Alger / Plage les Sablettes Pour quelques moments de plaisir...

Illusion - «Regardez, l'eau est limpide, elle est même très bonne. Il n'y a aucun danger. De plus, il n'y a pas beaucoup de monde, ce qui nous permet de nager à notre aise».
C'est ainsi que s'extasie, un brin heureux, Boualem, jeune garçon de 17 ans, venu du quartier populaire de Belouizdad, la tête émergeant tout juste de l'eau. L'interdiction de la baignade sur cette plage polluée ne semble pas l'en empêcher, ni lui, ni tous les autres baigneurs qui s'y rendent d'ailleurs. Ils se permettent même le luxe de planter sur les quelques surfaces de sable, des parasols pour se protéger du soleil.
Ainsi, des adolescents y nagent en toute insouciance et avec enthousiasme, ignorant ou faisant mine d'ignorer «les dangers» qu'il y a à se baigner dans ces eaux polluées. «Où voulez-vous qu'on aille. Même si on le voulait on n'a pas les moyens d'aller à Sidi Fredj, par exemple, ça nous reviendrait très cher, alors que celle-ci est près de chez nous», se désole, pour sa part, Djamal, la tête tout juste sortie de l'eau.
La plage des Sablettes, qui fait face au quartier populaire d'Hussein Dey, a été interdite à la baignade pour pollution par arrêté de la wilaya d'Alger. Une disposition qui est loin d'avoir pu décourager toutes ces personnes, notamment parmi les jeunes, venant essentiellement des quartiers de Belouizdad, d'El-Harrach et de Hussein Dey et qui se rendent pourtant dans cette plage «polluée» pour s'y baigner.
Pour y accéder, ils traversent l'autoroute menant à l'aéroport d'Alger au péril de leur vie, en raison de l'absence d'une passerelle pour y accéder.
Les lieux dégagent des odeurs nauséeuses et présentent une image ocre, témoignant de la pollution des eaux, du fait de différents rejets environnants.
Pourtant, les résultats des analyses entreprises par l'Institut Pasteur d'Alger, suite aux prélèvements qui ont été réalisés sous l'autorité de l'Agence de protection et de promotion du littoral (APPL, Epic de wilaya), sont catégoriques : «L'eau de la plage, les Sablettes, est inacceptable à la baignade.» C'est d'ailleurs ce qu'a indiqué hier à l'APS le directeur de l'hydraulique de la wilaya d'Alger, Smaïl Amirouche, en marge de la journée d'étude sur l'aménagement de Oued El-Harrach, organisée par l'APW d'Alger.
Il ajoutera que les gens savent pertinemment que la baignade est interdite mais s'y baignent quand-même «C'est bien d'aller aux Sablettes, si c'est pour regarder la mer et passer l'après-midi sur un rocher, mais en aucun cas pour nager dans cette eau», a-t-il indiqué. «Les Sablettes est une plage rocheuse et il y a des problèmes d'accessibilité.
Même si on a éliminé presque tous les rejets, il y a encore un rejet entre la station de dessalement d'El-Hamma et l'embouchure de l'oued El-Harrach.
Et il subsiste également le rejet de l'oued El-Harrach et lorsque le vent est d'Est, il pousse la pollution vers les Sablettes», a-t-il encore mentionné.