Algérie

Alger, Sidi fredj. Soirées et sorties nocturnes à El Riadh, Evasion musicale au Jardin des 24 carrés



La saison estivale est propice au repos et à l’évasion. Sur la côte ouest d’Alger, l’hôtel El Riadh de Sidi Fredj a planté le décor dès les premières chaleurs. En dépit d’une fréquentation moyenne au mois de juillet par rapport aux précédentes saisons, les vacanciers, constitués de familles, ont choisi ce site pour couper avec le rythme stressant de la vie quotidienne.

Sur la plage, les parasols et les ombrelles ont été installés un peu partout. Si l’accès est gratuit, selon la réglementation en vigueur, les prestations sont payantes. Les surveillants de baignade et les agents de la Protection civile veillent au grain. Des jeunes profitent pour nager et bronzer. D’autres préfèrent par contre la piscine, essentiellement les enfants qui sont surveillés par leurs parents. Elle est fermée chaque vendredi pour entretien. Pour attirer le maximum de clients et égayer ainsi leur séjour, la direction a misé sur l’animation. Outre les jeux de plages, les clowns et les concours, le Jardin des 24 carrés a abrité plusieurs concerts. Chaque jeudi, des chanteurs ont interprété des morceaux de musique sélectionnés selon le goût du public. Les plus connus sont Nourredine Alane qui s’est produit sur scène avec Hakim Salhi et la troupe Bachtarzia de Koléa qui a fait sensation jeudi dernier. Pour Nourredine Alane, qui a chanté devant un public composé en majorité d’Algériens résidant à l’étranger, il y avait de la magie dans l’air et beaucoup de nostalgie. « C’est rare de chanter en duo avec un artiste d’un autre genre musical, mais on l’a fait pour montrer que c’est non seulement possible mais riche en sonorités. Le public a apprécié beaucoup Cheriet Lariani, Ya Rayah et Alger Macha Allah. A un moment, je me suis arrêté et baissé le rythme. Il chantait à ma place. C’était formidable », a-t-il affirmé avec une pointe d’émotion. Alane a animé plusieurs concerts à l’intérieur du pays et s’est même déplacé la semaine dernière à Istanbul en Turquie pour animer une fête de baptême du jeune Anis dont les parents sont un couple mixte (le père est Turc et la mère Algérienne). « C’était sympathique ! La chanson Assimia (Algéroise) a un sens : le texte a un début et une fin, un peu comme un conte de fée. Les gens dansent sur n’importe quelle chanson. L’artiste doit avoir la belle mélodie. Je suis content de passer en scène et d’être applaudi à la fin, la preuve que l’auditoire a été réceptif », a-t-il ajouté. Hakim Salhi a permis à une partie de la jeunesse de s’extérioriser . Avec sa voix chaude et puissante, il l’a transportée dans un univers teinté de mélancolie passagère avec des chansons comme Sahraoui, Activi et Khomeïssa. Ambiance torride garantie. Il a déjà fait une escale artistique à Jijel où il a été impressionné par l’accueil que lui a réservé la population locale et les Algériens qui ont choisi Jijel pour passer leurs vacances. « Il y avait un monde fou sur l’esplanade au front de mer », témoigne-t-il. La région qui a connu les atrocités du terrorisme veut renouer avec la joie de vivre et relancer son tourisme. Hamoudi Yazid de la troupe Bachtarzia de Koléa nous a présenté le groupe musical qu’il dirige : « C’est une association qui a pour but la sauvegarde de la musique classique algérienne andalouse créée en 1992, la plupart des éléments sont issus de la troupe El Gharnatia. L’association a participé à plusieurs festivals et soirées tels que le Printemps de la musique andalouse d’Alger, du malouf de Constantine, le Festival du haouzi de Blida, les Journées musicales andalouses de Tipaza et de Cherchell. Sur la scène internationale, elle a été sollicitée en 1997 et en 1998 au Festival international d’Avignon en France et en 2000 à des soirées algériennes à Lyon ». L’orchestre du cours supérieur qui représente l’école pendant les festivités a animé la soirée à El Riadh. A ses yeux : « Cette musique nous est chère, c’est un pan de notre patrimoine et on est obligé de la préserver et de la promouvoir, c’est une musique qui commence à prendre place sur la scène nationale. A un certain moment, il y avait une certaine classe qui interprétait cette musique dans des cercles fermés, les gens pensaient que c’était une musique de bourgeois, maintenant, on voit qu’il y a une forte participation des gens. Au mois de juillet dernier, on a participé à une festivité à Koléa en animant 4 soirées, il y avait plus de 800 personnes. » Les familles ont écouté attentivement le concert au 24 Carrés. Une musique savante qui a plus de 8 siècles d’existence. Elle évoque tantôt la déception, tantôt la camaraderie et bien souvent l’amour platonique. La métaphore a une valeur d’illustration… Smaïl Salhi, directeur de l’hôtel depuis 1997, a souligné que l’animation est une composante essentielle dans l’hôtellerie moderne. « En programmant ces soirées, nous voulons passer un message : la musique algérienne est étonnamment riche et variée et ne se limite pas qu’au raï ! Chaque région, voire chaque ville, est chargée d’histoire et possède sa propre tradition musicale, métissée au fil des siècles par diverses influences. » Passionné de culture, il ne conçoit pas l’essor du tourisme sans son apport inestimable, lui qui a côtoyé de grands noms de la chanson algérienne et qui a vécu les heures de gloire du Casif qu’il fera animer par un nombre important de vedettes mondiales de la chanson (Frédéric François, Daniel Guichard, Carlos, Mayada El Hannaoui, Abdelhadi Belkhayat, Naâma de Tunis, Ballet russe, Festival international de la magie, cirque de Moscou) et ambitionne aujourd’hui de donner un plus à son établissement. Le rideau tombera bientôt sur cette saison estivale qui est pleine d’enseignements. D’un côté, la légère baisse du taux de fréquentation est un avertissement sérieux pour les professionnels du secteur qui doivent repenser leur organisation et leur approche client et d’un autre, elle a mis en évidence le rôle foncièrement économique du tourisme. Sidi Fredj est une station balnéaire belle, mais qui doit rester compétitive par rapport aux autres destinations maghrébines. Les gestionnaires des hôtels ont exprimé avec clarté leur volonté de revoir la tarification du transport aérien par les autorités et l’inclure dans l’examen du dossier de la relance touristique au niveau du gouvernement qui constitue un frein au développement de ce secteur. La cherté du billet d’avion et l’absence de formule de promotion ont découragé plus d’un à venir en Algérie. Cette constatation nous a été faite d’ailleurs par un couple de touristes français rencontré à la réception d’El Riadh et qui a trouvé que le prix de la demi-pension pour deux personnes (7300 DA TTC) est « relativement abordable ».




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