« Tabieta est un projet de femme, mené par des femmes, à l’attention des femmes. Pour l’instant, nous travaillons en famille avec ma nièce, ma belle-sœur et des créatrices françaises, des femmes engagées qui veulent travailler tout en contribuant au développement d’un pays. Mais d’ici peu, je compte ouvrir un atelier où le travail, des ouvrières aux créatrices, sera féminin de A à Z. » En sept mois à peine, Rachida Ziouche a réussi à faire de sa boutique une attraction à Dély Ibrahim (1).
La maison de cérémonie, spécialisée dans les robes de mariée et des tenues de soirée, compte se démarquer des boutiques déjà existantes par l’originalité de ses pièces, à mi-chemin entre la tradition et la mode européenne. « J’ai remarqué que les Algériennes avaient du mal à trouver des robes de cérémonie qui leur correspondent, précise-t-elle. Les tenues traditionnelles sont souvent très belles mais trop chargées et même les modèles les plus modernes manquent parfois de raffinement. » Les robes de mariée et de fiançailles sont par exemple inspirées des dernières collections françaises. Coupes plus épurées, cintrées ou drapées, tissus plus légers (soie sauvage, organza, dentelle, taffetas, crêpe…) et nouvelles couleurs. « La robe blanche reste une référence mais on trouve aussi beaucoup d’ivoire, du bordeaux, du bleu… », souligne-t-elle. Des caractéristiques que l’on retrouve aussi dans les robes de cortège, pour les filles de 3 à 17 ans, et dans les tenues de soirée et autres robes de cocktail. Mais la ligne la plus personnelle de Tabieta est sans doute celle des caftans. « Les caftans ont inondé le marché mais ils sont de moins en moins portés parce que trop lourds, relève Rachida. Pour rajeunir cet habit d’origine syrienne, largement développé par les Marocains, j’ai décidé de lui donner une touche algérienne. » Les clientes ont ainsi le choix entre des modèles « à la constantinoise » (évasés, brodés avec parfois un triple manche), « à la tlemcénienne » (jabador avec ou sans manches, seul ou doublé d’un caftan) ou encore « à l’occidentale » (avec un bustier, un châle ou un manteau léger et transparent, aux couleurs inattendues, du violet-mauve au vert pistache).
Souvenirs du maroc
Si elle trouve son inspiration dans l’air du temps, Rachida puise dans ses souvenirs d’enfance au Maroc les secrets de l’alchimie garantissant le succès d’un modèle. « à la maison, il y avait toujours un métier à tisser car ma mère y travaillait les fils de soie pour les ornements des caftans. Mon oncle était couturier de costumes traditionnels et ma tante brodait les fils d’or qui ornaient les babouches, des ceintures et les selles de chevaux que lui commandait le palais royal. » Devant la porte, des passantes s’extasient devant les pièces de la collection printemps-été 2006 exposées dans la vitrine : un caftan kaki « à la sétifienne » de style marocain aux broderies inspirées des bijoux de la région de Sétif tout en taffetas et en organza de soie, et une tenue de cocktail, orange mordoré, composée d’un haut annabi, d’une jupe étroite et d’un châle en fil de soie. « Tous nos produits sont des modèles uniques », assure Rachida. « Un label pour masquer des prix inabordables ? Certainement pas, se défend la gérante. Nous proposons d’ailleurs nos robes de mariée à la location, à partir de 6000 DA les 24 heures, pour permettre aux jeunes filles de se les offrir. Pour les tenues de soirée, il faut compter 5000 DA à l’achat. La gamme de jabadors commence à 25 000 DA et celle des caftans commence à 42 000 DA. Comparé aux prix pratiqués à Alger, ce n’est pas cher. Certaines boutiques affichent 120 000 DA pour le plus beau de leurs caftans contre 68 000 chez moi. Cela représente de l’argent mais une création se paie comme une œuvre d’art. » La prestation autour du vêtement est de même niveau : sur les 140 m2 de boutique, la future mariée dispose d’une étage qui lui est entièrement consacré. Les essayages ont lieu dans une spacieuse cabine à l’éclairage design. Elle peut en toute discrétion choisir sa lingerie fine, voire essayer les accessoires de son trousseau. Parmi eux : une ligne de bijoux en perles de culture dont des colliers princesse mêlant à la fois perles et cristal, dans des tons blanc, rose gris ou marron glacé.
Collection automne-hiver
« Toujours dans un souci de développer l’économie locale, j’envisage de confier la conception des sous-vêtements et des bijoux à des créatrices algériennes. Je sais qu’il existe des doigts de fée encore méconnus qui méritent qu’on leur donne une chance », confie Rachida. En attendant, la chef d’entreprise prépare une exposition-vente pour l’automne. Au programme : la présentation de la collection hiver. « On y trouvera des sarouels, très répandus en France en ce moment, du plus volumineux au plus léger, des jupes bouffantes et hauts en dentelle et des bustiers », dévoile-t-elle. Tabieta pourrait même présenter les premiers modèles de la collection mariage 2007, une ligne reprenant les costumes traditionnels de l’Algérie avec une touche résolument moderne.
(1) Route de Zouaoua, Dély Ibrahim. Du samedi au jeudi de 10h à 19h. Contact : 067 22 22 00 ou Nordine : 071 95 49 69.
Posté Le : 17/08/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Mélanie Matarese
Source : www.elwatan.com