Algérie

Alger orpheline de son père Noël


De « son époque », il déambulait dans les rues d'Alger où il y avait encore de la place pour l'ouverture d'esprit et la bonne humeur. Ceux qui prenaient les choses au sérieux, ceux qui... se prenaient au sérieux n'étaient pas très visibles. D'abord parce que leur nombre était insignifiant, ensuite parce qu'ils n'avaient pas intérêt à se manifester, ils mourraient de ridicule. « Lui », papa Noël autoproclamé mais partout adopté n'en faisait qu'à sa tête. Avec une tenue de bric et de broc en rouge et noir, il mettait une note de gaîté dans une ville qui en avait encore d'autres mais ne se gênait pas pour autant d'en redemander. Avec sa barbe grossièrement aménagée, il suscitait une complicité spontanée et quasi naturelle. Parfois, on se demandait ce que devenaient les perspicaces qui n'en se laissaient pas compter, les pince-sans-rire, les « marguine » et les rabat-joie, par miracle et par bonheur invisible-inaudible sur son passage. Pourtant, ses lieux de passage sont longs, amples et déroutants. Il peut être vu en même temps rue Didouche, à El-Biar, à Hussein-Dey et Bab-el-Oued, partout dans cette ville qui, dans une autre vie, savait apprivoiser les petits bonheurs improvisés, fait de petits riens qui font l'essentiel. De son époque, papa Noël d'Alger ne savait pas s'il était seul dans la ville. Ceux qui l'entouraient de leur regard perdu entre sympathie et bienveillance non plus ne savaient pas. Mais l'avantage avec ce personnage est qu'on n'est pas obligé de savoir. On ne doit même pas le chercher, sinon, il aurait été difficile de convaincre les enfants. À Alger, on ne célébrait pas vraiment Noël dans sa tradition mais il y avait un peu de son esprit, vivifiant, émouvant et quelque part magique. C'est que le père Noël nous venait de loin dans sa légende et son mystère, tout en étant très proche dans son festive que dans son fond culturel et sociologique. Allez savoir par quel... miracle des jeunes Algériens, d'Alger et de quelques autres grandes villes du pays se donnaient la peine de jouer au... père Noël ! Souvent, ils n'avaient pas le « profil » qu'on pouvait imaginer. Ils n'avaient pas de proximité chrétienne, ils étaient souvent de condition modeste ce qui les éloigne des milieux qui festoient pour la frime et puis, ils n'y gagnaient rien en dehors des fugaces instants de bonheur qu'ils procuraient aux autres et sans doute à eux-mêmes. Dans deux jours, le monde chrétien et au-delà célébrera Noël. C'est à ce moment que surgissaient dans nos ruelles de gais lurons qui nous émouvaient parfois, nous émerveillaient souvent, nous faisaient sourire toujours. Où té papa Noël, où té...S. L.
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