Algérie

Alger-Paris : baliser l?avenir



La visite en France du ministre algérien de l?Intérieur,Yazid Zerhouni, intervient dans un contexte marqué par le risque d?attentats terroristes contre les intérêts des pays européens au Maghreb. Les menaces d?Al Qaïda sont à cet égard d?autant plus prises au sérieux en France que des ressortissants français avaient été blessés dans un attentat perpétré dans la région de Lakhdaria. Un événement qui avait suscité bien des interrogations de part et d?autre de la Méditerranée, mais avec le sentiment tout de même plus perceptible que les menaces du réseau terroriste Al Qaïda visent à déstabiliser l?Algérie en dissuadant les investisseurs d?y venir et en poussant les personnels étrangers à quitter le pays. En ciblant des Français, Al Qaïda cherche aussi à faire croire que l?Algérie ne peut pas assurer leur sécurité. Une man?uvre grossière que Paris ne peut pas prendre pour argent comptant même s?il est évident que l?irruption du réseau terroriste au Maghreb, et plus particulièrement en Algérie, incite au renforcement de la coopération en matière de lutte antiterroriste. Les responsables français n?en sont plus à la vision caricaturale d?une Algérie à feu et à sang, et en fait les progrès exceptionnels accomplis en matière de retour à la sécurité attestent que le pays maîtrise la situation et dispose d?une expertise dans ce domaine que nul ne peut contester. Mais cette condition n?est nécessaire et suffisante que si la coopération internationale contre le terrorisme est dénuée d?arrière-pensées et qu?elle se fonde sur une solidarité concrète. Car il n?y a pas que la France qui regarde aujourd?hui du côté de la région du Maghreb. Les Etats-Unis tentent aussi de prendre pied en prenant prétexte de la lutte contre le terrorisme pour implanter des bases militaires. Ces pressions dénaturent totalement le sens et les objectifs d?une coopération internationale bien comprise entre pays souverains. C?est entre la France et l?Algérie une question de liens confiants à établir pour chasser les nuages lourds de péril. Dans ce sens, la politique intérieure française, surtout sur le volet de l?émigration, peut avoir des incidences sur les relations entre les deux pays, car de nombreux Algériens résident en France et pour certains dans des conditions irrégulières. Le gouvernement français, sous l?impulsion du président Nicolas Sarkozy, est déterminé à expulser un quota de 25 000 étrangers en situation irrégulière par an. Mais entre renforcement de la coopération sécuritaire et des flux de populations entre les deux pays, c?est un panel de grandes questions que ne peut pas trancher une visite ministérielle sans doute destinée à préparer les décisions qui pourraient être prises à un plus haut niveau entre la France et l?Algérie. La visite d?Etat du président français en Algérie devrait constituer un tournant décisif dans la reconfiguration des relations entre les deux pays aussi proches géographiquement et historiquement.


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