le tifinagh, mais il s’est rendu compte qu’il ne pouvait répondre aux exigences de la traduction.
Enfin, quant à Abderazak Drouri, universitaire et spécialiste de la traduction, il a, pour sa part, soulevé le problème qui se pose à chaque travail de traduction, à savoir que faut-il traduire : le mot ou le sens ? Et de préciser, d’autre part, qu’il faudrait mieux dire que le Coran est traduit en kabyle qu’en tamazight, puisque cette présente traduction, selon lui, ne peut être comprise par les autres communautés berbères, à l’exemple du m’zab, Car le tamazight comporte plusieurs variantes qui se distinguent les unes des autres par leur morphologie et leur sémantique. D’où la problématique de la standardisation de la langue qui se pose.




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