Algérie

Alger sur le divan Culture : les autres articles



Alger sur le divan                                    Culture : les autres articles
Alger est la patiente «la plus difficile» que l'Agence nationale de psychanalyse urbaine ait eu à analyser. Le diagnostic a été posé hier soir en conférence-spectacle à Marseille*. C'est grave, docteur '
La psychanalyse urbaine, science poétique d'un nouveau genre, consiste à coucher les villes sur le divan, détecter les névroses urbaines et proposer des solutions thérapeutiques adéquates.' Après avoir «analysé» le quartier de la Belle de Mai à Marseille puis s'être attardé sur des communes voisines, l'Agence nationale de psychanalyse urbaine poursuit son investigation avec l'idée de regarder la ville depuis l'autre rive, de comprendre ce qui de Marseille se lit à partir de ses liens avec Alger et vice-versa. Suite à une résidence in situ, Laurent Petit, directeur de l'ANPU, et Charles Altorffer, concept designer de l'agence, ont présenté les résultats de leur étude en conférence-spectacle à Marseille. Une démarche entre performances artistiques et psychanalyse, à ne pas prendre au premier degré. Quoi que'
Un enfant modèle victime de maltraitance'
-Parents géologiques : la mer Méditerranée, le massif montagneux (dont je n'arrive pas à me souvenir du nom exact) et la baie d'Alger.
-Parents nourriciers : la vigne, le blé, l'olivier.
-Parents adoptifs successifs : l'Empire romain, l'Espagne, l'Empire ottoman, la France.
Diagnostic : il en ressort une personnalité craintive, méfiante, parfois agressive vis-à-vis de l'inconnu, phénomène compréhensible suite à la maltraitance subie par une entité étrangère. Syndrome de Stockholm : attraction ressentie vis-à-vis de l'agresseur. La culture des différents agresseurs, malgré la déstructuration lente et perverse de la personnalité du patient, donne accès à une vision du monde riche d'influences variées.
L'âge 2, celui de la libération-émancipation
Force de caractère, courage et opiniâtreté permettent à la ville de prendre son indépendance et d'envisager sa destinée seule. Mais elle se donne aux premiers venus : arabisation et libéralisme. Ces amants d'un soir décident de ne plus la quitter et à tour de rôle l'emmènent dans des sphères qui se révèlent être trop loin de ses aspirations. Elle en souffre, mais assume cette vie de famille qui l'oblige à se voiler la face, à consommer à outrance, quitte à en perdre son latin, ou plutôt sa langue.
La dépression
Dépossédée d'elle-même, la ville tombe dans la dépression, la poly-schizophrénie (dédoublement de personnalité nommé rurbanité) et l'automutilation. Elle grossit, se mésestime, se néglige, perd petit à petit sa beauté d'origine. Elle devient grasse et puante, se parfume et achète des accessoires de pacotille tout droit importés de Chine pour décorer un manteau rapiécé qui était jadis son habit de soirée. Elle finit par tourner le dos à sa mère et «dubaïse» son look. Elle s'isole et s'endort aussi vite que possible chaque soir. Volontairement, elle s'invente du travail lorsque les autres sont en week-end et sortent. Le reste du temps, elle s'abrutit de médocs spirituels (payés par la rente héritée du sperme noir paternel), pour ne pas avoir à côtoyer les ouvriers du reste du monde. Elle s'adonne à la drogue du moment, sniffe à longueur de journée les lignes continues d'automobile. C'est la dépression.
L'ordonnance
Un bon traitement permettra à la ville, une fois le fond de la piscine touché, de remonter à la surface respirer à nouveau le bon air de l'urbanité. La raison tient dans la formidable rage de vivre d'Alger qui lui a permis de survivre au rythme effréné des drames successifs. Traitement envisagé : mise en place d'une nouvelle guerre d'indépendance, 100% poétique avec comme objectif la libération du pétrole et le lancement du FLP, Front de libération du pétrole, pour se débarrasser une bonne fois pour toutes de ce père nourricier maléfique... Mise en place d'un espace de parole, ouvert à tous les Algériens, l'espace Noon, les Algériens doivent se reparler entre eux... Mise ne place de nouveaux comptoirs/ouverture de bars avec terrasse ouverts à tous et à toutes... Projet de Mer/mère intérieure à ressortir des histoires, afin de recomposer une famille algérienne, de réaffirmer le moi algérien, de se retourner vers l'Afrique et de se poser une couronne sur la tête pour renarcissiser tout le pays...

Par : Une coproduction Les Bancs Publics/ANPU-Le nom du titre. Avec Laurent Petit. Mise en scène : Charles Altorffer. Agent de liaison : Fabienne Quemeneur. Agent double : Julie Kretzchmar.


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