Algérie

Alger sous haute surveillance



Palais du peuple, Sacré-C?ur, Didouche-Mourad, place Audin, Grande-Poste, place des Martyrs, Bab El-Oued, des endroits emblématiques du Hirak, étaient, hier, quasi déserts, n'étaient les éléments des forces de sécurité qui faisaient tache.Hier matin, à deux jours de l'anniversaire de la deuxième année du mouvement populaire pacifique enclenché un certain 22 février 2019, c'est un dispositif impressionnant qui a été déployé dans la capitale.
Cette même capitale qui, durant plus d'une année, a abrité, tous les vendredis, des scènes incroyables racontant l'épopée d'un peuple réclamant "liberté et dignité dans le changement". Un rêve et un objectif pour lesquels les enfants de l'Algérie, autant les jeunes que leurs aînés, n'ont pas manqué de payer cher, souvent par l'emprisonnement, et parfois de leur vie.
Bien que pacifique, la contestation populaire a bien eu son lot de martyrs à commencer par Hassen Benkhedda qui a trouvé la mort, en ce jour fatidique du 1er mars 2019. Deux ans après, la colère du peuple n'est toujours pas retombée. Les craintes du pouvoir en place non plus, à en juger par ce déploiement sécuritaire surprenant.
Déambulant dans les rues d'Alger en longeant Bab-Azzoun pour arriver à hauteur du TNA, nous constatons que la file de camions de police n'en finissait pas. Au sortir de la rue Abane-Ramdane, nous continuons vers Larbi-Ben Mhidi qui, visiblement, peinait à sortir de sa torpeur.
Nous serions même tentés de dire que c'est un vendredi ordinaire, n'était, là aussi, la présence des éléments des services de sécurité postés en grand nombre sur l'avenue Pasteur et tout le long du Tunnel des facultés. Nous redescendons pour rejoindre la Grande-Poste avant de regagner le Boulevard-Khemisti et rejoindre le boulevard Amirouche.
Nous sommes saisis par les images rappelant certains vendredis bien houleux du Hirak. Sauf que là, le peuple était absent. Un groupe de jeunes rencontré sur les lieux n'a pas manqué d'ironiser : "Le corona est passé par-là jusqu'à nous faire cesser de marcher, mais ce n'est qu'une trêve...".
Nous décidons de rebrousser chemin et de faire un tour du côté de Hassiba-Ben Bouali pour arriver aux abords de Belouizdad avant d'achever notre périple avec un retour au c?ur d'Alger et nous poster face la mosquée Errahma située en contrebas de la rue Didouche-Mourad. 13h20, on remarque un mouvement de fourgons de police positionnés de façon à contrôler les accès à la mosquée.
Les policiers, munis de matraques et de boucliers, se déploient à leur tour et attendent de voir la tournure que prendront les événements. Mais il ne se passe rien.
Les Algérois, après avoir accompli la prière du vendredi, sont rentrés calmement chez eux. "Il n'y a pas de marche aujourd'hui même si c'est un vendredi, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas", avons-nous entendu dire des jeunes qui discutaient entre eux en s'éloignant d'un pas rapide.
Et si la plupart ont préféré s'abstenir de tout commentaire, malgré nos questions insistantes, une voix s'est élevée pour crier son ras- ras-le-bol. Hakim,18 ans, nous a confié : "Si, jusque-là, nous avons été sages, c'est parce que la pandémie nous imposait la retenue, mais cela ne signifie pas la fin de notre combat.
Le Hirak reprendra tôt ou tard et personne ne l'arrêtera quelles que soient les souffrances qu'on nous fera subir. Et si le pouvoir en place qui continue à se voiler la face n'est pas capable de comprendre cette réalité, c'est qu'il s'est condamné lui-même à disparaître. Nous sommes arrivés aujourd'hui à un point de non-retour. Celui qui n'a plus rien à perdre
va jusqu'au bout de sa détermination."

Nabila SAIDOUN


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