Algérie

Alger s?offre à la Ligue



Folklore à coups de pinceau Digne d?une carte postale. Des fleurs et des drapeaux jalonnent les routes et autoroutes. Le blanc a recouvert les abords de la pêcherie. Le bleu boudé par le ciel a été pris de relais par les volets et les grandes portes du port d?Alger. A la veille du sommet de la Ligue arabe, on donne encore coups de pinceau, coups de râteau et coups de balai à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une saleté. A l?aéroport, les mendiants ont disparu. « Les hommes à chariot », si prompts à proposer leur aide moyennant une dîme, n?ont plus de trace. Où sont-ils passés ? Nul ne le sait. Entre fiction et réalité La fiction relève du paranormal. Première remarque : il n?y a pas beaucoup de policiers en tenue à l?aéroport. Ils sont même peu nombreux vu l?importance du rendez-vous et du lieu dans lequel ils se trouvent. Pourtant, 10 vols sont assurés en cette seule journée de lundi. Même le nombre de personnes qui attendent à l?extérieur de l?aérogare ont des allures apprêtées. L?aéroport est propre, les pelouses offrent un tapis moelleux à des groupes folkloriques dépêchés pour l?occasion. Là, tout de suite, ils font une sieste sous les arbres dégagés des ordures. En attendant qu?on leur fasse signe de jouer et de danser pour accueillir, comme il se doit, la nouvelle délégation arabe. Des tenues traditionnelles de différents pays. Des chants traditionnels et des instruments pour ouvrir les bras aux Irakiens, Palestiniens, Mauritaniens... selon leurs us et coutumes. Il n?y a pas que les groupes folkloriques qui semblent être faux. Les civils aussi ne sont pas « vrais ». Les chaussures sont trop bien cirées ! Des policiers en civil ? Même le printemps est faux à l?aéroport Houari Boumediène. Certes, la pluviométrie de ces derniers mois a été bienfaitrice pour permettre aux fleurs d?éclore et aux plantes de recouvrer leur manteau vert. Sauf que l?aéroport fait davantage figure de serres. Ou qu?il « évolue » dans un microclimat. Que nenni ! Les fleurs aux couleurs si chatoyantes sont fausses. Du plastique. Un avant-goût de ce que l?on peut faire avec du pétrole puisque l?exemple du sachet noir ne peut plus être tiré. C?est que le sachet noir a disparu également de la circulation. Du moins de la circulation empruntée par les délégations. A El Harrach, Bachedjerrah ou autres, on trouve les sachets noirs, mais pas les fleurs. La douce fiction La route menant de l?aéroport aux hôtels ou au port d?Alger est constituée d?un tapis sans accroc. Nids-de-poule, crevasses, dos d?âne sur dos d?âne ont laissé la place à un tapis de sol goudronné qui n?a rien à envier au bitume qu?empruntait le Concorde. Les alentours du port ont fait l?objet d?une attention particulière. La couleur de la pierre a été rehaussée, les graffitis effacés à coups de rouleau de peinture blanche, les grandes portes cochères bleues sont dignes d?une ville côtière. Et pour faire plus vrai que nature, l?odeur du poisson a l?air propre. Même sort que pour les mendiants de l?aéroport, les « sans-domicile » qui avaient élu domicile sous le pont ont dû être transportés ailleurs. Vers une destination inconnue... La circulation est fluide. Vacances scolaires obligent, on a « débarrassé » les rues des chérubins turbulents. On leur a même limité leur champ de loisir : 15 containers de pétards ont été saisis au port. Odeur, bruit, couleur, Alger est aseptisée. La fiction consiste à croire que ce sera toujours comme ça. La dure réalité L?accès au port, à l?aéroport, aux hôtels est interdit aux journalistes qui ne possèdent pas de badge. Et il n?a été fourni qu?un badge par quotidien. Au compte-gouttes. On autorise un journaliste mais deux photographes. Après tant d?efforts à enjoliver le paysage, autant prendre des photos-souvenirs. Les délégations étrangères sont composées parfois de 250 individus. Pas moins de 1100 journalistes couvrent le sommet arabe, plus de 700 sont de la presse étrangère. La presse algérienne n?est pas prioritaire. Malgré la carte de presse et l?ordre de missions, instruction est donnée de ne laisser pénétrer que les reporters munis d?un badge ou faisant partie de la « liste ». La Ligue arabe est entachée de mystère. Même les murs qui l?entourent font office de remparts. Alger est aseptisée. La Ligue quadrillée. Le monde arabe peut respirer le printemps à l?odeur de poisson...


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