Comme chaque samedi, depuis bientôt cinq semaines, Alger avait
rendez-vous avec une «marche» pour réclamer le «changement démocratique». Et
comme à chaque samedi, le dispositif de sécurité est tout aussi impressionnant.
Et comme chaque samedi également, le nombre des «marcheurs» ne cesse de
dégringoler pour atteindre moins de 20 personnes, hier à Alger. Deux marches
étaient annoncées à Alger pour la journée du 19 mars 2011 qui coïncide avec une
date symbolique de l'histoire de l'Algérie, marquant la signature des Accords
d'Evian et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en 1962. Sous un soleil
printanier, la première marche devait «s'ébranler» de la Place du 1er Mai, à
l'appel du CNCD-partis politiques, alors que la seconde était censée démarrer
de la Grande Poste, à l'appel d'un mouvement de jeunes anonymes, lancé sur le
réseau social Facebook.
Tôt le matin, le dispositif de sécurité vous accueille tout le long du
parcours menant de Tafourah, de la Place du 1er Mai ou de la Place des Martyrs.
Toutes les issues sont parsemées de centaines d'agents anti-émeutes, avec
casques et matraques, de policiers en civil et des dizaines de véhicules et de
camions. Pour empêcher tout regroupement, les accès à des espaces, comme le
jardin/piétonnière faisant face à la Grande Poste étaient fermés par des haies
métalliques. Il est 9h, heure à laquelle était prévue la marche des «jeunes
anonymes», les dizaines de journalistes et de photographes attendent une
quelconque manifestation. Les habitués de ces couvertures médiatiques, viennent
plus tard. Contrairement à la Place 1er Mai, l'avantage de la Grande Poste
c'est qu'il est possible de s'attabler à une terrasse de café tout en observant
un éventuel mouvement de foule. Les policiers en civil traquent des yeux les
moindres «suspects». «Vous faites quoi ici ?», demandent-ils à des passants ou
des journalistes qui s'attardent sur les lieux.
A 10h30, toujours rien. «Les mamans n'ont pas dû réveiller nos petits
jeunes» ou «on attend peut-être les croissants du matin», blague-t-on pour
meubler le temps. Vers 11h, une foule de journalistes et de photographes se
regroupe sur les escaliers de la Grande Poste, autour d'un jeune venu à l'appel
lancé sur Facebook. «Je ne suis pas l'initiateur, mais je suis venu pour exprimer
ma volonté pour le changement démocratique et pacifique en Algérie», lance ce
jeune qui dit être membre du Groupe «Bezzaf». Quelques minutes plus tard, un
autre apparaît arborant une pancarte demandant la libération du militant des
droits de l'Homme de Ghardaïa, Mohamed Baba-Nadjar, accusé de meurtre. D'autres
jeunes, cinq au total, commencent à scander des slogans : «Boudiaf khella
oussaya, echabiba rahi djaya » (Boudiaf a laissé un testament, la jeunesse va
arriver).
Selon un des initiateurs, « il y a au moins 40 personnes » à cette
tentative de marche. Non loin de là, en plus de l'indifférence des passants,
attablés sur la terrasse d'un café, deux militants/dirigeants d'un parti
politique, ayant appelé à la marche de la CNCD-partis politiques, ne se mêlent
pas à la foule.
La police tente de disperser
calmement au début, avant de pousser énergiquement les quelques manifestants,
parmi eux M. Azouaou, membre de l'Association des victimes d'Octobre 1988 (AVO
88), à quitter l'esplanade de la Grande Poste vers la périphérie (Tafourah),
empêchant tout mouvement en direction de la rue Didouche Mourad. «Vous êtes
trop nombreux, diminuez, diminuez le nombre de policiers », lance une voix
provenant du talkie-walkie d'un officier de police. Scénario identique à la
Place 1er Mai, où la marche, à laquelle participaient Me Ali Yahia Abdennour et
quelques députés du RCD, a connu le même sort. Devant la très faible
mobilisation, les policiers, en très grand renfort, ont pu mettre fin à cette
6e tentative du genre depuis le 19 février dernier.
En réalité, la seule «imposante marche» observée hier à Alger, c'était la
file d'attente qui menait du guichet des retraits vers l'extérieur de la Grande
Poste. Pas moins de 50 personnes faisaient la chaîne pour encaisser leurs
chèques CCP.
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Posté Le : 20/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com