Alger, Soirée ESSAR à El Mougar, Aux sons du karkabou

Kenadssa, gisement culturel inépuisable, a délégué un autre de ses ambassadeurs à Alger pour perpétuer la tradition qui semble s’ancrer au sein de la capitale.

En effet, dans le cadre du programme mis au point par l’Office national pour la culture et l’information (onci), la troupe Esser de Kenadssa s’est produite sur la scène de la salle El Mougar, relookée pour les soirées de Ramadhan. D’emblée, la troupe affiche ses particularités surtout du point de vue instrumental sans pour autant mettre de côté son formidable jeu de scène. Les sept membres du groupe jouent du bendir, karkabou et tamtam, soit des instruments « conventionnels » pour le style. Mais à la place du goumbri, instrument traditionnel d’accompagnement et de basse, ils adapteront un mandole pour la basse et un autre relié aux multi-effets pour l’accompagnement. Une nouveauté pour le public qui a énormément apprécié, mais il est utile de rappeler que cette technique a déjà été utilisée en d’autres endroits par cette même troupe qui a commencé à fréquenter les scènes publiques en 1983. Depuis, le travail de recherche n’a eu de cesse et l’objectif demeure de travailler en permanence avec les nouvelles techniques sonores tout en les adaptant à une musique qui a fait ses preuves et qui a connu beaucoup de succès dans les années précédentes comme ce fut le cas en 1987, 1994 et 1997. La musique, que propose la troupe Esser, demeure toujours d’actualité, car elle est puisée dans l’authenticité de la région. Donc, elle fait partie du terroir et du diwan du Sud-Ouest algérien mais aussi du style hassanya et chellali plus proche de la Mauritanie. La troupe a donc gratifié l’assistance de titres incontournables venus tout droit de Béchar tels que Ziara et la désormais culte Ben Bouziane, dont le compositeur serait un ancien membre du groupe. Aussi l’ensemble Esser interprétera des titres, dont ils sont les auteurs et/ou compositeurs, tels que Sidi Bellahmer reprise maintes fois à Béchar. On retrouve aussi dans leurs magnifiques interprétations une assez forte influence marocaine, vu que le chanteur du groupe déclame ses poèmes avant de commencer la chanson à la façon de Nass El Ghiwane. Le ghiwane, un style que le chanteur affectionne beaucoup, puisque habitué à susciter de vive réaction lors de ses déclamations. Le dernier passage dans la capitale de la troupe Esser remonte à mars dernier et les retrouvailles furent fortement appréciées par un public algérois que les membres du groupe qualifieront de « connaisseur et assoiffé de découverte ». Il faut noter tout de même que le public n’a, malheureusement, pas répondu en masse à l’appel du karkabou, mais il est certain qu’il aura l’occasion de se rattraper puisque le groupe animera deux autres soirées prévues à Alger et une troisième à Boumerdès.